Ubershit, guetteur : le "salaire" des petites mains de la drogue à Marseille révélé officiellement par la Cour des comptes

Dans un rapport de la Cour des comptes rendu public ce dimanche soir, les "salaires" des petites mains du trafic de stupéfiants marseillais sont révélés. 300 euros par jour pour un guetteur, 1 100 euros par semaine pour un livreur. Des chiffres qui attirent les jeunes et les mineurs. Et ils gagnent plus à Marseille qu'en région parisienne.

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Dans un rapport publié ce dimanche, la Cour des comptes revient sur les différents enjeux sécuritaires de la deuxième ville de France. Marseille est la première en matière d’homicides, de cambriolages, de vols de véhicules et d’usage de stupéfiants. Le trafic de drogues est centralisé dans les quartiers nord,  trois quarts des points de deal y sont situés, et près de 70 % des homicides liés au narcotrafic y ont été perpétrés en 2022.

1 100 euros par semaine pour un livreur

Depuis trois ans, le pilonnage des points de deal est la stratégie adoptée pour lutter contre le trafic de drogues. Si le nombre de points de deal est difficile à estimer, l’Ofast estime qu’il est "passé de 161 fin 2020 à 149 en mars 2022, puis à 91 fin 2023, soit une baisse de 43 % sur l’ensemble de la période". Dans ce rapport, la Cour des comptes pointe du doigt le phénomène de la vente par livraison disponible 24h/7j, et du développement du trafic sur les réseaux sociaux. Le phénomène "ubershit".

Elle illustre avec l’exemple de la cité La Paternelle, cible prioritaire de l’action policière et lieu de multiples assassinats en 2023, qui publie des offres d’emploi, comme une entreprise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les salaires sont alléchants et en hausse. "300 € par jour pour un vendeur, 150 € pour un guetteur, 120 € pour un rabatteur", peut-on lire. Pour un livreur, la rémunération s’élève à 1 100 euros par semaine, soit plus de 4 000 euros par mois.

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"Le trafic génère jusqu'à 100 000 euros par jour en période de fête"

Des chiffres qui confirment ceux de nos sources policières et qui ne les surprennent pas du tout. "Ils écrivent la réalité du quotidien, commente Rudy Manna, le porte-parole national Alliance-police. "Les points de vente rapportent entre 5 000 et 7 000 à minimum par jour, et ça peut aller jusqu’à 100 000 euros par jour pendant les périodes de fête comme Noël, où ils vendent beaucoup plus. Pour ces gros-là, on est autour de 60 000 euros par jour", explique Rudy Manna. Il précise également que c’est à Marseille que les "guetteurs" sont les mieux payés de l’hexagone. "Entre 120/150 euros par jour, contre 80 en région parisienne", ajoute-t-il. 

Ces gamins sont payés pour crier ‘Arah’ quand ils aperçoivent la police. Ils préfèrent gagner 750 euros par semaine que d’aller à l’école.

Rudy Manna, porte parole national Alliance police

France 3 Provence Alpes

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La solution, selon lui, pour sauver ces jeunes, est de les "sortir de leur système" et de les emmener "loin" avec une interdiction de territoire, après leur avoir donné une sanction telle qu’une courte peine de prison. "C’est la seule solution qu’on puisse apporter, de les sortir de leur système, argumente le syndicaliste. C’est un business énorme." Un business qui ne connaît pas la crise. "Les prix du produit n’augmentent pas. Ils n’ont pas de problème, ni d’approvisionnement, ni de consommateurs", constate Rudy Manna. Il précise également que seulement 35 % des contraventions pour usage de stupéfiants sont payées.

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