Une pollution "qui tue" : à Marseille, les manifestants demandent l'arrêt des croisières

Une cinquantaine de manifestants étaient réunis ce samedi après-midi, près de la mairie de Marseille, à l'appel du tout jeune collectif "Stop Croisières". Ils dénoncent une pollution "qui tue" ; celle des navires de croisière qui font escale chaque jour dans le port de Marseille.

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"Les yeux qui piquent", "des maux de tête constants"... Pour Chantal Rouet, habitante de l'Estaque et représentante du collectif "Respirer tue", les nuisances sont quotidiennes. La nuit, "il faut rentrer le linge pour ne pas qu'il soit sali par la suie des bateaux". Quant au potager, "nous retrouvons nos fruits couverts de pellicules noires de dépôt…". Tout près de la forme 10 du port, qui accueille des paquebots pour des réparations, le ras-le-bol est palpable. La zone, coincée entre l'autoroute, le port et l'aéroport ; particulièrement exposée aux fumées des paquebots, concentre les mécontentements.

Mais en réalité, "tous les habitants de Marseille sont concernés", insiste Chantal Rouet. C'est le message qu'a souhaité porter le tout nouveau collectif "stop-croisières" - officialisé le 20 mai dernier - avec ce rassemblement, samedi 11 juin, près de la mairie. "Chacun se pense seul de son côté. Mais nous sommes nombreux à être concernés. Il serait temps que tout Marseille se réveille pour lutter contre ce fléau".

2.500 morts par an

Ce samedi après-midi, ils étaient une cinquantaine. Mais le message, lui, reste intact. Stop-croisières, soutenu par 24 collectifs de la région (Alternatiba, Cap au Nord, Collectif des écoles, Attac, Fédération des CIQ…), réclame ni plus ni moins que l'arrêt des escales des paquebots dans le Grand port maritime de Marseille. "C'est radical, mais il y a urgence. Nous sommes face à un problème de santé publique", insiste Chantal Rouet.

Dans la métropole, la pollution de l'air serait responsable de 2.500 morts par an "et la cause d'innombrables infections et maladies chroniques", selon le collectif. Parmi ces décès, "près de la moitié seraient imputables à l'activité du port".

En parallèle, "contrairement à ce qui est avancé par les lobbies, les croisières génèrent des retombées minimes sur l'économie locale", juge encore le collectif. Le Club de la Croisière Marseille Provence les évalue à 50 euros en moyenne par passager en transit. Un argument que conteste Chantal Rouet. "Lors des escales, qui ne durent que quelques heures, la plupart des passagers ne descendent même pas du bateau ; ils ont tout à disposition à bord".

"Nous espérons que les politiques nous écouteront"

L'inquiétude grandit à l'approche de l'été, alors que le trafic reprend, après deux ans de pandémie. Cette année, le port devrait accueillir plus de 500 escales et des milliers de passagers.

"Côté Estaque, l'été, nous avons moins de bateaux en réparation à quai", note toutefois Chantal Rouet, qui se souvient du stationnement du Wonder of the seas dans la forme 10, moteurs allumés jour et nuit, pendant plus de deux mois en début d'année. "En revanche, trois à quatre paquebots accostent chaque jour dans le port", avec leur lot de nuisances.

L'électrification simultanée de deux quais est annoncée pour 2025, par le Grand port de Marseille. Une mesure attendue mais dont l'échéance "prend du retard", dénonce Chantal Rouet.

Avec cette mobilisation, "nous espérons que les politiques nous écouteront", poursuit-elle. Le choix de la date n'était pas innocent, à la veille des législatives. "Évidemment, devant l'urgence, nous espérons qu'il y aura des mesures concrètes". Autre espoir pour ces manifestants : la création d'une zone ECA (zone de réglementation des émissions de polluants) en Méditerranée, évoquée pour 2025, et qui imposerait une réduction des émissions de soufre.

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