C'est ce qu'affirme le député RN des Bouches-du-Rhône Franck Allisio, co-signataire d'un projet de loi pour mettre un terme à l'expérimentation des salles de shoot lancée en 2016.
"La drogue, ça se combat, ça ne s'accompagne pas". La future salle de consommation à moindre risque (SCMR), communément dite salle de shoot, est dans le viseur du Rassemblement national. La députée des Bouches-du-Rhône, Gisèle Louis a déposé une proposition de loi pour interdire ces structures en France. Interrogé ce vendredi 8 décembre sur France Bleu Provence, Franck Allisio, cosignataire du texte, a expliqué son opposition au projet d'ouverture d'une SCMR dans la 4ᵉ arrondissement de la ville. Le député RN a notamment argué d'un périmètre autour de ces salles dans lequel les forces de l'ordre auraient interdiction d'intervenir.
"C'est un échec"
Près de 40 ans après la première structure ouverte en Suisse, Marseille va ouvrir un espace sécurisé et encadré pour les toxicomanes, dans le but de réduire les risques de transmission de maladies par les seringues, limiter les risques d'overdose et rétablir la tranquillité dans l'espace public. Sur le modèle des salles de shoot expérimentales ouvertes à Paris et Strasbourg depuis 2016.
❌On en a marre que #Marseille soit devenu le haut-lieu du trafic de drogue en France et le lieu d’expérimentation par la gauche des salles de shoot.
— Gisèle Lelouis (@gisele_lelouis) December 8, 2023
✅Je viens de déposer une proposition de loi pour mettre un terme à ces salles de shoot, véritables aspirateurs à dealers, avec… https://t.co/8arirT9SS3 pic.twitter.com/jGcvcNHpVZ
Pour Franck Allisio, "c'est un échec". L'élu avance notamment le problème de l'insécurité liée à la présence des toxicomanes. "Il y a un périmètre de 300 mètres autour de ces salles de shoot qui est hors du droit, affirme-t-il, dans lequel la police n'a pas le droit d'intervenir, parce que tout le monde, venant consommer, a normalement le droit d'avoir de la drogue sur lui, ce qui fait que les dealers viennent proposer de la drogue et font leur business autour des salles de shoot".
Existe-t-il un tel périmètre défini autour des salles de shoot ? Et que prévoit la politique pénale relative à l'ouverture de ces espaces ?
Une politique pénale adaptée
Dans la circulaire du 13 juillet 2016, le ministère de la Justice mentionne bien la présence policière et précise la spécificité des contrôles policiers autour des salles réglementées. "Seul le transport d'une quantité de produit correspondant à une consommation personnelle par un usager se rendant à la salle de consommation peut être admis, aux abords immédiats de la salle", est-il spécifié. Les seuils de consommation personnelle seront fixés par les parquets, indique également la circulaire.
Dans son projet de loi, Gisèle Louis affirme que le périmètre est établi en France à 300 mètres autour des salles. C'est une affirmation reprise d'une interview de Serge Lebigot, président de l'association "Parents contre la drogue" au Figaro en 2021, sur l'ouverture de nouvelles salles de shoot à Paris. En fait, la circulaire du ministère laisse aux procureurs de la République la charge de déterminer l'étendue de ce périmètre.
Le texte stipule aussi que "l’usage de stupéfiants reste totalement prohibé sur la voie publique". Concernant les trafics de stupéfiants organisés aux abords de ces salles ciblant leurs usagers, le ministère appelle à "la fermeté", "des poursuites devant être systématiquement engagées" à l'encontre des dealers.
Des agents de médiations dans le quartier
Par ailleurs, le projet de salle réglementée à Marseille prévoit que des agents de médiations vont sillonner le quartier afin d'éviter que les écoliers et les riverains soient importunés par les consommateurs. Si besoin, ces derniers seront redirigés vers l'espace sécurisé.
Un numéro vert sera également mis à disposition pour signaler tout incident ou personne en situation de détresse. "Nos médiateurs pourront être aussi sollicités par les habitants et les parents d'élèves si besoin et nous sommes en lien avec les policiers municipaux et nationaux pour des interventions rapides si besoin", a assuré Stéphane Akoka dans une interview France 3 Provence-Alpes le 17 octobre 2023. .
La France est le dixième pays au monde à avoir ouvert des salles de consommation à moindre risque, et l'on compte plus de 90 de ces structures en fonctionnement actuellement.