A Marseille, une compagnie de danse singulière a décidé de changer notre regard sur le handicap. Sous l’impulsion du talentueux chorégraphe Andrew Graham, elle accueille tout le monde, personnes valides et en situation de handicap, danseurs professionnels et amateurs… Le film "Alors, ils dansent" raconte la belle histoire de cette troupe inclusive et la création de son dernier spectacle, présenté au Festival de Marseille 2022.
Andrew Graham est chorégraphe, il danse et fait danser les autres. Il fait même danser tout le monde.
Les personnes âgées, les enfants, les amateurs, les personnes en situation de handicap, moteurs ou psychiques… Ceux que rien ne prédispose à cette pratique. Les exclus de tout bord, ceux qui se sentent rejetés à cause de leur confession religieuse ou leur orientation sexuelle, en fait toutes les personnes perçues comme "différentes" et bien souvent écartées des institutions culturelles.
Pour accueillir tout ce petit monde, Andrew a créé il y a deux ans L’autre maison, un espace de rencontre unique, en plein cœur de la Friche La Belle-de-Mai.
Compagnie inclusive, atelier de danse-thérapie, espace d’émancipation collective, "L’autre maison" c’est à la fois un peu tout ça et bien plus encore. Une autre famille où différence rime avec bienveillance, dépassement de soi et acceptation de l’autre.
J’entends plein de gens qui disent que la base de la danse, c’est la danse classique. Ça me fait sauter au plafond, non, la base de la danse c’est juste d’avoir un corps et de bouger…
Andrew Graham
Andrew pourrait en rester là et ce serait déjà beaucoup. Mais à Marseille, on aime se lancer des défis, de ceux qui vous dépassent.
Alors l’enthousiaste chorégraphe a décidé de mettre en lumière ses protégés et de monter un spectacle pour l'édition 2022 du célèbre Festival de Marseille.
Le pari est audacieux. La compagnie va proposer une relecture de "Parade", un ballet d’avant-garde imaginé en 1917 par Cocteau, Satie, Picasso et Massine.
Quatre mois pour relever le défi
Pour élaborer ce spectacle d’un genre nouveau où tout reste à inventer, 17 danseurs sont choisis : des enfants, comme Noé, Maëlle ou Inès, des personnes en situation de handicap moteur comme David, Elise ou Coralie, ou encore des danseurs de formation comme Breno ou Greta. Un bel exemple de mixité.
La troupe a 4 mois pour relever le défi et montrer au grand public que tout est possible.
L’idée d’Andrew, ce n’est pas de montrer les différences, c’est de proposer quelque chose tous ensemble.
Agnès, maman de Maëlle
C'est ce défi que retrace le film. Il fait la part belle aux séquences de répétition, jusqu’au lever de rideau final sur la scène du Festival de Marseille en juin dernier.
En parallèle, il nous emmène dans l’intimité de plusieurs personnages de la compagnie. Il y a Jérôme, trisomique, que la danse a sorti de l’exclusion et mis sous les projecteurs. Maëlle, polyhandicapée de naissance, qui ne s’arrête plus de danser, entraînant dans son sillage toute sa famille.
Il y a aussi Coralie qui doit composer avec un fauteuil, mais voudrait le quitter. Cette miraculée de la vie engage tout son corps dans cette aventure.
Cette barrière du handicap n’existe plus, on est simplement des êtres humains, des êtres à part entière, qui faisons ce qu’on peut et qui nous exprimons comme on veut.
Coralie
Et puis Greta, promise à une brillante carrière de danseuse professionnelle, mais qui a choisi de consacrer sa vie à faire danser les autres.
Et bien sûr, il y a Andrew Graham, ce chorégraphe généreux qui met ses compétences au service de tous, sans jamais sacrifier à la création.
Fil rouge du documentaire, il explique le sens de sa démarche, cette prise de conscience qui l’a conduit à envisager la danse comme un outil d’émancipation collectif. A voir au-delà des différences sans les nier.
"Chaque personne a des besoins vraiment différents et nous, on ne peut pas faire l’économie de ces besoins, je dirais même que c’est la base du travail. On imagine toutes les possibilités à partir de ces besoins" souligne-t-il. "Je crois que c’est une particularité du groupe, où tout le monde est dans du possible, c’est l’essence de ce groupe".
Avec justesse et sensibilité, le film d'Emmanuel Corre raconte cette formidable aventure collective et montre tout l’engagement, le courage et l’optimisme de ces "danseureuses" comme ils se nomment eux-mêmes. Une ode à la tolérance et une belle leçon de vie...
Alors, ils dansent
Un film de 52’ d’Emmanuel Corre.
Une coproduction France Télévisions / Docland Yard.
Diffusion jeudi 17 novembre 2022 à 22h45 sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.