Vieux-Port inondé, rues submergées... pourquoi Marseille connaît toujours le même scénario à chaque épisode de fortes pluies

Les épisodes se suivent et se ressemblent. Marseille, plongée sous des trombes d'eau, connaît inlassablement les mêmes débordements : inondations du Vieux-Port, égouts saturés, plages polluées… Principale responsable, la violence de ces épisodes diluviens que l'aménagement urbain ne permet plus d'éponger.

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Par endroits, près de 80 mm d'eau ont été relevés par Météo-France. Ce mardi 8 octobre, il est tombé l'équivalent d'un mois de précipitation en deux heures, plongeant Marseille dans un chaos devenu habituel. Vieux-Port inondé, rues submergées, voitures bloquées par des flots infranchissables... la cité phocéenne, déjà frappée par un épisode méditerranéen de la même ampleur début septembre, semble incapable d'essuyer de fortes pluies, sans connaître de dégâts. Pointée du doigt comme responsable, la violence de ces orages diluviens que l'aménagement urbain ne permet plus d'éponger. Paul Marquis, expert météorologue, rappelle qu'avec le dérèglement climatique, la donne est en train de changer.

Parce que "son ancienneté" et son relief

"Ce n'est pas que la faute de Marseille, c'est aussi la faute de la météo," explique Paul Marquis, faisant état d'épisodes orageux de plus en plus intenses. De son point de vue de spécialiste, la ville fait les frais d'une urbanisation dévorante au fil du temps, les grandes quantités de pluie s'évacuant d'autant plus difficilement que le relief vient accentuer le problème : "les pentes font dévaler l'eau qui s'accumule très vite, au même endroit, au même moment". 

Il s'agit d'un effet mécanique et structurel du ruissellement. "Dans les quartiers sud-est, on sait que l'eau va ruisseler en direction du Vieux-Port, et dans les quartiers nord ça va ruisseler en direction de la Joliette", précise l'expert météo. "Donc tout ce qui tombe sur les côtés de la ville se retrouve au centre, par la force des choses". L'urbanisation se traduisant d'une manière générale par une imperméabilisation des sols qui empêche toute absorption de l'eau et augmente en conséquence les volumes de pluie ruisselés.

Dès que la température se réchauffe d'un degré, on gagne 10% de pluie en plus donc mécaniquement, il tombe plus d'eau qu'auparavant et les réseaux d'assainissement ne sont pas faits pour l'absorber.

Paul Marquis, la Méteo du 13

France 3 Provence-Alpes

Par ailleurs, Marseille présente de nombreux "points bas", tunnels, ponts, passerelles comme celle de la Capelette, qui sont des "points de vulnérabilité, et il faudrait entreprendre d'importants des travaux" pour les rayer de la carte.

Selon Paul Marquis, "Marseille est une ville ancienne qui n'a pas pris en compte le dérèglement climatique et ses changements", ce qui l'empêche de faire face à des épisodes orageux d'une telle ampleur, lesquels seront amenés à se répéter.

Parce qu'il manque des  bassins de rétention, on le sait

L’expert pointe le manque chronique de bassins de rétention des eaux, la capacité insuffisante du système d'évacuation et des avaloirs qui sont souvent bouchés. La question des bassins de rétention revenant systématiquement sur le tapis depuis les grandes inondations de 2000 et 2008, et ce, malgré la construction d'un gigantesque bassin sous terre pour stocker les eaux de pluie, et de la mise en place de retenues collinaires, créées pour freiner la descente de l'eau.

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"Marseille est une ville ancienne, qui n'a toujours pas pris en compte le dérèglement climatique et ses conséquences." ©Magali Gérard

"On a construit notamment sur le Jarret, qui est à l’origine une rivière avant de devenir une route bétonnée", détaille Paul Marquis, "et on a également empiété sur l'Huveaune, un fleuve côtier qui déborde systématiquement en cas d'orages d'une telle intensité, il serait peut-être temps d'envisager les choses autrement."

Dès que le niveau de pluie dépasse 30 mm en 30 minutes, on sait qu'il va y avoir des problèmes, mais malgré les prévisions, on ne peut pas faire grand-chose.

Paul Marquis, expert metéorologue

France 3 Provence-Alpes

Parce qu'il faudrait raser les zones inondables

Si revoir l'ensemble du réseau d'assainissement semble illusoire, "il faudrait peut-être penser", dit-il," à déconstruire dans les zones inondables et reconstruire ailleurs", citant pour exemple le Pas-de-Calais, après les inondations de 2023 et les Alpes-Maritimes suite à la tempête Alex, où "beaucoup de maisons ont été rasées dans la vallée de la Roya. Il est indispensable de revoir les plans d'urbanisme et penser la ville autrement".

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