Depuis la rentrée de septembre 2022, 12 micros-collèges et 12 micros lycées à Marseille accueillent des anciens décrocheurs scolaires. Ce jeudi, le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye a rencontré élèves et enseignants du collège Henri Barnier dans le 15e arrondissement. Focus sur ces établissements .
Le 2 septembre 2021, le président de la République Emmanuel Macron annonçait depuis les jardins du Pharo, son plan d'aide pour la ville phocéenne, "Marseille en grand".
Parmi les nombreuses annonces, le chef de l'Etat a dévoilé des initiatives en matière d'éducation.
"Je veux que dans ces quartiers on mette en place une méthode radicalement nouvelle pour nos enfants (…) On doit inventer ici l’école du futur en réinventant la façon d’enseigner et les méthodes d’apprentissage", déclarait le président.
Il avait notamment créé la surprise en indiquant vouloir donner plus de liberté aux directeurs d'école avec la possibilité de choisir les équipes pédagogiques.
Il y avait aussi la volonté de ne pas laisser des élèves sur le bord de la route, notamment pour rediriger les décrocheurs et leur donner une nouvelle chance de suivre un parcours scolaire.
"Il nous faut tisser ce moment entre le primaire et le collège où beaucoup d'enfants décrochent. Le passage du CM2 à la sixième est terrible. C'est très dur. Il faut qu'on puisse avoir des enseignants référents qui vont accompagner les élèves et penser cette période qui va du CM1 à la cinquième".
A Marseille, il existe déjà des micro-lycées depuis plus de cinq ans en projet expérimental et les résultats sont convaincants..."80% des élèves décrocheurs dans ces établissements ont obtenu un diplôme", a évoqué Emmanuel Macron et "ont raccroché le système scolaire".
Partant de ce postulat, de nouveaux établissements ont été dotés de moyens supplémentaires. Depuis la rentrée de septembre 2022, 12 micros-collèges et 12 micros lycées accueillent ainsi des anciens décrocheurs scolaires.
- A qui sont destinés ces micro-collèges ?
Ces établissements ont pour but de tendre la main aux élèves de 3ème, décrocheurs, aux parcours scolaires chaotiques et aux réfractaires du système classique pour les ramener dans un suivi éducatif et leur permettre d'obtenir des qualifications et des diplômes.
Ce n'est pas nouveau, il y avait déjà un établissement à Marseille. "Il s'agit du collège Jacques Prévert, dans le 13e arrondissement qui a fait cette année sa 4ème rentrée", indique Véronique Bluat, inspectrice d'académie du DASEN 13 spécialisée dans les micro-collèges.
Les élèves ayant fait leur rentrée en septembre 2022 ont été approchés par leurs chefs d'établissements en fin d'année dernière qui leur ont proposé ces classes spéciales.
Tous les élèves sont volontaires ainsi que leurs familles pour suivre ce cursus individualisé et personnalisé.
- Comment s'organisent ces micro-collèges ?
Ce sont des classes spécifiques dans des établissements, situés majoritairement dans les quartiers prioritaires qui reçoivent plus de moyens financiers de l'Académie donc de l'Etat, et des subventions du plan "Marseille en Grand".
Les élèves sont moins nombreux, 15 élèves par classe maximum.
"Ils ont un professeur coordinateur référent, dédié à temps complet au suivi de ce micro-collège, en lien direct avec les élèves et le parents. Il assure le suivi entre les élèves et les autres professeurs", précise Véronique Bluat, inspectrice d'académie.
Les autres professeurs sont volontaires et sont payés en heures supplémentaire effectives (HSE).
Un bémol, selon Nicolas Voisin, co-secrétaire académique du SNUEP-FSU Aix-Marseille "les enseignements ne sont financés qu’en HSA (NDLR : heures supplémentaires année) ou HSE, il n’est pas facile de trouver des collègues disponibles pour les assurer".
Actuellement, 142 élèves sont scolarisés dans ces établissements sur les 165 places disponibles.
Un des ces 12 établissements est spécialisé dans l'accompagnement d'élèves en proie aux phobies scolaires, par exemple.
- Quelle est la mission des micro-collèges ?
Les élèves suivent un enseignement général de 24 à 26 heures par semaine. "L'idée est de les remettre sur les rails d'un parcours scolaire, avec possibilité d'obtenir le brevet des collèges mais surtout d'obtenir des qualifications nécessaires à l'orientation vers des filières choisies et voulues", détaille Véronique Bluat.
Les 24 établissements de Marseille ( micro-collèges et micro-lycées) représentent 30% des micro-structures scolaires en France, ce qui en fait vraiment une ville pilote pour ce projet. L'expérimentation marseillaise pourrait servir d'exemple pour pérenniser ces structures sur tout le territoire.