Ce mercredi 18 mai France 3 Provence-Alpes organise la rencontre entre des candidats aux législatives et des citoyens de leur circonscription. Diffusé à 23h15, il reste visible dans cet article. Retrouvez les temps forts du débat sur la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône, qui englobe les 15e et 16e arrondissements de Marseille et une partie du 14e.
Ils sont cinq candidats à la députation : Saïd Ahamada (Renaissance), député LREM sortant ; Arezki Selloum, candidat RN, Sébastien Delogu, candidat Nupes, Danièle Pecout, Lutte ouvrière et Lorenzo Longo, Reconquête.
Face à eux, quatre personnes issues de la société civile sont venues avec leurs questions et leurs préoccupations.
L'enjeu des transports
La première interrogation émane de Théophane Coureau. Il est président de la société FATEC, installée à l'Estaque, qui embauche 160 salariés : "En tant qu'entreprise, nous cherchons à attirer des talents qui peuvent habiter de Vitrolles à Aubagne et surtout dans cette grande ville de Marseille. Nous cherchons à ce qu'ils puissent venir facilement, avec des transports collectifs, qui émettent peu de CO2, qui coûtent moins cher que quand je suis seul dans ma voiture (où le litre d'essence est à 2€) et qui permette si possible de déposer mes enfants le matin. On sait qu'aujourd'hui on a du retard, on n'a pas de piste cyclable, qu'est-ce qu'on peut faire pour demain avoir des transports qui permettent plus facilement aux citoyens de ce territoire de trouver des emplois ?"
Sebastien Delogu, candidat Nupes, ancien chauffeur de taxi, qui revendique la lutte contre l'ubérisation de la société, lui répond : "Nous sommes pour créer un pôle public des transports et de la mobilité. Je ne pense pas que vous voulez une piste cyclable qui passe de Vitrolles jusque dans les quartiers Nord, il y a l'autoroute au milieu de tout ça. On est pour augmenter le budget des collectivités, ce qui va donner lieu peut-être pour les quartiers nord où vous êtes à amener le métro jusque dans ces quartiers. Pour qu'on puisse ramener des gens du centre-ville vers les quartiers et inversement. Parce qu'il y a aussi des sociétés dans le centre-ville qui ont besoin des talents de nos quartiers."
Le pouvoir d'achat en question
Saïd Ahamada, député LREM sortant de la circonscription, est interrogé sur la question du pouvoir d'achat par Fadella Ouidef, mère de quatre enfants, manager au sein d'une entreprise de textile : "il y a beaucoup d'aide pour les gens qui ont les minimas sociaux, c'est très bien, mais la majorité des gens travaillent. C'est la classe moyenne. Elle est beaucoup moins aidée, qu'est-ce que vous allez proposer sur ça ?"
"Vous avez d'abord le bouclier énergie, qui permet de limiter à 4% l'augmentation des prix de l'énergie, quand dans d'autres pays elle atteint 30 ou 40%, répond le député-candidat. Vous avez ensuite la prime de 6000€, détaxée. Un employeur aujourd'hui peut vous donner 6000€, vous ne payez pas d'impôts dessus ni l'employeur."
"Il peut s'il veut", insiste Fadella Ouidef.
"Oui, s'il veut, évidemment. L'employeur ce n'est pas l'Etat", répond Saïd Ahamada, qui poursuit : "Il y a aussi l'indexation des retraites sur l'inflation : l'inflation augmente, les retraites augmentent. Et puis, il y a la suppression de la taxe d'habitation, qui a été un vrai plus pour les habitants de nos territoires, qui payaient plus que les quartiers sud de Marseille. Les gens ne comprenaient pas pourquoi. On l'a supprimée. On fera la même chose avec la redevance tv. Tout ça est un package qui permettra de soulager les familles en termes de pouvoir d'achat."
L'éducation et la sécurité
C'est au tour de Danièle Pecout, candidate Lutte ouvrière d'être interrogée, sur la question de la sécurité.
"Comme disait Victor Hugo, si on ouvre une école, on ferme des prisons, affirme la candidate. Il faudrait une politique dans les quartiers défavorisés permettant de faire des ouvertures de classe, que les classes ne soient pas surchargées, qu'il y ait du personnel en nombre suffisant, que ce soit des surveillants ou des enseignants. Il faudrait une vraie politique de développement de l'école. Il faut de l'argent et cet argent, on peut le trouver dans les grosses fortunes qui accaparent toutes les richesses."
Romain Longo, candidat Reconquête!, évoque aussi cette question, avec des propositions très différentes.
"L'insécurité est, je pense le problème majeur dans les quartiers nord. Tout ce qui crée de l'emploi a des problèmes liés à la sécurité. Ce que nous proposons c'est l'expulsion des délinquants étrangers et criminels. Je suis allé à Kallisté, les gangs nigérians ne sont pas des Français. Nous proposons de casser le trafic de drogue en expulsant les familles de délinquants et de dealers des logements sociaux. Ils seront bien sûr relogés ailleurs mais je pense que les familles et les parents de délinquants ont un rôle important à jouer."
Fadella Ouidef réagit : "Peut-être que 0.99% de cas, la famille cautionne mais la majorité des familles ne cautionne pas voir leurs enfants dans les trafics de drogue ou en prison."
Le candidat lui répond : "Je ne dis pas que les familles acceptent ou cautionnent. Il faut se placer sous le mot d'ordre de la responsabilité. Lorsque vous avez un enfant, il va une première fois au commissariat, il refait une bêtise, il y retourne une deuxième fois, puis trois fois. Moi, à ce stade, je pense que les parents ont une responsabilité. Mon enfant, je ne vais pas le laisser dans la rue à faire n'importe quoi. Au bout de trois fois je propose qu'on coupe les allocations aux parents."
Fadella Ouidef demande : "Ils n'ont plus de vie, ils arrêtent de travailler ?"
"On ne peut pas être laxiste avec tout le monde", répond le candidat du parti d'Eric Zemmour.
Déserts médicaux
Saïd Ouichou, médecin généraliste et membre du collectif "santé en danger", vient parler du problème du manque de médecins et d'infirmiers dans les quartiers nord : "la santé est une des préoccupations majeures des français. Si vous êtes élu que comptez mettre en place pour remédier à ce problème de santé public ?", demande-t-il au candidat RN, Arezki Selloum, qui est également conseiller municipal et conseiller d'arrondissement dans les 15e et 16e arrondissements de Marseille.
"C'est à mon sens un petit peu excessif parce que la désertification je la mettrais plutôt sur des petites communes beaucoup plus rurales. Malgré les aides, on a toujours des médecins et des infirmières qui ne souhaitent pas aller dans les quartiers nord. S'ils n'y vont pas, c'est parce que ce sont des gens qui font des études et qui préfèrent professer ailleurs plutôt que dans ces zones. S'ils font le choix de professer dans d'autres zones plutôt que les quartiers nord c'est qu'il doit y avoir un certain nombre de choses qui doivent leur déplaire, notamment ils doivent vouloir rester là où ils ont commencé leurs études. En tant que député de la 7e circonscription, il faudrait que je crée des conditions attractives pour les faire venir. Il y a peut-être un problème d'insécurité qui se pose, et qui empêcherait ces médecins de venir s'installer. Ce sont les médecins qui vont se marier qui vont avoir des enfants, ils ont peut-être des exigences ce que d'autres n'ont pas, de vie sociale, d'école de sécurité, etc."