Le gendre de la milliardaire monégasque, Wojciech Janowski, qui avait avoué, selon le parquet, être le "commanditaire" du crime, est revenu mercredi sur ses déclarations,expliquant ne pas comprendre "toutes les nuances" du français.
Mis en examen pour avoir commandité l'assassinat, sa défense avait souhaité un "débat différé" sur sa détention provisoire, plutôt qu'une audience dans la foulée de son défèrement devant le juge d'instruction, où il avait "fait valoir son droit au silence"... le temps de préparer ses arguments.
Des arguments finalement dévoilés mercredi devant le juge des libertés et de la détention:
L'ancien consul honoraire de Pologne à Monaco a "mal apprécié la portée des termes employés par les services de police" et "expliqué qu'il parlait le français, mais qu'il ne comprenait pas toutes les nuances de notre langue
selon son avocat Me Erick Campana à l'issue de l'audience.
Vendredi, lors d'une seconde conférence de presse sur cette affaire, les responsables de la police judiciaire et du procureur de la République de Marseille Brice Robin, avait décortiqué devant la presse les détails de l'affaire, du tueur présumé aux intermédiaires, remontant jusqu'à M. Janowski, présenté comme le "commanditaire".
Ils ont longuement expliqué que celui-ci avait "avoué", en garde à vue, avoir confié un "contrat" sur la tête de sa belle-mère à son coach sportif Pascal Dauriac, le chef de la logistique, le véritable organisateur", selon M. Robin, présentant également les mouvements financiers suspects sur les comptes de M. Janowski.
Le magistrat et les responsables policiers ont détaillé comment, afin d'exécuter le contrat, M. Dauriac, qui a "tout reconnu", avait reçu 200.000 euros des mains de l'homme d'affaires polonais.
Après en avoir gardé 50.000 pour lui, cet homme de 46 ans, au service de la famille Pastor depuis 15 ans, s'est servi du reste de l'argent pour
payer plusieurs intermédiaires, notamment permis de rémunérer à hauteur de 30.000 euros chacun le tireur et le guetteur, croient savoir les enquêteurs.
A l'isolement total
Ces membres de la communauté comorienne, recrutés dans les cités marseillaises par ses intermédiaires, avaient tendu un véritable guet-apens aux deux victimes à Nice le soir du 6 mai, selon le scénario reconstitué par les enquêteurs. Ce jour-là, Hélène Pastor, 77 ans, et son chauffeur-majordomeMohamed Darwiche, 64 ans, ont été mortellement atteints par deux coups de fusils à canon scié tirés par la vitre passager avant devant l'hôpital L'Archet de Nice , où la milliardaire venait de rendre visite à son fils, victime d'un AVC,
s'est insurgé Me Campana, qui va demander, pour cette raison, la nullité de sa garde à vue - et ainsi de toutes les déclarations de M. JanowskiPendant toute la garde à vue, M. Janowski n'a bénéficié ni d'un avocat, ni d'un interprète
pendant les 96 heures qu'elle a duré - devant la chambre d'instruction de la cour d'appel.
Ces déclarations n'ont pas empêché le juge des libertés de maintenir M. Janowski, âgé de 64 ans, en détention provisoire. Il est détenu dans la prison marseillaise des Baumettes, "à l'isolement total", et "n'a de contacts avec personne, si ce n'est avec moi", a expliqué son conseil. Il est en bonne santé physique, même s"il ne va pas bien du tout", a-t-il souligné.
Le mobile: une captation d'héritage
Plus prudents sur le mobile, les policiers et le procureur avaient laissé entrevoir la possibilité d'une tentative de captation d'héritage, alors que les différents protagonistes avaient livré aux enquêteurs des versions divergentes. Le procureur avait notamment détaillé les largesses financières dont a bénéficié l'homme d'affaires grâce à sa compagne et les sommes très importantes versées par celle-ci sur son compte, et qui se sont volatilisées. Environ 7,5 millions d'euros ont été déposés directement ou indirectement par Sylvia Pastor sur les comptes de l'homme d'affaires polonais, qui présente, pourtant, "un solde débiteur de 900.000 euros".
Malgré ses nouvelles déclarations, M. Janowski ne devrait pas, selon son avocat, être de nouveau entendu par le juge d'instruction avant la rentrée.
Revoir la conférence du Procureur à Marseille le 27 juin 2014