Malgré les multiples annonces d'offres de travail, cette entreprise de tournage fraisage à Verquières n'arrive pas à trouver du personnel qualifié. Ils doivent aujourd'hui refuser des contrats et sacrifier leur salaire pour survivre.
La société de tournage fraisage, Atelier prémécanique et soudure (APS), située à Verquières, près de Cavaillon, dans les Bouches-du-Rhône, n'arrive pas à recruter du personnel. Le manque de main-d’œuvre met à présent l'entreprise d'usinage en péril.
"On est désespérés, lance Julie Wansing, qui a créé cette entreprise qui fabrique des pièces pour le montage de voiture, de bureautique ou encore d'ordinateurs, il y a neuf ans avec son mari. Si on n'a pas de salariés, on ne peut pas faire tourner les machines."
On n'en dort pas la nuit, on ne pense qu'à ça.
Julie Wansing, PDG d'APSà France 3 Provence-Alpes.
Ces difficultés face au manque de personnel se répercutent jusque dans leur vie de famille. "On n'est pas suffisamment disponibles pour nos enfants, on a toujours la tête dans notre travail", ajoute Julie Wansing.
Des sacrifices pour se maintenir
Même si le chiffre d'affaires est resté stable, un million d'euros l'an passé, les heures de travail, elles, se sont multipliées. "Avec mon mari, on est obligés de travailler 100 heures par semaine. Nos usineurs font aussi beaucoup d'heures supplémentaires." Elle affirme avoir dû aussi baisser son salaire avec son conjoint, à 1 500 € par mois, malgré le succès de leur entreprise.
Tous les jours, on doit refuser du travail à cause du manque de main-d'œuvre.
Julie Wansing, PDG de l'APSà France 3 Provence-Alpes.
Aujourd’hui, cinq personnes au total travaillent au sein d'APS. Mais ce jeudi 28 mars, c'est la "douche froide", deux de ses salariés lui annoncent vouloir s'en aller dans les mois à venir. "Ça ne leur plaît pas. Ils trouvent le métier difficile. On n'est pas garantis de trouver rapidement d'autres salariés."
Un schéma qu'elle connaît déjà et redoute d'avance. L'année dernière, deux autres de ses salariés avaient eux aussi choisi de quitter le navire, l'un pour reconversion professionnelle, l'autre habitant trop loin. "On a jamais réussi à les remplacer."
"Un manque de motivation"
Pour Julie Wansing, le manque de personnel vient surtout de la "difficulté du travail". "Il y a beaucoup de procédés de fabrication. Il faut avoir beaucoup de connaissances, notamment en mathématiques et il faut être motivé."
Elle voit chez la jeune génération, tout juste sortie d'école ou encore en apprentissage, un "manque de motivation". "C'est un métier qui demande à réfléchir. Les jeunes d'eux-mêmes ne veulent plus réfléchir."
Hier encore, la dirigeante, devait recevoir une personne en entretien, à 9 heures. Mais à 10 heures, toujours pas de nouvelles. "Il n'est pas venu et ne nous a pas prévenus. Ça m'a coupé les jambes pour le reste de la journée." Aujourd'hui, elle dresse le constat que les jeunes préfèrent se tourner vers l'informatique plutôt que l'usinage.
Problème de formation
Elle considère également qu'il y a un problème au niveau de la formation des étudiants dans le secteur de l'usinage. "À l'école, on ne leur apprend pas les bases, ce qu'il se passe réellement dans les entreprises. Même leurs professeurs qui viennent sur place nous disent que le programme n'est pas adapté à ce qu'il se passe dans les entreprises."
La cheffe d'entreprise assure aussi que certains choisissent la filière de l'usinage par défaut. "Un élève qui veut faire de la mécanique spécialisée dans le sport automobile et travailler pour la Formule 1, par exemple, est obligé de passer par l'usinage."
Et pour recruter des salariés, le couple multiplie les annonces sur les réseaux professionnels, comme Linkedin ou Indeed à travers la France. "On est obligés de faire du racolage. On leur propose un salaire plus important. Au lieu d'être payé 2 000 € nets chez un confrère, on lui propose entre 2 200 et 2 300 € nets par mois." Ils ont aussi démarché six écoles aux alentours, à Marseille, Arles ou même jusqu'à Carpentras pour trouver des alternants et stagiaires l'année prochaine.