Quand la nature reprend ses droits : près de Marseille, on enlève du béton pour faire revenir la végétation

Une dalle de 450m² construite il y a 50 ans, est en train d'être descellée. L'objectif : restaurer l'écosystème des coussouls de la plaine de la Crau.

C'est ce qu'on appelle "renaturer". Dans le sud de la France, le port de Marseille va desceller une vaste plaque de béton d'une zone industrielle pour restaurer l'écosystème "unique au monde" des coussouls de la Crau, seule steppe sèche d'Europe.

Un écosystème "unique au monde"

Renommée pour ses oiseaux, comme le ganga cata, ou son criquet dit "de la Crau", cette plaine aride du sud de la Provence a vu "une importante partie de sa surface perdue à la suite d'aménagements industriels, militaires et agricoles intensifs", a rappelé le port de Marseille dans un communiqué. Depuis lundi 4 décembre, une grande fondation en béton de 450 m2, qui servait de support à un atelier dans les années 1970, a commencé à être descellée afin de permettre au sol de retrouver ses fonctions naturelles.

Les bâtiments de cet atelier ont été "démontés dans les années 1990 mais pas les fondations en béton, qui coûtent très cher à retirer", a expliqué à l'AFP Thierry Dutoit, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), spécialiste en restauration écologique, précisant que le béton récupéré allait être recyclé. Enlever cette plaque de béton permettra de restaurer "l'écosystème unique au monde" des "coussouls de Crau", le site se situant à la lisière d'une réserve naturelle nationale de plus de 7.400 hectares, explique le port.

Un sol bétonné depuis 50 ans

Une opération de renaturation, qui a pour but de "faire revenir la végétation qui existait avant", souligne Thierry Dutoit. Les opérations de renaturation "sont des interventions particulièrement importantes pour lutter contre le réchauffement climatique et la crise d'extinction de la biodiversité",poursuit le port de Marseille-Fos.

Ce dernier s'est associé avec des scientifiques du CNRS, de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), et de l'université d'Avignon pour "mesurer précisément les impacts de cette opération originale" dans les années à venir. "On veut voir si le sol qui a été scellé pendant 50 ans", et qui a donc été totalement compacté, le privant de toute vie biologique, "peut retrouver une végétation",souligne M. Dutoit.

À Aubagne, une autre opération de renaturation

De l'autre côté de Marseille, à Aubagne, une autre opération de renaturation est en cours. La Métropole d'Aix-Marseille veut abattre 234 arbres pour redonner un cours plus naturel à l'Huveaune"Aujourd'hui, le fleuve est rectiligne, et l'objectif est de lui redonner de l'espace de liberté pour qu'il puisse s'étaler, de s'oxygéner, quand il veut faire des méandres", expliquait Tiphaine Zarrouga, chargée de projet "gestion de l'eau, des milieux aquatiques, prévention des inondations" (GEMAPI) à France 3 Provence-Alpes en octobre.

Un projet contesté par certains mais nécessaire pour d'autres, notant que les arbres qui vont être abattus ne seront pas capables de survivre au changement climatique, et que certains sont déjà malades. Les 17 000 plans choisis pour être plantés seront des espèces résilientes face aux sécheresses à venir. Avec pour ambition que la nature reprenne ses droits, pour de bon.

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