Saint-Chamas : un mois après l'incendie d'une usine de traitement des déchets, des fumées empoisonnent toujours les riverains

Il y a un mois, un site de traitement des déchets prenait feu à Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône. Le feu couve toujours et les fumées qu'il dégage inquiètent les riverains.

"C’est une catastrophe qui nous arrive". À Saint-Chamas, cela fait un mois que les riverains respirent des fumées toxiques. 

Le 26 décembre dernier, un entrepôt de l'usine de traitement des déchets Recyclage Concert 13 prenait feu. Il n'est toujours pas totalement éteint et couve toujours. Une situation "incompréhensible" pour Bernadette Jean-Louis.

Alertée par des quintes de toux et une gêne respiratoire, cette habitante pourtant non-fumeuse est allée voir son médecin le 10 janvier.

Il l'a tout de suite envoyée chez un pneumologue. Diagnostic : insuffisance respiratoire. Son époux a lui aussi de fortes quintes de toux, notamment la nuit. 

"On est parti six jours pour prendre l’air ailleurs quand nous sommes rentrés, on ne retrouvait plus la couleur de notre voiture devant la maison. Elle était couverte de cendres. C’était incroyable".  

Pour Laurent Saïssi, l'inquiétude concerne surtout la santé de ses enfants en bas âges. "Savoir qu’ils respirent ça à la récré, ça ne me rassure pas."

Ce riverain quitte Saint-Chamas avec sa famille dès qu'il le peut. Au quotidien, il a fallu s'adapter : "On coupe les VMC, on calfeutre les fenêtres, on n’étend pas le linge dehors, on évite de sortir".

"Je suis en colère surtout après l’entreprise. Parce que je vois que ça n’avance pas. Ça fait un mois que ça fume. Il y a des tractopelles, mais on a l’impression qu’ils tournent en rond. Il n’y a aucun déchet qui sort. Tout le monde en a assez".

"On ne sait pas combien de temps ça va durer. C’est ça le pire. Si ça devait durer des mois, je penserais peut-être à déménager", explique encore Laurent Saïssi.

Début janvier, la pollution de l'air générée par l'incendie était alors comparée à celle de Pékin, selon Atmosud. Un niveau de particules fines PM10 dans l'air autour du site de l'entreprise de recyclage dépassant 140 µg/m3 (quand le seuil d'alerte est à 80). Mardi 25 janvier, la moyenne horaire était encore de 180.

"Sur le mois qui vient de s’écouler, on a dépassé plus de dix fois ce seuil d’alerte en moyenne journalière", commente Damien Biga, directeur des relations extérieures et innovations chez Atmosud.

"Ce sont des niveaux très importants. Des taux qu’on ne mesure pas ailleurs dans la région, même sur les stations les plus exposées, à proximité de sites industriels ou de grands axes routiers", détaille le spécialiste.

Atmosud a mis en place une plateforme de signalements pour les populations exposées à ces fumées toxiques. "On voit qu'il y a beaucoup de signalements de toux, même des crises d'asthme".

Un épisode de pollution aux particules fines

En plus de ces fumées, un épisode de pollution aux particules fines a touché le département des Bouches-du-Rhône mardi. Une procédure d'information et de recommandations a été déclenchée par la préfecture.

Ce mercredi, les concentrations en particules fines restent élevées sur l’ouest de la région, malgré des conditions météorologiques plus dispersives.

La qualité de l’air reste "mauvaise à dégradée" sur les Bouches-du-Rhône ainsi que dans les grandes agglomérations de la région.

La tendance se maintient jeudi. Les conditions météorologiques devraient favoriser l’accumulation des polluants dans l’atmosphère, indique Atmosud.

Une course contre la montre pour éteindre le feu

Le 22 janvier, l'État a mis en demeure l'exploitant d'évacuer ses déchets. Aujourd'hui, l'État constate la carence.

"Il va falloir que l’État, la commune, la Métropole, on se mette en action pour évacuer en lieu et place de l’exploitant. C’est une course contre la montre qui est ouverte", explique Didier Khelfa, le maire de Saint-Chamas.

"Malgré le gros gros travail des pompiers du département, pour éteindre ce feu, il n’y a qu’une solution : c’est évacuer les déchets. Pour les évacuer, il faut trouver les centres d’enfouissement qui peuvent les récupérer et surtout qui doit le faire".

Une des stratégies mises en place avec les pompiers : enlever une partie des déchets pour éteindre définitivement le reste. "Cela va prendre des semaines", craint l'édile.

Une plainte va être déposée "très rapidement" par la mairie, l'ensemble des associations et des citoyens touchés, rapporte le maire. 

Mardi, France Nature Environnement des Bouches-du-Rhône (FNE 13) a déjà annoncé porter plainte pour mise en danger de la vie d'autruiatteinte à l'environnement et non respect des prescriptions du code de l’environnement.

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