La vasectomie fait partie des rares moyens de contraception masculine. Cette opération, qui revient à se faire stériliser est de plus en plus choisie par les hommes.
Sa femme était enceinte de leur troisième enfant, lorsque Cédric a commencé à envisager une vasectomie. Cette opération, de plus en plus demandée par les hommes, revient à se faire stériliser, via une ligature des canaux qui permettent aux spermatozoïdes de sortir des testicules.
"Tous nos enfants sont désirés et nous sommes très heureux de les avoir, insiste le père de famille, pilote d'hélicoptère marseillais. Mais nous ne souhaitions plus avoir d'autres enfants. Et lorsque ma femme était encore enceinte, nous avons réfléchi aux différents moyens de contraception possibles. Nous souhaitions quelque chose de durable, si possible sans hormones."
Une opération quasi définitive
En étudiant les différentes options, le couple s'aperçoit vite que la ligature des trompes, contraception durable pour les femmes, est "beaucoup plus invasive et fait plus mal".
Je voulais aussi partager la contraception avec ma compagne, qui avait été sous pilule ou stérilet presque toute sa vie.
Cédric, père de famille
Après la naissance de sa troisième fille, assuré qu'elle est en bonne santé, Cédric prend rendez-vous chez un urologue.
"Il m'a bien expliqué que c'était définitif", raconte le jeune père. Selon une idée reçue, l'opération est réversible. Mais la réalité est plus complexe. "Il est techniquement possible de remettre en connexion les canaux déférents lors d’une nouvelle intervention chirurgicale appelée vasovasostomie, souligne le chirurgien urologue Jacques Bron sur son site internet. Cette intervention est délicate et ses taux de réussite sont inconstants (50% d’échecs en moyenne)." L'urologue de Cédric ne pratique pas cette opération et préfère donc avertir sur le caractère définitif de l'opération.
Un délai de réflexion de quatre mois
"J'ai pu lui poser toutes les questions que je souhaitais, relate Cédric. Est-ce que j'allais conserver mes érections ? Est-ce que la pression allait rester la même ? La substance de mon sperme allait-elle changer ?"
L'urologue m'a dit : "goût, odeur, pression, tout va rester tel quel."
Cédric, père de famille
Rassuré, Cédric maintient son choix. "Il y a un délai légal de réflexion de quatre mois, qui est incompressible. J'ai dit à l'urologue que j'étais sûr de moi. Il a répondu que des tas de patients étaient aussi affirmatifs au premier rendez-vous et qu'il ne les revoyait jamais." Le médecin peut également refuser d'effectuer une vasectomie et doit, dans ce cas, en informer son patient dès le premier rendez-vous. En écoutant Cédric, il accepte.
À l'approche de l'opération, c'est sa compagne qui commence à douter : "Et si tu rencontres quelqu'un après moi ? Si tu veux refaire ta vie ?" Mais Cédric se dit heureux en ménage et, quels que soient les aléas de son existence, il n'envisage pas de devenir père après 40 ans.
Les patients candidats à la vasectomie peuvent cependant effectuer une cryo-conservation de leur sperme, pour conserver leurs spermatozoïdes congelés en vue d'une éventuelle fécondation in vitro dans les années qui suivent l'opération.
"J'avais surtout peur de l'épilation"
Pour Cédric, rendez-vous est pris, sans délai, dans une clinique privée d'Aix-en-Provence, pour une vasectomie sous anesthésie générale. "Ce qui me faisait le plus peur, à vrai dire, c'est que je devais m'épiler les testicules. Finalement j'ai découvert la crème dépilatoire et je n'ai rien senti."
Il sort de la clinique deux heures et demie après y être entré. "J'étais en pleine forme. J'ai eu deux points de suture de chaque côté des testicules, sans douleur particulière. Ça fait moins mal que les dents de sagesse !"
Depuis cette opération, la vie de Cédric n'a pas changé. D'après une étude récente réalisée en ligne sur environ deux-cents hommes ayant effectué une vasectomie, 98% se sont dit satisfaits. Quatre-vingt- huit pourcents d'entre eux indiquent que la qualité de leur vie sexuelle est inchangée, 11% estiment que leur vie sexuelle s’est améliorée et que leur libido est meilleure depuis l'opération.
Cédric, qui se confie ouvertement sur son opération entend souvent des remarques moqueuses, mais bienveillantes : "On me demande si ma voix est devenue plus aigüe, comme un castrat."
Une opération pas remboursée
Les trentenaires et quarantenaires de son entourage sont curieux d'entendre son retour d'expérience. Ils sont de plus en plus nombreux à l'envisager. Selon une étude, publiée lundi 12 février par l'Assurance maladie et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), de plus en plus d'hommes français choisissent la stérilisation.
"Le nombre de vasectomies a augmenté chaque année depuis 2010, passant de 1940 vasectomies en 2010 à 30 288 en 2022, soit une multiplication par 15", résument les auteurs de l'étude, supervisée par l'épidémiologiste Mahmoud Zureik.
Désormais, il y a même davantage d'hommes que de femmes candidats à une forme de stérilisation. Mais la tendance reste embryonnaire : seuls 0,15% des hommes de moins de 70 ans ont fait ce choix pour leur contraception.
Dans l'entourage de Cédric, les plus âgés sont aussi les plus dubitatifs :"Ils trouvent que ce n'est pas à l'homme de se charger de la contraception. Même les femmes me disent ça, même ma belle-mère !"
Seul bémol pour le père de famille : il a dû débourser au total 600€ environ pour ses différents rendez-vous et pour l'opération, qui n'est pas remboursée par la sécurité sociale. La contraception féminine, elle, l'est dans la plupart des cas.