La commune du Sambuc teste un nouveau procédé contre les moustiques. Des bornes disséminées dans la ville, imitent la respiration humaine et diffuse un leurre olfactive rappelant l'odeur de la transpiration humaine. Le but : piéger les insectes piqueurs dans l'appareil.
Au Sambuc, au coeur de la Camargue, réputée pour ses hordes de moustiques, une nouvelle méthode est testée qui vise à piéger les insectes adultes au lieu de tuer leurs larves.
"Au Sambuc, nous n'avons jamais expérimenté la moindre démoustication", souligne Philippe Martinez, adjoint au maire d'Arles dont dépend le hameau qui compte 350 habitants.
"Le soir, il est absolument impensable de dîner dehors sur une terrasse"
souligne l'élu chargé du Sambuc.
La Camargue, dans son ensemble, a du reste "échappé à toute démoustication organisée" jusqu'aux années 2000, rappelle Jean Jalbert, directeur général de la Tour du Valat, un centre de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, associé à la nouvelle expérimentation menée au Sambuc.
L'année 2005 a pourtant marqué un tournant: deux ans après que le conseil scientifique du Parc naturel régional de Camargue eut donné son feu vert pour tester un larvicide avec un insecticide naturel, le Bacillus thurigiensis israelensis (BTI), "l'explosion du nombre de moustiques à l'automne" a convaincu les collectivités de financer cette expérience, se souvient Jean Jalbert.
Mais s'il est efficace, le BTI, utilisé pour la démoustication autour de Salin-de-Giraud et de Port-Saint-Louis-du-Rhône, se révèle à l'usage moins sélectif qu'espéré. Il poursuit :
"A notre grande surprise, nous avons décelé des impacts en cascade sur la chaîne alimentaire" dans les zones où le BTI est utilisé"
Une méthode sensiblement moins chère
D'où l'espoir suscité par la nouvelle méthode expérimentée actuellement au Sambuc: plus question de tuer les larves de moustiques, et avec elles celles de chironomes, un autre insecte, et d'affecter ainsi la faune et la flore locales. Les onze pièges disséminés dans le hameau ciblent tous les insectes piqueurs, dont les moustiques et les arabis, mais uniquement eux."Nous avons voulu changer de stratégie: plutôt que de traiter les milieux naturels, laissons-les vivre normalement et protégeons les zones urbanisées"
résume Jean Jalbert.
Ces bornes de 80 cm de haut, sur 40 de profondeur et 60 de large, imitent "la respiration humaine en émettant du dioxyde de carbone de manière saccadée, comme peut le faire un homme, et diffusent aussi des leurres olfactifs" sentis seulement par les moustiques et qui lui évoquent l'odeur de la transpiration, détaille Pierre Bellagambi, un des deux fondateurs de Techno Bam, la petite société qui fournit ces pièges.
Les moustiques ainsi attirés sont ensuite aspirés dans un réservoir dont ils ne peuvent plus ressortir.
pouvoirs publics que le système, "en plus d'être écologique, est valable économiquement".
"La démoustication au BTI autour de Port-Saint-Louis-du-Rhône coûte 800.000 euros par an", note Jean Jalbert:
"On n'a pas encore de chiffres précis sur le coût de ce nouveau système, mais s'il devait s'avérer efficace, il serait très sensiblement moins cher".
Les bornes, dont le rayon d'efficacité a été évalué à une soixantaine de mètres, ont été disposées de manière à couvrir la totalité du hameau du Sambuc. "Quotidiennement, on relève les pièges" qui aspirent plusieurs milliers d'insectes chaque jour, explique Jean Jalbert.
"Déjà, on peut manger sur les terrasses, mais pour le moment il est difficile de dire si c'est dû aux bornes antimoustiques ou à la sécheresse actuelle"
tempère Philippe Martinez. "Le vrai test, ce sera fin août-début septembre, avec les premièrespluies", les moustiques se reproduisant dans les eaux stagnantes.
"Avec un traitement par le BTI, on élimine 80% des moustiques. Avec ce système (dont un prototype avait été testé à la Tour du Valat, ndlr), on en avait éliminé l'an dernier 70%, ce n'est pas très éloigné", observe Jean Jalbert. "Il en reste,
mais l'objectif n'a jamais été l'éradication totale des moustiques".