Une question plane toujours sur l'attentat de Nice un an après : son auteur était-il un sympathisant djihadiste dissimulé ou avait-t-il voulu sublimer son suicide en opération martyre spectaculaire ? Qui était ce Tunisien, chauffeur-livreur de 31 ans, marié et père de 3 enfants ?
>> Voir l'enquête exclusive sur Mohammed Lahouaiej Bouhlel de Didier Brignand - Yannick Fournigault - Eric El Koubi – Laurence Buyse – Jérémy Crunchant :
Le profil de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, était jusqu'à la date du 14 juillet 2016, connu des services de police pour de simples faits de violence, intrigue les enquêteurs.
Qui est-il ?
Mohamed Lahouaiej Bouhlel est d'origine tunisienne. A 31 ans, il est chauffeur-livreur.A la date de l'attentat, il n’est pas fiché pour terrorisme. Un homme à la personnalité très perturbée : buveur d’alcool, adepte des salles de musculation, enchaînant les conquêtes féminines. Ses proches le disent peu intéressé par la religion mais aussi violent, fasciné par les vidéos guerrières.
Une équipe de France 3 Côte d'Azur est retournée chez Mohamed Lahouej Bouhlel. Tout est resté intact depuis l’attentat. C'est dans cet appartement niçois, que Mohamed Lahouaiej Bouhlel regardait en boucle les images de propagande de l’Etat islamique.
D’autres ont vu son basculement, mais n’ont jamais alerté la police. C’est le cas de son ami, Mohamed Walid Graeb. Les deux hommes se connaissent depuis 15 ans. Graeb a été mis en examen pour complicité d’assassinat et écroué.
Quelques jours après l’attentat, il déclare aux policiers :
J’ai été surpris par le fait qu’il s’était laissé pousser la barbe (…) il m’a dit que la signification était religieuse. (…) Il m’a également parlé de l’Etat islamique en me disant qu’il ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas prétendre à un territoire.
2 jours après l’attaque, l’Etat islamique revendique l’attentat de Nice
Pourtant aucun lien n’a pu être établi entre lui et la mouvance djihadiste. Cette revendication serait-elle opportuniste ?
"L'Etat islamique a démocratisé le terrorisme"
Le juge Trévidic fut, entre 2006 et 2015, juge d'instruction au tribunal de grande instance de Paris au pôle antiterrorisme. Il est, depuis 2015, premier vice-président au tribunal de grande instance de Lille. Il revient sur la personnalité de Mohamed Lahouel Bouhlel et sa "radicalisation express".Tout de suite après l’attentat, le ministre de l’intérieur évoque la radicalisation express du terroriste. Mohamed Lahouel Bouhlel aurait basculé en 15 jours.
Quelle influence ?
Pour les policiers, Mohamed Lahouej Boulel, a été influencé pour commettre son crime. Décrit comme son mentor, Chokri Chafroud est est un des personnages clés du dossier.
Ce Tunisien de 37 ans multiplie les petits boulots au noir. Son ADN est retrouvée sur deux mégots chez Lahouaiej Bouhlel ainsi que sur la portière passager du poids-lourd de l'attentat.
Lahouaiej Bouhlel ? "Une simple connaissance", assure Chafroud en garde à vue, mais les policiers exhument un message, à la résonance particulière après l'attentat, envoyé au tueur trois mois plus tôt:
Mais c’est surtout son message envoyé 3 mois avant le massacre qui apparait comme prémonitoire. Le 4 avril, Chafroud écrit en arabe à Lahouaiej Bouhlel sur Facebook :
Charge le camion, met dedans 2.000 tonnes de fer (...) coupe lui les freins mon ami, et moi je regarde".
Le message qui précède l’attaque
Un nouvel éclairage sur l'enquête. Des preuves et révélations inédites. Que voulait faire Mohamed Lahouaiej Bouhlel après l'attentat ? Deux hypothèses :"Ramzy je suis passé tout à l’heure au taxiphone rue Marceau, je ne t’ai pas trouvé, je voulais te dire que le pistolet que tu m’a donné avant hier est très bien. Dis à ton copain qui habite rue Miollis au 5e étage qu’il nous en ramène cinq."
En un seul message, il livre aux policiers, le prénom d’un de ses complices présumés et l’adresse d’un deuxième.
Quelques jours après le drame, la police judiciaire interpelle cet homme. Il est Albanais.
Dans le volet arme, comme dans le volet terrorisme, le même constat : aucune des personnes mises en examen n’est connue des services de renseignement, aucune n’est allée en Irak ou en Syrie.