Cette mesure a été prise par le ministre de l'Education nationale en raison de la crise sanitaire. Mais les syndicats de professeurs dénoncent un "stress permanent" pour les élèves et une accentuation du rôle de la réputation des établissements dans l'accès aux études supérieures.
Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a annoncé, jeudi 5 novembre, un protocole sanitaire renforcé dans les lycées. Depuis plusieurs jours, élèves et professeurs dénoncent des classes et des cantines souvent bondées, où les gestes barrières sont impossible à respecter.
Cette décision prévoit plusieurs changements. Ainsi, les évaluations communes (anciennement appelées E3C) prévues en première et terminale vont être annulées et seront remplacées par le contrôle continu grâce à la prise en compte des notes du bulletin scolaire. Cette mesure concerne l'histoire-géographie, les langues vivantes et la spécialité qui n'est pas poursuivie en terminale, ainsi que les mathématiques pour la voie technologique et l'enseignement scientifique pour la voie générale. Les épreuves terminales sur les enseignements de spécialité prévues en mars prochain seront, elles, maintenues mais leurs modalités adaptées.
Un stress "permanent"
Des décisions qui sont loin de faire consensus auprès des professeurs. Marion Chopinet estime ainsi que "ce n'est pas une solution acceptable" pour les enseignants. Cette professeur d'histoire géographie au lycée Artaud dans le 13e arrondissement de Marseille rappelle que l'évaluation en classe est avant tout une étape dans l'apprentissage, et que cette mesure oblige les enseignants à être "à deux endroits en même temps, à la fois dans la préparation des élèves au bac et membre du jury, ce qui fausse le rapport à l'élève"."C'est du stress permanent, chaque contrôle est une potentielle note de bac”, souligne-t-elle. De quoi mettre une pression supplémentaire sur les épaules des élèves. "Cette décision est très confuse pour eux, ajoute la professeure de géographie. Au départ, les élèves sont plutôt soulagés mais on s'est rendu compte l'an dernier, lors du bac avec la suppression du contrôle continu du 3e trimestre, que des élèves qui avaient fait un mauvais démarrage se sont retrouvés pénalisés alors qu'ils étaient prêts le jour de l'examen."
Inquiétudes sur la question de l'égalité des chances
Caroline Chevet, porte-parole du syndicat d'enseignants Snes-FSU et "farouchement opposée au bac Blanquer", accueille mal cette nouvelle mesure. Le syndicat, qui demande un report de toutes les épreuves non supprimées de février/mars, est inquiet quant à la question de l'égalité des chances. Pour elle, ce type d'évaluation "revient à accorder trop d'importance à la réputation des établissements" et souligne les disparités déjà inquiétantes entre les lycées de différentes villes ou de quartiers. "Mes élèves au lycée Artaud savent qu'aller à celui de Thiers, ce n'est pas la même chose", assure-t-elle.Egalement professeur de philosophie depuis 17 ans dans les quartiers nord de Marseille, Caroline Chevet rappelle qu'il est "indispensable de garder un rapport à la norme". "On peut passer des années à corriger le même type d'élèves et donc perdre le rapport au commun", ajoute-t-elle craignant les disparités de niveau entre les différents lycées.
Insatisfait, l'intersyndicale SNES-FSU a décidé de maintenir son appel à la grève dans les lycées mardi 10 novembre, malgré les annonces ministérielles.