Moins de circulation sur les routes en raison du confinement, certains automobilistes en profitent pour appuyer sur l'accélérateur. Depuis le 16 mars, les gendarmes ont retiré 590 permis de conduire toutes causes confondues dans le sud-est de la France. Avec des "records" à 222 et 260 km/h...
Mercredi 22 avril, sur l'autoroute A8, peu de voitures, peu de camions en raison du confinement. Quelques automobilistes en profitent pour appuyer sur l'accélérateur. Arrivée à la hauteur de la Turbie, l'escadron de sécurité routière de la gendarmerie des Alpes-Maritimes est là, les yeux sur le radar.
Pour la seule journée d'hier, les militaires ont retiré dix permis de conduire et saisi cinq véhicules, pour des excès de vitesse supérieurs à 150 km/h.
Toujours sur l'autoroute A8, mais cette fois dans les Bouches-du-Rhône, les gendarmes ont interpellé des chauffards à 173, 175 et un à 211 km/h, sur un tronçon limité à 110 km/h, le week-end dernier.
"La perle étant la conduite d'un père avec son fils circulant à plus de 160 pour 80 pour aller simplement au café", indique la gendarmerie des Bouches-du-Rhône dans un post Facebook.Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les gendarmes évoquent avec humour le cas d'un homme de 30 ans, "très impatient d'arriver à son domicile pour se confiner après son travail (...)".
"Heureusement, les militaires de la brigade motorisée de Digne-les-Bains étaient là pour l'informer que premièrement, il circulait à une vitesse très honorable de 150km/h, et deuxièmement pour lui rappeler que non !... Les limitations de vitesses ne sont pas doublées en période de confinement...".
260 km/h sur l'autoroute A7
Le record des excès de vitesse remonte au samedi 11 avril, sur l'autoroute A7, dans le département de la Drôme.Ce jour-là, peu avant 18 heures, à hauteur de la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux, un homme d'une cinquantaine d'années qui remontait en direction de Paris a été contrôlé à 260 km/h, le double de la vitesse autorisée sur ce tronçon.
L'individu a écopé d'un retrait de permis immédiat, d'une convocation au tribunal de Valence et sa voiture a été saisie.
Plus d'excès de vitesse, moins d'accidents
Depuis le début du confinement, le trafic routier a été divisé par cinq dans la région. Résultat, sur la période du 16 mars au 23 avril, le nombre d'accidents corporels en zone gendarmerie est tombé à 20, par rapport à 150 en 2019, sur la même période en Paca. Le nombre de tués sur la route a aussi baissé de 72%.
Les chiffres bruts des infractions au code de la route ont également baissé. Par exemple, le nombre d'excès de vitesse supérieurs à 50 km/h au-dessus de la limitation a baissé de 35% sur la même période, par rapport à l'an dernier.
"Il faut replacer ce pourcentage par rapport au flux de circulation qui a considérablement diminué", explique le capitaine Gaël Tranchant, adjoint au commandant de l'escadron de sécurité routière des Bouches-du-Rhône.
"Par rapport au nombre de véhicules en circulation, les excès de vitesse sont en augmentation", explique le militaire.
"On remarque que ces infractions ont lieu toute la journée alors qu'auparavant, les excès de vitesse étaient surtout constatés le matin très tôt et le soir entre 20h et 22h", ajoute-t-il.
590 rétentions de permis de conduire
Depuis le 16 mars, 590 permis de conduire ont été retirés, toutes causes confondues, dans la région et dans la zone gendarmerie (1.100 sur la même période en 2019).
"Hormis les rétentions de permis pour excès de vitesse, on a aussi une augmentation des rétentions de permis pour conduite sous l'emprise de stupéfiants", précise Gaël Tranchant.
Dans les Alpes-Maritimes, l'autoroute A8 était "déserte" avec un trafic de 5% par rapport à la normale, mais depuis le début du mois d'avril, les gendarmes ont constaté une importante dégradation des comportements.
Dix grands excès de vitesse en une journée
Entre le 6 avril et le 23 avril, "99 permis ont été suspendus pour des durées allant de 1 à 6 mois en raison d'un grand excès de vitesse commis sur l'autoroute A8", dont dix, sur la seule journée du lundi 20 avril, précise le commandant Arnaud Benne, chef d'escadron de la sécurité routière des Alpes-Maritimes.
34 rétentions de permis pour des excès de vitesse compris entre 40 et 50 km/h au-dessus de la limitation et 65 rétentions de permis pour des excès de vitesse au-dessus de 50 km/h.
"Parmi les plus grands excès, il y a des poids lourds. En 20 ans de métier, c'est la première fois que j'interpelle des chauffeurs de poids lourds pour des excès de vitesse aussi importants", confie le gendarme.
Les camions étant équipés de limiteur de vitesse, "pour atteindre ces excès, ils se mettent en roue-libre, c'est extrêmement dangereux", poursuit le chef d'escadron. Un poids lourd a été contrôlé à 117 km/h sur un tronçon limité à 50.
Sur le profil des chauffards, "en majorité, c'est plutôt des gens installés qui se rendent au travail ou vont faire leurs courses", explique le commandant Arnaud Benne.
"Il y a ceux qui ont l'habitude de rouler vite et qu'on attrape souvent et il y a ceux qui ont besoin de compenser la frustration de l'enfermement liée au confinement", conclut-il.
Quelles sanctions en cas d'excès de vitesse supérieur à 40 km/h
Selon les données officielles de la sécurité routière, un excès de vitesse, supérieur à 40 km/h au-dessus de la limitation, entre dans le cadre des contraventions de 5e classe.Un excès de vitesse compris entre 40 et 50 km/h entraîne une perte de quatre points sur le permis et une amende de 135 euros. Cette sanction peut être complétée par une suspension de trois ans du permis de conduire et la confiscation du véhicule.
Pour un excès de vitesse supérieur à 50 km/h, la sanction passe à un retrait de six points sur le permis de conduire et une amende de 1.500 euros, pouvant être complétée par une suspension de trois ans du permis de conduire (sans sursis ni "permis blanc") et une confiscation du véhicule.
En cas de récidive dans les trois ans, l'amende est de 3.750 euros, complétée par une peine de trois mois de prison.