La cour de révision de Monaco a rejeté le recours du milliardaire russe Dmitri Rybolovlev contre l'utilisation du téléphone portable de son avocate par la justice monégasque, qui le soupçonne, lui et son avocate, de trafic d'influence et de corruption, a-t-on appris mardi auprès de son avocat.
"La cour de révision monégasque a rejeté notre recours et nous allons saisir la cour européenne de justice de ce que nous continuons à considérer comme un dysfonctionnement grave", a indiqué à l'AFP Me Hervé Témime, qui considère qu'il y a eu une atteinte au secret des correspondances protégeant l'avocate.
M. Rybolovlev est engagé depuis quatre ans dans un bras de fer judiciaire avec Yves Bouvier, marchand et transitaire genevois qu'il accuse de l'avoir escroqué avec la complicité d'une amie commune, Tania Rappo, en appliquant des marges exorbitantes aux tableaux qu'il lui procurait.
La plainte a été déposée début 2015 à Monaco où M. Rybolovlev s'était installé et dont il a repris le club de foot en 2011.
Notre reportage au moment de l'inculpation de Dmitri Rybolovlev en novembre 2018 :
De plaignant à mis en cause
Dans le cadre de cette procédure destinée à faire reconnaître l'escroquerie et à obtenir la restitution de fortes sommes, l'avocate de M. Rybolovlev, Me Tetiana Bersheda, a remis à la justice un enregistrement réalisée avec son téléphone, censé prouver la malhonnêteté supposée de M. Bouvier.
De manière illégale selon les avocats de la partie russe, le juge d'instruction monégasque a fait extraire tous les messages de l'appareil, notamment des SMS qui ont fait scandale, semblant démontrer que M. Rybolovlev aurait profité de ses relations haut placées en Principauté pour piéger M. Bouvier.
Du statut de plaignant et accusateur, M. Rybolovlev est passé à celui de mis en cause, inculpé pour "complicité d'atteinte au droit au respect à la vie privée" en 2017, puis de "trafic d'influence actif" et de "corruption active" en 2018.
Les investigations dans le téléphone ont débouché sur une série d'inculpations sans précédent à Monaco fin 2018, celle de l'ancien ministre de l'intérieur Paul Masseron, de trois dirigeants policiers Christophe Haget, Patrick Fusari et Régis Asso, de l'ancien garde des Sceaux Philippe Narmino, de son épouse et de son fils, outre M. Rybolovlev et son avocate.
"Nous allons nous attacher à démontrer que le traitement de la très grave escroquerie commise par M. Bouvier n'a pas été altéré en notre faveur, bien au contraire", a affirmé pour sa part Me Témime.