L’alpinisme est souvent réputé élitiste et dangereux. En suivant des novices dans leur initiation, Marc Brulard dévoile une autre image, celle d’une pratique plus accessible qu'on ne le croit et de plus en plus féminine. Un film inspirant.
Dans l’imaginaire collectif, le mot "alpinisme" est associé à l'aventure, aux récits d'ascensions héroïques sur des sommets inaccessibles. Mais aussi à la mort, conséquence ultime des nombreux dangers auxquels s'exposent les alpinistes.
A travers le prisme de la presse généraliste, on perçoit l'alpinisme comme une activité élitiste et dangereuse. Car lorsque les médias s'emparent du sujet, c'est en général pour relater un drame ou bien un exploit.
Mais cette image si répandue est-elle juste ? Les alpinistes ne sont-ils vraiment que des "sur-hommes" accro à l’adrénaline, risquant égoïstement leur vie pour gravir le sommet convoité ?
Et si l'alpinisme avait un autre visage, celui d'une pratique méconnue, plus accessible qu'on ne le pense ? Et si l’alpinisme pouvait se conjuguer plus largement au féminin ?
Pour répondre à ces questions, Marc Brulard est allé à la rencontre d'apprenti(e)s alpinistes. Commerciale, ingénieur, juriste, paysagiste ou prof, leurs parcours sont divers. Mais ils ont en commun la curiosité, l'envie d'apprendre et de découvrir cet univers.
Pour moi, l’alpinisme c’était un sport élitiste.
Accompagnés par des guides de haute montagne, Olga, Mirela, Céline, Fiona, Camille et Félix vont entreprendre un stage d’initiation, qui les amènera de l’apprentissage des techniques de base jusqu’aux premières ascensions de hauts sommets. Bien en dehors de leur zone de confort…
Le film les suit tout au long de cette formation. A travers leurs yeux, on découvre ce qui fait la richesse de l'activité. Ces novices racontent leurs motivations, leurs difficultés, leurs émotions, mais surtout ce qu'ils ont trouvé là-haut, sur les sommets.
"L’alpinisme, c’est la découverte. La découverte de paysages incroyables, la découverte de soi-même, de ses limites et de cette capacité à dépasser ses limites" confie Olga. "En bas de la montagne, tu regardes le sommet et tu te dis : mais non, jamais je n’y arriverai, surtout en passant par toutes ces crêtes, avec tout ce matériel, je suis une fille, je n’ai jamais fait d’alpinisme… Mais après 6 heures de course, tu vois que c’est possible !"
Pour Mirela, plus que le physique, c'est le mental qui prime :"ce que ce stage m’a appris, c’est que tout est dans la tête, tout est possible si on le fait de façon rationnelle".
Il est aussi question de confiance, d'esprit d'équipe, de cohésion. "L'alpinisme, ce n'est pas "moi je suis le meilleur, je vais passer par ici, toi tu es moins bon, tu passes par là"... Non, il faut vraiment penser comme une équipe".
Autrefois essentiellement pratiqué par des hommes, l'alpinisme attire de plus en plus de femmes. En cela, le film témoigne bien de l’évolution du milieu montagnard et de sa féminisation grandissante.
Au fil de l’apprentissage des stagiaires, "Face au vide" nous emmène dans des paysages somptueux, révélant la diversité du terrain de jeu offert par la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
A quelques encablures à peine de la Méditerranée, on les voit partir à l’assaut de la Sainte-Victoire. Puis escalader d’impressionnantes cascades de glace, dans la vallée de la Tinée.
Avant de fouler les sommets du massif du Mercantour-Argentera, sur les hauteurs enneigées des Alpes-Maritimes…
Aller à la rencontre de soi et des autres, dépasser ses peurs et ses limites… Mais ne jamais oublier les risques inhérents au milieu montagnard.
Le film fait d’ailleurs la part belle au travail des secouristes de haute montagne, policiers ou gendarmes. A travers notamment le témoignage de Jérémy Fino, secouriste du détachement niçois de la CRS Alpes, on en apprend un peu plus sur le quotidien de ces professionnels d’élite.
Mais même si ces "anges gardiens" ne sont jamais bien loin, la découverte de l’alpinisme c’est aussi cela : apprendre à gérer les risques pour les minimiser…
- Voir l'interview de Marc Brulard dans le 18.30 du 11 février et France Bleu Provence Matin du 8 février.
"Face au vide"
Un documentaire de 52’ produit et réalisé par Marc Brulard.
Diffusion sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur lundi 8 février 2021 à 23h25.