Déconfinement : ouverture des plages, aux préfets de décider annonce Castaner, de l'espoir en Paca

Alors qu'un déconfinement progressif démarre le 11 mai, les plages n'ouvriront pas, a confirmé jeudi le ministre de l'Intérieur, sauf cas particuliers laissés à l'appréciation des préfets. De quoi susciter un peu d'espoir pour les maires des communes littorales des Bouches-du-Rhône et du Var.

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Concernant l'accès aux plages, "la règle générale reste la fermeture mais le préfet pourra autoriser l'accès aux plages, lacs et centres nautiques sur demandes des maires", a indiqué jeudi 7 mai, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. 

A trois jours du déconfinement, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, les maires des communes littorales sont dans les starting-blocks pour ouvrir leurs plages. 

"On attend le signal de la préfecture mais on est prêt". Aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône), le maire Roland Chassain (LR) se prépare en cas de réouverture anticipée des plages.

Sa commune possède 30 kilomètres de plage dont 18 ouverts au public. Son économie est, en grande partie, liée au tourisme.

"Nous avons la place nécessaire pour bien accueillir le public en cette période de coronavirus et surtout organiser la distanciation sociale sur nos plages. Toutes les communes n'ont pas une telle étendue de sable. J'ai demandé au préfet d'en tenir compte", explique le maire des Saintes-Maries-de-la-Mer.

Roland Chassain, comme de nombreux élus locaux de territoires du littoral français, souhaite voir les plages ouvrir avec le déconfinement.

Des contrôles et une privatisation impossibles

A Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), le maire Jean Hetsch (Divers Gauche) désire lui aussi la réouverture des plages "au pire au 2 juin".

"Le verrou va sauter. La ville est au bord de la mer. Après deux mois de confinement, je me vois mal dire aux 16.500 habitants qu'ils ne pourront pas aller sur nos plages", déclare Jean Hetsch.

Sur son littoral, la commune dispose de trois kilomètres de plages. En cas d'interdiction des plages après le 2 juin, le maire sera dans une impasse. Il n'a pas les moyens humains et financiers de prolonger la mesure.

"Je me vois mal à partir du mois de juin verbaliser les gens sur la plage. Les mesures coercitives seront impossibles. Nous n'avons que 50 policiers municipaux, dont une vingtaine en permanence. Nous n'avons pas les moyens de leur dire de rester tout l'été sur la plage, alors qu'ils ont une commune à protéger", explique le maire de Fos-sur-Mer.

Pour l'élu, la privatisation des plages ou la régulation des personnes "ne sont pas des possibilités".

"Nous sommes encaissés entre deux digues, c'est impossible de mettre des barrières partout. Et puis, vous voyez nos policiers dire à certaines personnes : "Non, vous ne pouvez pas y aller", alors qu'il y des gens sur la plage", détaille Jean Hetsch.

L'édile s'active également auprès du préfet des Bouches-du-Rhône pour "déconfiner" la plaisance et "permettre rapidement aux associations de plaisanciers, pêcheurs et activités nautiques de revenir sur l'eau".

Un appel au civisme préférable

Quelque soit la décision du gouvernement, les deux maires des Bouches-du-Rhône prêchent pour "un civisme" sur les plages notamment pour le respect des distances de sécurité, "pas encore définies".

"Les baigneurs et les personnes sur le sable devront faire preuve de civisme. Les familles vont être rassemblées c'est normal, mais nous n'avons pas les moyens de tracer des zones sur le sable pour chaque habitant", rapporte le maire de Fos-sur-Mer.

"Les gens sont grands. Ils doivent s'équiper et surtout respecter les distances entre eux. Nous avons la place, ça sera à eux de jouer, nous ne pourrons pas tout contrôler".

Cet avis est partagé par certains habitants du littoral comme Christine*, habitante de Marseille. Domiciliée près des plages du Prado, la retraitée se prépare à retourner sur le sable, non sans quelques inquiétudes.

"Je suis prête. J'ai mon masque, mon gel, mais les Marseillais que je vais côtoyer à la plage auront-ils la même conscience ? Comme le confinement, nous devons penser à nous, mais surtout aux autres", souligne-t-elle.

"Pression" des sénateurs sur le gouvernement

Fermées depuis le 19 mars, les plages ne devraient donc pas pour le moment rouvrir, sauf éventuellement pour les sportifs.

Lors de l’examen du projet de loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire, le Sénat a adopté un amendement. Il permet par décret l’ouverture au public des plages, à condition de pratiquer une activité sportive individuelle.

La sénatrice des Hautes-Alpes Patricia Morhet-Richaud a détaillé le contenu du projet de loi voté par le Sénat sur les réseaux sociaux, comprenant cette ouverture partielle de plages.

Des professionnels dans les starting-blocks

Outre les élus, les professionnels du tourisme se préparent. Roger Simi, président de l'association des plagistes des Lecques à Saint-Cyr-sur-Mer (Var) vient d'obtenir le feu vert de la préfecture du Var pour mettre en place ses infrastructures mais pas encore celui de la municipalité.

"Depuis quelques temps, on se bat pour le montage. Nous avons deux à trois semaines pour mettre en place les cabines, les toilettes pour être prêt à accueillir les clients", indique Roger Simi.

Afin d'être prêt en cas de rouverture, le président de l'association des plagistes a déjà commandé des masques en provenance de l'étranger.

Roger Simi va également distancier les transats et mettre du gel à disposition pour ses clients, "sans avoir reçu de consignes de l'Etat au préalable, ni de directives".

"On s'adapte. L'objectif, c'est d'accueillir les gens dans les meilleures conditions de sécurité et sanitaire. On avance sur des oeufs, mais on sera prêt. On vous attend", plaisante le président.

Des habitants impatients

A Toulon, Antoine*, sa femme et ses deux filles sont impatients de pouvoir retourner sur le sable et se baigner, notamment avec les températures actuelles. 

Confinés depuis près de deux mois à moins d'un kilomètre de la Méditerranée, la famille veut "démarrer l'été, si possible sur les plages du Mourillon".

Cette année, leurs vacances seront locales, "il est impensable qu'on puisse se priver de la plage. Mais on respectera les règles prises par l'Etat et le maire".

Le père de famille a en tout cas sensibilisé ses deux filles, de 3 et 14 ans, aux gestes barrières et au respect des distances de sécurité, "qui seront difficiles à respecter, mais il le faut, pour protéger tout le monde".

Des pétitions adressées au préfet

Pour se faire entendre, des citoyens ont même lancé le 5 mai des pétitions sur internet.

C'est le cas d'Angélique Siar et Soraya Ghezelbash. Les deux marseillaises interpellent le préfet à "rouvrir les plages de Marseille et alentours à la pratique d'activités sportives et de loisirs".

Dans leur pétition, elles écrivent notamment "les écoles rouvrent à compter du 11 mai, mais pour aller prendre l'air à la plage, il faudra minimum attendre le 02 juin ! Cette situation est absolument intolérable et complètement contradictoire". 

Une autre a déjà recueilli plus de 18.000 signatures. Elle demande à tous les préfets de la région Paca "rendez-nous la mer et la plage".

"La mer et la plage ressourcent, apaisent, et nous en avons particulièrement besoin en ce moment", souligne Michèle Ferreol dans sa pétition.

La ministre des Sports ferme la porte

Sur le sujet de la réouverture des plages, la ministre des Sports Roxana Maracinéanu s'est exprimé en répondant à une pétition, signée par plus de 156.000 personnes sur change.org.

Cette dernière, lancée par un haut-alpin demandait au chef de l'Etat Emmanuel Macron "un accès responsable à la nature en période de confinement".

"Je sais par ailleurs qu’à l’approche de l’été, les questions sont nombreuses concernant l’accès aux plages. Le Premier ministre l’a dit, nous voulons procéder progressivement. A ce stade, les plages et lacs restent fermés", a-t-elle déclarée sur la pétition.

Comme pour les bars et les restaurants, la décision du gouvernement est attendu. Mais il va falloir patienter. "La situation sera réévaluée fin mai pour une décision effective au 2 juin", rappelle la ministre.

*les prénoms ont été changés.
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