Un contre tous, tous contre un. Comme en 2015, le RN est arrivé en tête en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Avec seulement 4,47 points d'avance Thierry Mariani sort devant le sortant LR Renaud Muselier. Les appels au front républicain se multiplient. Malgré de vives critiques, la gauche refuse.
Droit dans ses bottes. L'écologiste Jean-Laurent Felizia, qui menait une liste d'union de la gauche pour le premier tour, est sous le feu des critiques.
Dès 22h, le chef de file du Rassemblement écologique et social, crédité de 16,89% des suffrages, a été clair. La voix de la gauche sera maintenue au second tour a annoncé le conseiller municipal du Lavandou (Var), sous les applaudissements et les cris de joie de ses colistiers.
Pour les partis traditionnels, la menace de l'extrême droite est bien réelle et le besoin de coalition, le fameux front républicain plus que jamais nécessaire. Paca est la seule région où le Rassemblement national est arrivé en tête au premier tour.
Avec 31,91% des suffrages, le président sortant LR Renaud Muselier a fait moins bien que le candidat de Marine Le Pen. Thierry Mariani arrive en tête avec 36,38% des suffrages. Jean-Laurent Felizia est crédité de 16,89%.
"Un vrai risque du RN"
La décision de la gauche de jouer le troisième de cette élection a aussitôt été dénoncée par les leaders nationaux d'EELV.
"Ça ne me convient pas du tout du tout. Il y a un vrai risque du RN et c'est une question de dignité, dans ces cas-là, de se retirer", a cinglé le maire de Grenoble Eric Piolle sur France 3. "Je ne soutiens pas cette décision, il y a un risque (de victoire du RN) en Paca", a déclaré de son côté l'eurodéputé Yannick Jadot sur BFMTV.
Après minuit, le bureau exécutif d'EELV a haussé le ton, menaçant de retirer son soutien à la liste Felizia si elle se maintenait.
La Fédération communiste des Bouches-du-Rhône a aussi "exprimé fortement et clairement son désaccord" devant "une faute politique" de la liste Felizia qu'elle soutenait. Alexandre Latz, candidat PC sur la liste Jean-Laurent Felizia a annoncé se retirer.
"Je vois une gauche qui a perdu la raison", a de son côté fustigé Christophe Castaner, désormais patron des députés Marcheurs.
Thierry Mariani s'est exprimé briévement en direct du Pontet à 21h45, regrettant l'abstention et tentant de mobiliser les indécis ou les mécontents.
Les réactions au soir du premier tour
"Bien sûr que l'abstention massive est le fait majeur de notre région" a indiqué Thierry Mariani. Bien sûr que c'est notre liste qui est la première victime", reconnaît le chef de file du RN en Paca.
"C'est à vous que je m'adresse, vous êtes des centaines de milliers à vouloir que cela change, et pour que cela change vous devez aller voter", encourage le candidat du RN.
Le président sortant LR de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier s'est réjoui dimanche soir d'avoir "déjoué la totalité des sondages" au premier tour des régionales, en obtenant un score proche du candidat soutenu par le Rassemblement national Thierry Mariani.
"Il nous reste beaucoup à accomplir, l'extrême droite veut nous diviser et rêve de nous fracturer. Nous allons rester fidèles à notre logique de rassemblement et j'appelle chacun ce soir à prendre ses responsabilités face à l'extrême droite", a poursuivi Renaud Muselier.
Et, "je me mesure bien ce que représente pour beaucoup ce rassemblement, le dépassement des clivages, le renoncement à des préférences personnelles et politiques. Mais seul l'avenir de nos territoires compte, seule notre région compte", a lancé le président sortant.
Le candidat de Cap Ecologie Jean-Marc Governatori, crédité de 5,28%, joue la carte de l'unité nationale. Dimanche soir, il a indiqué vouloir faire une dizaine de propositions à Renaud Muselier cette semaine.
"Notre investissement sera proportionnel au verdissement de son projet pour la région". a-t-il indiqué depuis son QG de campagne entouré de militants en liesse de voir la liste écologique en position de négocier.
"Notre électorat est décisif pour le second tour", insiste-t-il appelant lui aussi Jean-Laurent Félizia à se retirer pour faire barrage au Rassemblement national.
Le front républicain plébiscité
Notre sondage exclusif réalisé pour France 3 par Sopra Steria/Ipsos sur un panel de 3.001 personnes interrogées par internet, entre le 16 et le 19 juin 2021, montre que le front républicain est plébiscité à 54% si le RN l’emporte au second tour.
La délinquance (40%), l'immigration (29%) et le chômage (26%) sont les trois principales préoccupations des habitants en Paca, selon un sondage* Ipsos Sopra-Steria pour France Télévisions et Radio France dévoilé ce dimanche 20 mai.
64% des personnes interrogées se disent intéressées par les élections régionales, alors que les chiffres montrent un effondrement de la participation lors de ce premier tour.
Le taux de participation à 17h était de 45,36%. Au premier tour en 2015, le taux de participation était de 51,94%.
Une abstention expliquée par les sondés. En premier lieu, ils estiment que ces élections ne changeront rien à leur vie quotidienne.
Et pourtant, dans les compétences de la région, on retrouve les lycées, la formation professionnelle et l'apprentissage, l'aide aux entreprises, le transport régional des voyageurs, l'aménagement du territoire.
Autre argument mis en avant dans ce taux d’abstention élevé, les électeurs manifestent ainsi leur mécontentement à l’égard des hommes politiques en général.
Et en troisième position, les sondés expliquent ne pas voter car aucune liste ou aucun candidat ne plait aux votants.
Dans le même temps 63% des personnes interrogées avouent voter en prenant en compte le contexte régional.
52% des sondés estiment que si le RN l’emporte au second tour, ce ne serait pas une bonne chose.