Robert Gelli, ex-procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence, a pris ses fonctions lundi comme garde des Sceaux de Monaco, une nomination qui intervient alors que la Principauté est secouée par un scandale présumé de corruption.
M. Gelli, qui avait prêté serment vendredi devant le Prince Albert II, dont il dépend directement, va notamment devoir gérer le délicat dossier de corruption présumée qui implique le riche homme d'affaires russe Dmitri Rybolovlev et des responsables des autorités locales, dont Philippe Narmino, un ancien garde des Sceaux débarqué en 2017 à la suite de ce scandale retentissant.
La justice locale suspecte M. Rybolovlev, patron du club de football de l'AS Monaco, d'avoir tenté de s'attirer les faveurs de certains responsables locaux dans le cadre du conflit qu'il avait avec un homme d'affaires suisse, Yves Bouvier, à propos de la vente de tableaux de maîtres.
"Retrouver la sérénité"
La nomination de M. Gelli comme directeur des services judiciaires de Monaco, annoncée par le palais princier le 24 septembre, avait été motivée par le départ de Laurent Anselmi, nommé au gouvernement comme ministre des Relations extérieures.
Ce départ avait été justifié par le prince Albert II par son souci de voir la justice locale "retrouver la sérénité qui doit présider à son bon fonctionnement".
M. Anselmi avait refusé cet été de renouveler le détachement du magistrat français Edouard Levrault, qui enquêtait sur le dossier Rybolovlev. Il avait toutefois promis que l'instruction serait renforcée en Principauté et garanti que cette enquête délicate serait menée à son terme.
M. Gelli, ancien président de la Conférence nationale des Procureurs de la République, a été procureur de la République de Nîmes (2002-2012) puis de Nanterre (2012-2014).
Avant d'être nommé à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), il avait exercé la fonction de Directeur des affaires criminelles et des grâces du Ministère de la Justice (2014-2017).
Un magistrat français
L'arrivée de ce magistrat français, lui-même détaché pour une période de trois ans, met un terme à une parenthèse de treize ans au cours de laquelle ce poste avait été confié à des Monégasques, d'abord à M. Narmino puis à M. Anselmi.
Par ailleurs, le vice-procureur du tribunal de Marseille, Ludovic Leclerc, chef de la section des affaires économiques et financières, va rejoindre la justice monégasque comme juge d'instruction, a indiqué à l'AFP une source proche des autorités monégasques, confirmant une information du quotidien Monaco Matin.