Un accord entre les deux domaines skiables des Hautes-Alpes vient d'être négocié. Le coup de froid entre les deux stations cet hiver a provoqué 15 % de pertes de leur chiffre d'affaires. On vous explique pourquoi.
Le 10 décembre 2022, les domaines skiables de Vars et Risoul, dans les Hautes-Alpes, démarrent leur saison sans la liaison de jonction traditionnelle, "la Forêt blanche", qui permet aux skieurs de Risoul de s'entraîner sur les pistes de Vars, et réciproquement. Cela n’était jamais arrivé depuis l’instauration de cette liaison, en 1976.
- Pourquoi de telles tensions entre les deux domaines ?
Les domaines skiables de Risoul 1850 et Vars Les Claux se taillent la part du lion, mais la station de Vars est plus étendue que celle de Risoul, qui possède 65 pistes contre 44 pistes pour Risoul. La station de Vars est d’ailleurs la deuxième station la plus étendue des Alpes. Durant la saison hivernale, les skieurs de Risoul empruntent traditionnellement les remontées mécaniques de Vars. En compensation, la station de Risoul verse une soulte chaque année. "Un système de réversion qui ne correspond plus du tout à la réalité des choses", selon Christian Reverbel, directeur de la Sem Sedev, la société opératrice des remontées mécaniques de Vars.
- Qu'est-ce qui avait été décidé ?
Avant que ne démarre la saison 2022/2023, les stations ont commandé un audit indépendant. L’audit conclut que 540 000 passages de skieurs ont été effectués de Risoul à Vars. La somme s’élève à 1,2 millions d’euros. Le gestionnaire du site de Risoul, LabelleMontagne, applique alors une décote 30 % sur le montant, qui le fait chuter à 866 000 euros. Labellemontagne rétropédale et décide de plafonner la somme à 400 000 euros. Labellemontage évoque un versement conséquent qui ralentirait tout projet d’investissement et de développement de la station.
- Quelles ont été les conséquences ?
C’est un vrai coup de tonnerre pour les domaines. Par communiqué, Dominique Laudré, maire de Vars et président de la Sem Sedev, annonce que la liaison de la Forêt Blanche serait inactive pour la saison hivernale 2022/2023. Une liaison historique avec des bénéfices économiques non négligeables. Les pertes sont estimées à 15 % en cette fin de saison, entre la taxe de réservation à l’office de tourisme et moins de touristes sur les deux sites.
- Quelles sont les différentes réactions ?
En plus d’une perte des bénéfices générés par le tourisme, le président de la Région, Renaud Muselier, a décrété que sans accord à l’amiable, les stations seraient privées de leur subvention respectives, soit un million d’euros. "Qu’ils respectent leurs accords, la Forêt Blanche est essentielle", a asséné Renaud Muselier. En signe de protestation, le 28 mars, les professionnels du tourisme ont manifesté devant les sites respectifs de la Sem Sedev et Labellemontagne.
- Qu’est-ce qui a été finalement décidé pour les deux stations ?
C’est une avancée pour les skieurs qui pourront de nouveau se partager les pistes, l’hiver prochain. Une convention a été signée, actant d’un versement plafonné à 866 000 euros. Labellemontagne a versé 417 000 euros et s’acquittera de la somme restante. Lors d’un conseil municipal, une aide exceptionnelle de 150 000 euros a été votée par la commune de Risoul. Une convention pluriannuelle entre les deux domaines permettra enfin d’acter la réouverture de la Forêt Blanche, qui a tant manqué aux skieurs cet hiver.