Vendredi 12 juillet, les conseillers départementaux des Hautes-Alpes vont voter une délibération pour gérer les barrages hydoélectriques du département, notamment celui de Serre-Ponçon.
Celui qui possède les barrages, ne possède pas seulement la production d'une énergie électrique renouvelable, il possède la ressource en eau.
Vendredi matin, lors de la séance du conseil départemental, les élus haut-alpins vont voter une délibération pour gérer les barrages hydrauliques du département, notamment celui de Serre-Ponçon, au travers de Sociétés d'économie mixte (SEM) hydroélectriques.
Mise en demeure de la Commission européenne
Depuis plusieurs années, la France est mise en demeure par la Commission européenne, d'ouvrir à la concurrence la gestion de quelque 150 barrages. Pour cela, l'Etat doit remettre en appel d'offre ces équipements.Dans les Hautes-Alpes, les élus ne souhaitent pas voir confier la gestion de l'eau à des groupes privés ou étrangers. "Le processus de gestion de l'eau, c'est l'affaire de tous et va devenir un problème majeur dans les années futures, plus que le pétrole" confie Jean-Marie Bernard, président du département des Hautes-Alpes.
Dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, l'Etat prévoit la possibilité de créer un partenariat public-privé, sous la forme de Sociétés d'économie mixte (SEM) hydroélectriques pour exploiter les barrages. Ces sociétés nouvelles doivent permettre d'associer collectivités locales et entreprises spécialisées, selon une répartition du capital relativement flexible (34 % à 66 %). "Bien sur, si nous créons des SEM hydroéectriques, c'est pour être majoritaire et garder le pouvoir de décision" précise Jean-Marie Bernard.
Pourquoi créer des SEM hydroélectriques dans les Hautes-Alpes ?
Pour n'évoquer que le barrage de Serre-Ponçon, il a été construit entre 1955 et 1961 dans le but unique de produire de l'électricité, mais aujourd'hui, il joue un rôle beaucoup plus important."Serre-Ponçon est devenu avec les années, un haut lieu touristique du département, c'est 10 % du chiffre d'affaires touristique annuel des Hautes-Alpes" indique le président du département.
Plus largement, les élus haut-alpins veulent que les SEM hydroélectriques gèrent la ressource et l'usage de l'eau. L'eau potable de la Durance et du Verdon, par exemple, assure 27 % des volumes consommés en région Provence-Alpes Côte d'Azur, soit 165 litres par jour et par personne.
Cette ressource en eau permet d'irriguer plus de 100 000 hectares de terres agricoles et elle est également utilisée par les industries situées le long de la Durance, comme Sanofy, l'Occitane ou encore le CEA Cadarache.
"Nous devons préserver la ressource, mieux réguler les usages et partager équitablement la richesse créée" insiste Jean-Marie Bernard.
Le président du département des Hautes-Alpes espère convaincre ses homologues des autres départements de la région, de voter une délibération similaire. Jean-Marie Bernard doit rencontrer aujourd'hui, Renaud Muselier, président de la région Sud, ce sujet, devrait également être mis sur la table.