Manque de neige, coût exorbitant, dépense publique non nécessaire "No JO" a manifesté dans les rues d'Embrun ce samedi contre la candidature commune des régions Aura et Paca pour les JO d'hiver de 2030.
La décision du comité olympique ne sera rendue qu'en juin 2024, pour valider ou non la candidature des Régions Aura et Paca comme régions organisatrices et hôtes des Jeux Olymiques d'hiver en 2030.
En attendant, le collectif "NO JO" donne de la voix pour sensibiliser à cette" hérésie climatique". C'est sous une pluie battante, que le collectif a manifesté, en déambulation colorée et déguisée, ce samedi 16 septembre à Embrun (05) pour faire passer le message. La manifestation était soutenue par Extinction Rebellion, EELV, LFI et Solidaires 05. Cette candidature est jugée incompatible avec la raréfaction de la neige en altitude et les impératifs climatiques.
"La prise de conscience arrive"
"Nous, ça fait très longtemps qu'on est courant, explique Stephane Passeron porte-parole de "NO JO". Depuis deux ans, on tente de sensibiliser, c'est long car personne n'y croyait au début, mais ça y est la prise de conscience arrive".
Selon lui, "plus personne ne peut ignorer le dérèglement climatique". Et l'actualité semble lui donner raison, avec les évènements dramatiques en Libye et en Grèce. "La Grèce, berceau de l'Olympisme, est à feu et sang, puis inondée, le symbole est fort... C'est super les jeux à regarder mais par contre ce n’est pas indispensable à la vie sur terre".
Il n'hésite pas à donner en exemple, "les millions de touristes et supporters qui prennent des avions pour se rendre sur les compétitions, JO 2024 à Paris, coupe du Monde de Rugby..."
Le porte-parole de ce collectif est Stéphane Passeron, ancien skieur de fond professionnel et ancien entraîneur de l’équipe de France handisport insiste : " Avec ces 3 milliards d'euros de la région, on pourrait construire un hôpital, des écoles etc. Tout ce dont on manque cruellement en ce moment, elle est là l'urgence".
Les Alpes du Sud manquent déjà de neige
"Les stations de moyenne montagne ferment les unes après les autres, il faut se remettre en question : ça ne fonctionne plus, il faut changer la façon de faire", prévient Stéphane Passeron.
À l'horizon 2050, les stations situées en dessous de 1 800 mètres d'altitude devront fermer leurs pistes aux skieurs, faute de neige. Les Alpes du Sud, fortement touchées par le réchauffement climatique vont devoir s'adapter.
" Une étude récente affirme que 91 % des stations européennes ne pourront plus fonctionner d’ici la fin du siècle faute de neige, expose-t-il. D’ici 2030, peut-être que la moitié seront à l’arrêt", précise Stéphane Passeron.
La revue Nature Climate Change publiait le lundi 28 août une étude alarmante sur le devenir des stations de ski.
Selon Samuel Morin : "sans recours à la neige de culture, il apparaît que 53% des stations feraient face à un risque "très élevé" de manque de neige si la hausse était de 2°C. Avec une hausse de 4°C, c'est presque la totalité des stations (98%) qui se retrouvent dans cette situation."
Selon l'association nationale des maires des stations de montagne, "l'activité touristique en hiver représente neuf milliards de chiffres d'affaires et 72% des vacanciers pratiquent principalement le ski". Dans les Alpes, 158 stations sont implantées, et représentent plus de la moitié des stations françaises.
Les Jeux relancent l'économie, selon Renaud Muselier
Ce même samedi 16 septembre 2023, les Régions ont présenté leur candidature comme une formidable opportunité de développement économique. Une tribune de soutien aux Jeux a été publiée le matin même dans la presse locale.
Le président de la région Paca Renaud Muselier et une centaine d’élus haut-alpins mettent en avant les jeux comme « un second souffle à nos infrastructures, à notre aménagement, à nos hébergements touristiques et permanents, à notre accessibilité ».
Or pour les NO JO, "Le prix de l'immobilier va encore grimper, il y a trop de maisons secondaires, dans les Hautes-Alpes, il y a 70% de lits froids entre locations de tourisme et maisons secondaires", note Stephane Passeron qui déplore un problème pour se loger en location ou même pour être propriétaire déjà.
Et pour terminer, l'ancien sportif de Haut Niveau, devenu moniteur de ski de fond déplore "le manque de démocratie, le manque de concertation avec les habitants et une prise de décision en huit mois pour engager autant d'argent".
Et de conclure qu'on n'est plus dans l'âge d'or de la montagne et des sports d'hiver avec cette citation un peu pessimiste mais qu'il trouve très réaliste : "La croissance n'est pas infinie dans un monde fini. "