Des membres du collectif "Les Soulèvements de la Terre" ont installé leur campement sur le glacier de la Girose, pour retarder les travaux préliminaires du troisième tronçon du téléphérique de La Grave-la Meije qui devaient débuter ce lundi.
Le chantier devait démarrer ce lundi 9 octobre sur le glacier de la Girose. Les militants écologistes sont parvenus à bloquer les travaux en s'installant sur place ce week-end. Le téléphérique de La Grave-La Meije doit remplacer le vieux téléski actuel, entre le col des Ruillans à 3 200 mètre d'altitude et le sommet du dôme de la Lauze qui culmine à 3 568 m, au cœur du parc des Ecrins. Depuis que le projet est sorti des cartons en 2019, les opposants se mobilisent, craignant de voir ce haut lieu du ski freeride perdre son âme. France 3 Provence-Alpes revient sur cette polémique en X actes.
Acte 1: Le projet sort des cartons
En janvier 2018, le projet d'aménagement d'un 3ᵉ tronçon de téléphérique sur le glacier de la Girose est dévoilé. Il prévoit la construction d'un téléphérique partant du col des Ruillans à 3221 m d'altitude pour rallier le Dôme de La Lauze à 3559 m. L'ouvrage vient en prolongement de deux téléphériques permettant depuis 1978 d'accéder en 45 minutes depuis la Grave à 2400 m d'altitude puis 3200.
Ce 3e tronçon de 1,8 km doit permettre de démanteler le vieux téléski au fioul, construit en 1986, et qui permet aux skieurs d'accéder l'hiver à 3500 mètres d'altitude pour accéder à la seule piste sécurisée et damée du domaine de la petite commune de la Grave.
Acte 2 : Un collectif de citoyens se mobilise
Le 25 juillet 2019, la commune de la Grave, la Société d’Aménagement Touristique de la Grave (SATG) qui gère également les 2Alpes et l'Alpes d'Huez, en Isère, la Région et le département des Hautes-Alpes signent un accord pour financer le projet estimé à 12 M €. La mise en service du téléphérique est prévue pour 2023.
Mais les opposants entrent dans la bataille. Dénonçant un manque de concertation avec la population locale sur ce projet, le collectif “La Grave autrement” met en cause l'utilité de ce 3ᵉ tronçon, émettant également des doutes sur sa rentabilité. Le collectif craint également qu'à terme une jonction entre les trois stations voit le jour au sein d'un vaste ensemble touristique.
Acte 3 : Le commissaire-enquêteur donne un avis favorable
Le 16 février 2023, à l'issue de la consultation menée du 19 décembre au 20 janvier, le commissaire-enquêteur rend dans son rapport d'enquête publique un avis favorable un projet. Le collectif la Grave Autrement dénonce une "enquête très partiale"alors que l'assocation Mountain Wildness pointe pour sa part un projet "lourd, cher et impactant".
Rien n'y fait, le projet avance. Le maire de La Grave accorde le permis de construire à l'exploitant.
Acte 4 : Le recours des associations rejeté
Le 27 juin 2023, le tribunal rejette la demande en référé-suspension déposée le 25 mai par Mountain Wilderness France, La Grave Autrement, la Société Alpine de Protection de la Nature – France Nature Environnement 05, FNE PACA, FNE AURA, la LPO PACA et Biodiversité sous nos pieds pour empêcher le début des travaux.
Les opposants dénoncent les "graves irrégularités" de l'enquête publique, les "insuffisances de l'étude d'impact" et questionnent "la viabilité économique très incertaine du projet", s'appuyant sur une étude commanditée par le collectif La Grave Autrement, deux cabinets indépendants.
Acte 5 : Les Soulèvements de la Terre créent une ZAD à 3 400 m
Le 7 octobre, scientifiques, naturalistes et alpinistes occupent une partie du glacier où se trouve le chantier du téléphérique à 3 400 m d'altitude.
Partis dans la nuit, les opposants ont gravi les 2 000 mètres de dénivelé pour prendre position sur le rognon rocheux de la Girose, à l'endroit où doit être implanté un pylône. C'est la ZAD la plus haute d'Europe.
"La fuite en avant de l’industrie touristique est tout sauf une solution. Il ne s’agit pas ici de défendre La Grave comme une exception, mais d’imaginer d’autres futurs désirables pour les montagnes et leurs divers habitant
es", ont déclaré Les Soulèvements de la Terre dans un communiqué de presse.Les opposants se disent prêts à d'autres actions de résistance sur le site au printemps si le projet n'est pas abandonné d’ici là.