Les travaux préliminaires du troisième tronçon du téléphérique de La Grave-la Meije devaient débuter cette semaine sur le glacier de la Girose. Des membres du collectif "Les Soulèvements de la Terre", qui ont installé un campement sur place, ont fait retarder les chantiers ce lundi 9 octobre.
Un campement d'occupation à près de 3 500 mètres d'altitude. Depuis ce samedi 7 octobre, une petite dizaine d'activistes de l'organisation "Les Soulèvements de la Terre" ont installé des tentes sur le glacier de la Girose, lieu du futur téléphérique de La Grave-La Meije.
Fin février, une enquête publique avait rendu un avis favorable sur la construction d'un troisième tronçon de cette remontée mécanique sur le glacier à cheval entre les départements de l'Isère et des Hautes-Alpes. Ce projet, vieux de quatre ans, a connu un coup d'accélérateur début septembre avec l'annonce du début des travaux.
Mais, ce téléphérique fait l'objet de nombreuses critiques, notamment de la part d'associations environnementales. "Mountain Wilderness" ou le collectif "La Grave Autrement" dénoncent une nouvelle artificialisation de la montagne et la destruction d'espèces protégées comme l'androsace du Dauphiné.
Travaux reportés ?
Ce lundi, des chantiers préliminaires devaient débuter avant la pause hivernale. Ils ont finalement été repoussés : "Les travaux du troisième tronçon du téléphérique ont été bloqués. L'hélicoptère de la SATA [Société d’aménagement touristique de l’Alpe d’Huez, NDLR] est resté en stationnaire au-dessus du camp puis est reparti. Nous restons sur place avec l'équipe glaciaire des Soulèvements de la Terre, des alpinistes locaux et naturalistes attentifs pour nous assurer que le chantier ne reprenne pas cet automne", ont annoncé les membres des Soulèvements de la Terre sur place.
Le collectif, déjà associé à plusieurs luttes environnementales comme les bassines de Sainte-Soline ou encore le tunnel Lyon-Turin, espère l'annulation pure et simple de ce projet. "Ce glacier est l'un des derniers glaciers des Alpes du Sud. Alors que ce dernier a reculé d'un kilomètre en 35 ans et que 90 % des glaciers disparaîtront si nous atteignons les +4 degrés de réchauffement climatique, il est de notre devoir de les défendre", explique le collectif dans un communiqué.
"Ce projet, ouvertement non-rentable sans être accompagné d'opérations de promotion immobilière qui défigureront le village de La Grave, est piloté par la SATA - gestionnaire de l'Alpe d'Huez et des Deux-Alpes - qui a déjà largement bétonné les alentours. Ce monstre local du tourisme de montagne a pour objectif affiché de doubler la fréquentation des stations dont il est gestionnaire d'ici 2030, à l'horizon des Jeux olympiques (d'hiver)", poursuivent les opposants.
"Des gens qui ne respectent pas la loi"
Pour Fabrice Boutet, directeur général de la SATA en charge du dossier, l'occupation des lieux est inacceptable alors que du matériel a déjà été posé sur place : "Nous allons attendre la décision de la préfecture pour pouvoir reprendre les travaux, a-t-il annoncé. Cela fait deux fois que ces associations sont déboutées par le tribunal administratif. Nous avons donc les autorisations de la justice. Si on ne les avait pas eues, nous n'aurions pas engagé ces chantiers."
Le directeur de la SATA espère pouvoir reprendre les travaux dès ce mardi : "Nous sommes face à des gens qui ne respectent pas la loi, et qui ne connaissent absolument pas le projet. Nous ne réalisons aucune bétonisation et aucun projet immobilier. Nous allons juste démanteler un vieux téléski rouillant et le remplacer par un téléphérique presque invisible puisqu'il n'y aura qu'un pylône."
Cette remontée mécanique permettra, selon lui, à des "visiteurs, qui n'ont pas forcément la condition physique ou l'habitude de la haute montagne, de découvrir ce milieu, les glaciers et les dangers qui les menacent."
Haut-lieu du ski "freeride"
Le domaine de La Grave-La Meije est le royaume de la poudreuse avec une seule piste damée sur le glacier. Il attire donc des skieurs confirmés du monde entier, adeptes de cet environnement sauvage où la nature a presque tous les droits, hiver comme été. Une spécificité que toutes les parties souhaitent conserver. Elles achoppent cependant sur les moyens d'y parvenir.
Actuellement, deux tronçons de télécabines permettent de monter à l'entrée du glacier de la Girose. Puis, pour accéder tout en haut, à 3 500 mètres d'altitude, il faut rejoindre à pied le vieux téléski ou se faire tracter par une dameuse. Le téléski, vétuste, fonctionne au fioul. Tous s'accordent sur l'idée qu'il faut le démonter.
Les partisans du troisième tronçon veulent le remplacer par un téléphérique moderne qui partirait directement de l'arrivée des télécabines, à 3 200 mètres, pour rallier le Dôme de la Lauze (voir ci-dessous).