On connaît les déboires du moteur 1.2 Puretech, les airbags défectueux sur les C3 et les DS. Aujourd'hui un autre moteur s'ajoute à la liste des recours contre Stellantis : le diesel BlueHDI... Les propriétaires de véhicules équipés de BlueHDI sur différentes marques (Opel, Citroën, DS...) sont de plus en plus nombreux en 2024 à rencontrer des problèmes. Des défauts pouvant entraîner des pannes importantes, coûteuses et parfois mal prises en charge.
C'est un nouveau couac dans l'automobile. Après le scandale des airbags défectueux sur les Citröen C3, qui a entraîné le rappel de près de huit millions de véhicules dans toute la France depuis décembre 2023, puis des moteurs 1.2 Puretech, de nombreux automobilistes se plaignent de problème avec les BlueHDi, présents chez Peugeot, Citröen, Opel, Toyota et DS.
3900 euros à payer de sa poche
C'est le cas de Laurent Lefrere. Il a acheté une Peugeot 308 en 2020. En juin 2024, il envoie son véhicule chez un concessionnaire officiel, à cause d'un bruit suspect quand il roule. Le franchisé estime qu'il doit changer entièrement le moteur, pour un coût total de 3900 euros. La voiture est assez récente et il a peu roulé, mais il a été entretenu chez un garagiste indépendant en 2023. Le franchisé refuse donc de prendre en charge les frais. "Je suis passé voir le concessionnaire tous les jours, j'ai même fait un scandale. S'ils avaient fait un geste commercial, même si j'avais dû payer 2000 euros, j'aurais payé", déplore le client.
Je veux bien attendre deux semaines sans véhicule, pas six mois.
Laurent Lefrere
Celui-ci se tourne vers son assurance, puis vers la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, avant de contacter une association de consommateur. Après plus de trois semaines, Laurent Lefrere finit par céder et faire réparer son automobile dans un garage indépendant, pour 1130 euros. Si l'opération lui coûte moins cher que le devis initial, il craint de ne plus pouvoir se porter en justice contre le constructeur. "On ne va pas y passer des années. On m'a dit de ne pas faire réparer la voiture, que j'aurais gain de cause en justice, car c'était un problème très répandu, mais je veux bien attendre deux semaines sans véhicule, pas six mois". Aujourd'hui, il ne souhaite plus acheter de véhicules chez Peugeot.
"C'est une usine à gaz", des véhicules bloqués depuis des mois
Si sa réparation s'est faite plutôt rapidement, tout le monde n'a pas cette chance. Melik Adac, lui, est commercial dans une société qui roule en Peugeot depuis 25 ans. En juillet, son véhicule professionnel cesse de fonctionner, à cause de la chaîne d'arbre à came. "Un jour, je me gare en marche arrière chez moi. Le lendemain, je redémarre ma voiture, je roule 30 mètres et je cale. Comme je suis souvent sur la route, à cause de mon métier, j'ai dépassé les limites de kilométrage pour avoir droit à la garantie."
Aujourd'hui, son véhicule n'est toujours pas réparé, puisque les pièces à changer sont en rupture de stock et très demandées. Le commercial a donc tenté de contacter d'autres établissements Peugeot, sans succès. "C'est une usine à gaz. Mon concessionnaire Peugeot habituel n'a pas les éléments, donc il a fait un devis à mon garagiste pour les acheter avec une ristourne chez un autre franchisé de la marque. Mais quand mon garagiste s'est présenté dans un autre concessionnaire de la marque avec ce document pour obtenir les pièces, ils l'ont refusé en disant que chacun fixait son prix."
Une potentielle action en justice
Et pour Bahamou Salem, son garagiste, la situation aussi est compliquée. Le véhicule du commercial est bloqué chez lui depuis 3 mois. Les seules pièces de rechange qu'il a trouvé sont proposées à des prix prohibitifs ou n'ont aucune garantie d'être fiables. Alors, il préfère renvoyer les nouveaux clients faire leur révision chez le constructeur plutôt que dans son garage indépendant. "Je perds des clients, et ils doivent faire réparer leurs véhicules pour des tarifs qui sont 30% plus cher, regrette le professionnel. Mais au moins, ils peuvent toujours bénéficier de la garantie constructeur."
Alors plusieurs consommateurs sont allés chercher de l'aide sur les réseaux sociaux. Un groupe dédié s'est formé sur Facebook, avec plus de 5 000 participants. Et les membres envisagent de mener une action en justice, avec le même cabinet d'avocat qui a porté l'action contre les airbags.