Le procès des accusés dans l'assassinat d'Hervé Gourdel se déroule ce 18 février à Alger plus de six ans après les faits. Un soulagement des proches de la victime, guide de haute montagne originaire du Mercantour, enlevé et décapité par des jihadistes en Algérie.
Un procès très attendu. Ce jeudi 4 février, les accusés dans l'assassinat du guide du Mercantour Hervé Gourdel devait s'ouvrir à Alger plus de six ans après les faits, au grand soulagement des proches de la victime. En raison de l'état de santé du principal accusé, il est reporté à ce jeudi 18 février.
"Vu l'état de santé de l'accusé principal Hamzaoui, le tribunal décide de reporter l'affaire au 18 février", a expliqué le juge. L'homme en question, Abdelmalek Hamzaoui, est arrivé au tribunal en chaise roulante, et selon le médecin qui l'accompagnait, il est asthmatique et a été opéré de la hanche
L'audience devait initialement se dérouler ce jeudi 4 février. Pour les proches, que ce procès se tienne est un soulagement.
Notre famille est très heureuse. C'est bien que ce procès ait enfin lieu. J'attends de savoir comment les évènements se sont déroulés exactement et d'entendre les personnes qui seront présentes, surtout l'accusé principal,
Pour Aline Viguier-Le Griel, amie de la famille et présidente de l'Association qui s'est créée après son décès, ce procès "remue, ça relance, ça réveille des choses difficiles, comme pour toutes les victimes d’actes barbares, de terrorisme." Quand on lui demande si elle pense assister aux audiences, sa réponse est claire et simple : "pourquoi faire ? Ce n’est pas souhaité par la famille, c’est trop violent, trop compliqué et c’est déjà dur de vivre tout ça d’ici alors…"
Elle laisse un silence avant de reprendre, "Pas la peine d’être torturé".
Et puis il y a toutes ces inconnues liées aux conjonctures sanitaires certes mais aussi au terrain politique trop instable que connait le pays.
Pour elle, il y a bien des attentes malgré tout ; "celles du cœur, désormais écorché vif". La veuve d'Hervé comme son fils n’attendent pas la mort de ces gens, car ils sont dans autre chose. Rien ne leur ramènera Hervé. Mais comment, comment attendre vérité et justice d’un pays dont on ne connait qu’une atrocité, la pire de toute sa vie ?"
Qu’attendre de la justice algérienne dont on ignore tout ? Pour elle, des questions : "quel procès ? sous quelle forme ? quelles conditions, tout cela est très incertain".
Sept prévenus
Hervé Gourdel, 55 ans, avait été enlevé, selon les autorités françaises et algériennes, le 21 septembre 2014 à hauteur du village d'Aït Ouabane, dans la région de Tizi Ouzou, à plus d'une centaine de kilomètres à l'est d'Alger. Le groupe qui avait revendiqué l'enlèvement se nomme Jund Al-Khilafa Les Soldats du Califat".
Sept hommes, dont le seul suspect connu aux mains de la justice, Abdelmalek Hamzaoui, doivent comparaître devant le tribunal de première instance de Dar El Beïda, en
banlieue d'Alger. Quatorze personnes au total sont poursuivies dans cette affaire, dont sept sont jugées par contumace.
La compagne de Hervé Gourdel, Françoise Grandclaude s'est constituée partie civile au lendemain de l'assassinat.
Qui sont-ils ?
Membre présumé de Jund al-Khilafa, l'Algérien Abdelmalek Hamzaoui a été capturé et interrogé par l'armée. Il avait mené à la dépouille du Français en janvier 2015
au coeur du massif du Djurdjura en Kabylie (nord). Il est inculpé pour "enlèvement, torture et meurtre avec préméditation", ainsi que pour "création et organisation d'un groupe terroriste armé", des accusations passibles de la peine de mort en Algérie.
Sont également appelés à comparaître les cinq accompagnateurs algériens du guide niçois:
- Karim Oukara
- Hamza Boukamoum
- Oussama Dehendi
- Amine Ayache
- Kamel Saâdi, d'abord enlevés avec lui puis relâchés au bout de 14 heures.
Ce procès qui se déroule à l'étranger m'est d'abord très personnel. C'est un espoir pour les familles et les proches de victimes touchées par le terrorisme,
On ignore qui est le septième prévenu et quel est son rôle dans le drame. Il est reproché aux cinq accompagnateurs, des alpinistes habitués des montagnes du Djurdjura, de ne pas avoir prévenu les autorités qu'ils hébergeaient un étranger et d'avoir tardé à informer de son enlèvement.
La non-dénonciation de crimes est passible de cinq ans de prison.
Après le drame, plusieurs jihadistes impliqués dans la mort de M. Gourdel ont été tués lors d'accrochages avec l'armée algérienne, selon les autorités.
Un engagement des proches
Pour Aline Viguier-Le Griel présidente de "l'association Hervé Gourdel" les actions et la solidarité sont aujourd'hui primordiales : "depuis la création de notre association on tend la main aux autres. On se demande comment aurait réagi Hervé, qu’aurait-il fait ? Alors nos actions se nourrissent des valeurs qu’ils défendait et que nous partageons… La tolérance, la communication, l’entraide, la solidarité et l’éducation."
C'est ainsi que lors des intempéries dans les vallées en octobre dernier, les proches d'Hervé Gourdel se sont mobilisés.
Avec AFP