Smartphone, réseaux sociaux et écrans, cinq conseils d'un expert pour un bon usage sécurisé par les pré-adolescents

La rentrée des classes est l'occasion pour de nombreux pré-adolescents d'avoir leur premier smartphone. Une ouverture aux réseaux sociaux et aux jeux qui n'est pas sans danger. Voici cinq conseils d'un expert pour un bon usage des écrans par les plus jeunes.

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La rentrée des classes est parfois l'occasion pour de nombreux pré-adolescents d'avoir leur premier téléphone portable. C'est alors pour eux une découverte de l'outil et un possible accès aux réseaux sociaux et aux jeux qui n'est pas sans danger. 

Aujourd'hui, l'âge moyen du premier téléphone portable est de 9 ans et 9 mois en France, soit dès l’école primaire, selon un sondage Médiamétrie datant de 2020. Et 65% des jeunes de 11 à 14 ans ont déjà leur propre smartphone personnel, ils y passent en moyenne quatre heures par jour. 

Voici les cinq conseils que Didier Courbet, professeur en sciences de l'information et de la communication à l'université d'Aix-Marseille donne aux parents pour un usage raisonné et sécurisé du premier téléphone par leur enfant.  

    • Retarder le choix d'un smartphone

    Le premier téléphone donné aux enfants sert dans la majeure partie des cas à renseigner ses parents sur son transport et sur les imprévus qui y sont liés. Mais en primaire comme au collège, les téléphones sont interdits.

    Quand ils sont très jeunes, Didier Courbet préconise de "donner un modèle très simple, où il n'y a pas la possibilité d'aller sur internet et limiter l'usage à l'appel. Ou alors un ancien téléphone dont les parents ne se servent plus et bloquer l'accès à internet. Il insiste : car c'est toujours avec internet que commencent les problèmes..."

    Par internet, il entend les jeux vidéos mais aussi les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Snapchat et surtout TikTok, devenu très populaire depuis quelques années auprès du jeune public. 

    En France, l'Assemblée nationale fixe à 15 ans l'âge minimal pour s'inscrire seul à un réseau social. Entre 13 et 15 ans, le consentement de l'enfant et de ses responsables légaux doivent être demandés par les plateformes pour collecter des données personnelles.

    Officiellement les réseaux sociaux sont donc interdits au moins de 13 ans comme le rappelle ce tweet de la gendarmerie du Var. 

    "A 10-12 ans, ils n'ont pas encore la maturité pour aller sur les réseaux sociaux, il existe une certaine dépendance qu'on remarque et notamment pour les filles. Il faut protéger les enfants le plus tôt possible", expliquer Didier Courbe. 

      • Installer le contrôle parental et des filtres

      Il est aussi recommandé d'installer des filtres ou un dispositif de contrôle parental pour limiter l'accès à certains sites et notamment sur la pornographie. Un enfant sur trois a déjà été exposé à ce type de contenu.  

      "Voir de la pornographie pour de jeunes enfants peut engendrer des troubles liés à leur propre physique et être une source d'anxiété alors qu'ils n'ont pas encore eu leur puberté. Et ils peuvent aussi reproduire ce qu'ils voient dans leurs futures relations et avoir une vision biaisée de l'amour" décrypte Didier Courbet, qui vient de publier un livre "Connectés et heureux !"

      Voir de la pornographie pour de jeunes enfants peut engendrer des troubles liés à leur propre physique et être une source d'anxiété alors qu'ils n'ont pas encore eu leur puberté

      Didier Courbet
      • Instaurer des règles limitant l'usage du téléphone

      Avant de délivrer son premier smartphone à l'enfant, il est important que les parents réfléchissent à des règles pour poser les limites de son usage et qu'ils soient tout les deux d'accord là-dessus.

      Une boîte peut par exemple être mise en place pour mettre le téléphone au moment des repas ou des devoirs. "C'est nuisible au niveau de l'attention et de la mémorisation, lorsqu'on fait les devoirs, il faut l'enlever complétement de la vue de l'enfant. J'appuie là-dessus car même lorsqu'il est encore visible, il peut stimuler l'enfant", avertit l'universitaire. 

      Pour Didier Courbet, une règle est non négociable : "pas de téléphone dans la chambre le soir ! " Idéalement, les enfants doivent arrêter de s'en servir deux heures avant d'aller se coucher. Les impacts négatifs du téléphone ont largement été prouvés sur le sommeil des enfants. 

      Mais il est aussi important que les règles évoluent avec l'enfant pour lui laisser plus de permission lorsqu'il grandit. "Il faut bien réfléchir à chaque âge, à l'utilisation qui peut être faite du téléphone", précise Didier Courbet.

      • Surveiller tout changement de comportement de son enfant 

      Les impacts du téléphone peuvent causer de nombreux problèmes sur la santé de l'enfant. L'universitaire conseille de surveiller tout changement de comportement de son enfant qui peut résulter des jeux vidéos ou des réseaux sociaux.

      "Il peut développer des troubles anxieux, et notamment la peur de manquer quelque chose sur les réseaux sociaux et d'être exclu d'un groupe d'amis, alors qu'en fait il ne se passe rien mais l'enfant va sans cesse regarder son téléphone", décrit Didier Courbet.  

      Aujourd'hui, le risque d'addiction est reconnu par l'OMS pour une pratique excessive des jeux vidéos et notamment pour les garçons. Quand les filles de leur côté sont plus touchées par les réseaux sociaux et l'image qu'elles dégagent.

      L'utilisation de filtres à gogo est une résultante de ce phénomène que le professeur de l'université d'Aix appelle la dysmorphophobie. Cela peut même donner lieu à un trouble obsessionnel compulsif qui peut se terminer par de la chirurgie esthétique pour ressembler aux filtres parfaits des réseaux sociaux. 

      Sans oublier, les risques de  cyberharcèlement, qui contrairement au harcèlement ne se limite pas au cours des écoles, mais suit la victime chez elle même après une journée de cours.

      " C'est pour ça qu'il est important de voir si son enfant se sédentarise, parle moins et se renferme sur lui même, ramène des mauvaises notes. Dans tous les cas il faut réussir à instaurer un dialogue avec lui", conseille l'universitaire. Et en cas de besoin, consulter un spécialiste. 

      • Concilier liberté et vigilance

      Pour les enfants, avoir leur premier téléphone rime aussi avec une grande liberté qu'on leur accorde et notamment de pouvoir, entre autre, échanger avec leurs amis.

      "C'est très important d'être toujours dans la discussion, l'explication et le compromis avec l'enfant pour trouver des solutions qui conviennent à tout le monde, explique Didier Courbet. Et il ne faut pas que les parents voient le mal partout et que cela soit une source de conflit."

      Il met en garde contre l'espionnage et le fait que les parents puissent avoir les mots de passe des comptes de leur enfants, prônant "plutôt de les laisser libres mais d'être vigilants".  

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