Audrey Lorient est chevrière dans le Var. En février dernier, un cancer lui est diagnostiqué et elle n'a d'autre choix que d'embaucher une personne pour la remplacer auprès de ses chèvres. Mais cela a un coût. Une cagnotte en ligne a été lancée pour l'aider financièrement.
Audrey Lorient garde le sourire. Malgré le cancer digestif qu'on lui a diagnostiqué en février dernier, malgré la fatigue qui découle des séances de chimiothérapie qu'elle a commencées depuis plusieurs semaines, malgré les incertitudes qui demeurent quant à l'avenir de sa ferme et de ses chèvres.
Depuis une reconversion professionnelle réussie à Cabasse (Var) en 2018, l'ancienne assistante de direction vit pour ses biquettes. Un troupeau de soixante bêtes, parfois avec des cornes, parfois sans. Audrey les connaît toutes.
"Il y a Pimprenelle, Onyx, Oslo, Ruby...", les énumère-t-elle fièrement en les montrant du doigt, avant d'ajouter en souriant : "c'est pas des numéros, mes chèvres". Et bien malheureuse est-elle depuis qu'elle ne peut plus s'en occuper à cause de son cancer.
"S'il n'y a pas Mélina, c'est fini"
Outre la fatigue liée à la maladie, son médecin lui recommande le moins de contact possible avec la poussière et la saleté. "C'est quelque chose de difficile d'être contraint de ne plus pouvoir faire le métier qu'on aime, ça fait mal au coeur", confie Audrey Lorient. Ses chèvres, elles, doivent néanmoins être nourries, sorties et soignées.
Audrey a donc dû embaucher Mélina Blanc, une jeune femme de 21 ans qui vient de terminer un apprentissage de deux ans. Elle travaille avec Audrey à temps partiel, chaque matin. Pour Mélina, être ici était une évidence : "humainement, on ne peut pas laisser une personne comme ça en disant 'bon ben elle se débrouille', non, ce n'est pas possible. Il faut savoir s'entraider dans la vie".
"Et puis ce métier, il ne faut pas oublier que ça fait vivre les gens. Ça fait du fromage, pour d'autres productions de la viande...C'est super important", avance Mélina. Une solidarité dont Audrey est largement reconnaissante. "S'il n'y a pas Mélina, c'est fini", déclare-t-elle.
Une cagnotte pour pallier le manque de protection sociale
Malgré son lourd traitement médical, Audrey continue à s'atteller elle-même à la production de son fromage de chèvre. "Je n'ai pas le choix, Mélina n'est qu'à temps partiel", explique la chevrière. Même si elle est aussi aidée par son conjoint qui effectue des livraisons et lui donne un coup de main après son travail, c'est sur le plan économique qu'elle peine à joindre les deux bouts.
Pour la soutenir financièrement, la Confédération paysanne du Var a mis en place une cagnotte en ligne. Celle-ci a déjà recueilli près de 15.000 euros, sur les 22.000 dont Audrey a besoin pour employer Mélina dans de bonnes conditions jusqu'au mois d'octobre, date estimée de la fin des soins hospitaliers qu'elle suit entre Toulon et Marseille.
"Il y a un problème. Aujourd'hui, les paysannes et paysans ne reçoivent une allocation de remplacement que pour une durée de 30 jours de maladie et ce, une seule fois dans leur vie", détaille Nina Lejeune, porte-parole et membre de la Confédération paysanne du Var. "En tant que syndicat agricole, nous voulons nous battre pour qu'ils aient accès à des droits plus importants."
Après les 30 jours de prise en charge du salaire de Mélina par la protection sociale, Audrey devra donc la rémunérer elle-même. "Elle a besoin de l'argent de la cagnotte pour pouvoir se faire remplacer pendant ses soins", appuie Nina Lejeune. Après la chimiothérapie, Audrey enchaînera avec de la radiothérapie. Si cela porte ses fruits, elle sera opérée en octobre. L'éleveuse est pleine d'espoir.