A Ollières, dans le Var, à cause de l'assèchement de la nappe phréatique, l'eau du robinet est impropre à la consommation depuis samedi 16 juillet. A Bargemon, les habitants font face à des restrictions d'eau depuis déjà deux semaines.
Les habitants de Ollières, petit village varois, ont eu la surprise de découvrir samedi après-midi, vers 15 heures, que l'eau du robinet était coupée. Des particules en suspension dans l'eau ont poussé la mairie à prendre cette mesure drastique, après avoir effectué des analyses.
On a vidé le château d'eau, on l'a nettoyé, désinfecté et on l'a remis en service. Mais on s'est aperçu qu'il y avait toujours un dépôt limoneux
Arnaud Fauquet-Lemaitre, maire d'Ollières
L'eau courante a été rétablie dimanche matin mais elle a été déclarée impropre à la consommation humaine (alimentation, lavage des dents, préparation de denrées consommées crues...). L'eau peut en revanche être utilisée pour des besoins sanitaires.
Les nappes phréatiques qui alimentent la commune sont asséchées. A tel point que ce sont les sédiments qui sont pompés, et non le précieux liquide. Cette sécheresse est due à un hiver très peu pluvieux et une consommation d'eau qui augmente en période de forte chaleur. "Il y a aussi de la surconsommation, tout le monde ne réalise pas que l'eau devient une denrée rare et qu'il faut limiter sa consommation", pointe le maire qui a pris un arrêté municipal pour contraindre, entre autres, ses administrés à ne plus arroser leurs pelouses ou remplir leurs piscines.
En attendant que les nappes phréatiques ne se remplissent à nouveau, la mairie a organisé une distribution d'eau : trois litres par jour et par personne. Pour le moment, ils ont 6500 bouteilles en stock. De quoi voir venir puisque le village ne compte que 647 habitants, selon le dernier recensement de l'Insee en 2018.
Solidarité intercommunale
Pour s'approvisionner, ils ont pu compter sur la grand distribution mais aussi sur la solidarité des communes alentours et du département. Mais la situation pourrait devenir plus difficile si d'autres communes venaient à manquer d'eau, admet Arnaud Fouquet-Lemaire.
C'est déjà le cas à Bargemon, autre village varois, où les habitants font face à une pénurie d'eau depuis... deux semaines.
Les nappes phréatiques ont atteint un niveau critique le 2 juillet et, depuis, elles sont remplies par camion citerne.
"C'est une eau qui est propre mais très chlorée à cause du transport", explique la mairie. Elle peut donc servir pour la douche et les besoins sanitaires mais pas pour la consommation humaine. Les habitants doivent venir chercher des packs d'eau offerts par la commune.
D'autres communes sont concernées par les restrictions en eau. A Seillans, dans le Var, la consommation est limitée à 200 litres d'eau par jour et par habitant au moins jusqu'au 31 juillet. A Beuil, dans les Alpes-Maritimes, les nappes phréatiques présentent un déficit allant jusqu'à 80%.
Une situation amenée à se reproduire
"C'est dû à la situation exceptionnelle que l'on connaît : le très faible enneigement de cet hiver et les faibles précipitations : on arrive facilement à 50% de déficit de pluviométrie en moyenne en région PACA", décrypte Annick Mièvre, directrice de la délégation PACA et Corse de l'agence de l'eau.
Un phénomène qui s'est intensifié avec le réchauffement climatique.
Des épisodes comme celui-là, qui ressemble à la canicule de 2003 en encore plus intense, sont amenés à se reproduire et cela pourrait être un phénomène normal en 2050
Annick Mièvre
Même si la région connaît des phénomènes de sécheresse tous les ans, celui-ci a été particulièrement précoce : "on le voit avec les arrêtés municipaux qui sont pris de plus en plus tôt dans l'année, explique Annick Mièvre. Cette année, les premiers ont été pris en mars alors que normalement c'est plutôt mai/juin. Avant, c'était même au mois de juillet".
Stratégies de résistance des mairies
Face à cette situation, les mairies s'organisent. A Ollières, la municipalité a décidé de faire réaliser un nouveau forage pour alimenter la ville en eau, beaucoup plus profond cette fois. Les travaux devraient débuter en septembre.
Relier le réseau de la commune à une deuxième nappe phréatique pour sécuriser ses ressources en eau, c'est une technique assez courante dans les grosses collectivités, explique Annick Mièvre. Pour les plus petites collectivités, cela représente un gros investissement. "Cela va certainement augmenter le prix de l'eau", confirme le maire d'Ollières.
Il existe d'autres solutions pour réduire la consommation d'eau. A commencer par limiter les fuites dans les canalisations, responsables de la perte d'un litre sur cinq en France et quasiment un litre sur quatre en région PACA, selon les chiffres de l'agence de l'eau.
Dans l'agriculture aussi, il y a des efforts à faire. "Le passage à l'arrosage par aspersion - où l'eau est distribuée sous forme de pluie - permettrait de réduire par cinq le volume d'eau utilisé", explique la directrice de la délégation PACA et Corse de l'agence de l'eau. Deux tiers de l'eau utilisée en région PACA sert dans l'agriculture.