Canicule : sur la Côte d'Azur, les vignes souffrent, la "cuvée s'annonce catastrophique" alerte un professionnel

C'est une énième conséquence des fortes chaleurs et de la sécheresse : les vignes se meurent. Jusqu'à moins 40 % de production pour certains exploitants. On fait le point dans les Alpes-Maritimes et le Var.

Devra-t-on bientôt produire du vin chez nos voisins Anglais ou Belges, là où le climat est plus doux ? La question se pose, lorsque l'on voit que la sécheresse et les fortes chaleurs détruisent les domaines viticoles français.

A Nice, sur l'exploitation de Vincent Dauby, le constat est amer. Ses vignes font un mètre de moins que les autres années. Les grappes, elles, sont peu fournies, et les grains sont petits et acides. Rien de tout ça n'est bon pour la récolte.

"La vigne se met en mode survie, donc elle ne produit pas", explique le vigneron à notre micro, tout en effritant la terre sèche de sa parcelle. Ce dimanche 17 juillet, le mercure atteint les 36 degrés sur son domaine.

Sa production bio se situe sur le domaine de Bellet, un domaine réparti sur plus de 50 hectares. Perché à 300 mètres d'altitude sur les collines niçoise depuis le 18e siècle. Le vin produit sur ces terres, est d'appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis 1941.

Le vin blanc : moins "chanceux" que le rouge

L'altitude, n'aura pas épargnée les vignes. Cette année le déficit de pluie bat tous les records depuis 1959. Mais les cinq dernières années ont déjà été particulièrement sèches. Les vignes de Vincent Dauby, connaissent donc un important stress hydrique.

la sécheresse, c'est une chose, mais s'il y a la canicule par-derrière, ça va leur demander encore plus d'effort

Vincent Dauby, vigneron

Les vignes les plus anciennes résistent le mieux. C'est le cas de celles qui produisent le vin rouge, car elles ont été plantées il y a vingt ans. La production de vin blanc devrait être encore plus problématique. Au total, le vigneron estime que les pertes seront de 40 % et que seules 800 bouteilles de blanc pourront être vendues pour la cuvée 2022.

Pour résumer , "la cuvée s'annonce catastrophique", explique Vincent Dauby.

Le réchauffement climatique n'est plus un mythe sur les parcelles du vigneron, c'est une réalité désastreuse : " Avant, on avait des pluies en septembre, en octobre, ou novembre qui permettaient de recharger les sols", se remémore-t-il.

Aujourd'hui, la terre est tellement sèche que le peu de pluie qui pourrait tomber, ruissellerait sur les sols, sans même les pénétrer. Les risques pour la production de vin, sont ressentis par les professionnels dans toute la France.

La faible production n'est pas le seul problème

Si la faible quantité produite par les vignes inquiète l'exploitant, il y a aussi un autre élément à prendre en compte. En effet, sous les effets de la chaleur et à cause du manque d'eau, les grains de raisin risquent de ne pas atteindre la maturation souhaitée. 

Ce blocage de maturité se perçoit par leur petite taille et l'épaisseur de leur peau

Le suivi du mûrissement du raisin est essentiel pour déterminer le moment exact où celui-ci possède les caractéristiques voulues pour élaborer le vin que le vigneron désire faire. Mais celui-ci est variable selon les conditions climatiques, le cépage, ou les caractéristiques parcellaires. Cette année, le vin pourrait donc avoir un tout autre goût à cause du raisin produit.

Des solutions mises en place dans la région

Pour lutter contre la sécheresse qui touche l'ensemble de la région PACA, les vignerons tentent de trouver des solutions. Vincent Dauby, estime qu'il faudrait qu'il prépare ses sols en amont : "à l'avenir, je devrais amender ma terre avec du fumier pour que les vignes supportent mieux la chaleur." Mais le compost végétal, n'est pas l'unique remède trouvé.

En effet, dans le Var à Brignoles, deux variétés de vignes ont été croisées pour s'adapter à ces changements climatiques. "Tout en respectant la qualité des vins de Provence", assure Gille Masson, directeur du centre du rosé.

Laisser l'herbe auprès des vignes est également une solution pour conserver l'humidité. Enfin, certains vignerons seront tentés d'utiliser des biostimulants ou de nouvelles techniques d'irrigation.

Seul bémol pour cette dernière, lorsque les territoires sont placés en alerte sécheresse par la préfecture, les conditions d'arrosage sont strictement encadrées. En effet, pour les agriculteurs concernés, il est impossible d'arroser les cultures maraîchères et spécialisées de 9 h à 19 h. Il faut également réduire de 40 % les prélèvements en eau.

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