L'épisode de sécheresse qui touche la Savoie depuis plusieurs semaines suscite l'inquiétude chez les vignerons des Bauges. L'absence de précipitations ces trois derniers mois fait planer l'incertitude sur la récolte à venir.
Sur les pentes du massif des Bauges, les vignes présentent les premiers symptômes de la canicule et de la sécheresse. "Les feuilles du bas, qui sont les plus vieilles, sont en train de sécher. Et on voit le développement des grappes avec des grains qui sont tout petits, voire quelques traces d'échaudage, c'est-à-dire des coups de soleil", désigne Pascal Quenard, vigneron à Chignin, en Savoie.
La météo chaude et sèche de ces derniers mois n'a pas épargné ses 6 hectares de vignoble orientés au Sud. "A l'avenir, je ne sais pas ce que ça va donner. Il serait temps qu'il pleuve", espère le producteur du fameux Chignin-Bergeron, un vin blanc savoyard. Pas une goutte d'eau n'est tombée depuis trois mois.
Pour la première fois depuis 40 ans, l'exploitant a dû arroser les vignes plantées dans l'année pour les sauver. Pour les autres, plus anciennes, il n'y a rien à faire. "La vigne est déjà stressée donc il ne faut surtout pas pratiquer le rognage ou l'éperonnage. Il faut bien laisser tout ce qui est en place et la laisser tranquille, qu'elle se défende par elle-même", explique Pascal Quenard qui produit un vin bio.
Des vendanges de plus en plus précoces
Difficile pour le vigneron de savoir si la récolte sera bonne. Si les conditions météorologiques persistent, la quantité et la qualité devraient en pâtir. "Les vendanges vont se faire au mois de septembre, peut-être fin août pour les vignes qui n'ont pas trop souffert de la sécheresse. Mais on constate que d'année en année, c'est de plus en plus précoce, ajoute-t-il. Il y a une quarantaine d'années, on vendangeait début octobre et mon grand-père me disait qu'ils finissaient toujours pour la Toussaint."
Outre l'avancée des vendanges, le réchauffement climatique a provoqué une augmentation de la teneur en alcool des vins de Savoie. En 30 ans, ils sont passés de 10 à 12 degrés. Avec des épisodes de grêle ou de sécheresse de plus en plus dévastateurs, l'agriculture est l'une des premières victimes du dérèglement climatique.
La vague de chaleur attendue ces prochains jours, qui intervient après une première canicule précoce et un printemps particulièrement chaud, va encore aggraver la sécheresse des sols. L'Ouest savoyard, et notamment le massif des Bauges, sont placés en alerte sécheresse renforcée avec de nombreuses restrictions de l'usage de l'eau, notamment pour l'agriculture.
La profession attend l'entrée en vigueur, en janvier 2023, d'une loi sur "l'assurance-récolte" cruciale pour le secteur. Ce texte va instaurer "un régime universel d'indemnisation" et conduire à la création d'un pool d'assureurs. Des discussions sont menées pour déterminer les niveaux des franchises ou seuils à partir desquels les différentes prises en charge, des assureurs ou de la solidarité nationale, se déclencheront.
