Le 11 avril 1903 était inaugurée la route de la Corniche d'or qui relie Saint-Raphaël à Cannes. Connaissez-vous cette voie sculptée entre le porphyre rouge de l’Estérel et bordée par la grande bleue ?
La route de la Corniche d’or, avec sa vingtaine de kilomètre de littoral, représente un attrait touristique incontestable de la Côte d'Azur.
Côté terre, elle offre différentes portes d’entrées au massif de l’Esterel.km ses 11 kilomètres de sentier du littoral desservent les ports pittoresques du Poussaï et d’Agay.
Enfin, ses ouvrages d’Art tels que sa route, ses ponts, le viaduc à Anthéor, ou le phare d’Agay, constituent un véritable patrimoine d'ouvrages d'art mis en lumière il y a 120 ans par la réalisation de cette route.
Le Touring Club de France à son origine
À l’origine, au même emplacement, plus ou moins, de l'actuelle corniche, se trouvait le fameux chemin vicinal numéro 7. Il partait de la commune de Saint-Raphaël et se faufilait entre l’Estérel et la mer jusqu’à Théoule-sur-Mer.
Au printemps 1897, Abel Baliff, le premier président du Touring club de France demande à l'école des Ponts et chausées de Draguignan dans le Var l'étude d'un projet pour réaliser un chemin d’un mètre de large qui relierait Saint-Raphaël à Cannes.
Le maire de l’époque, Léon Basso, prend connaissance du projet. Visionnaire, il le rejette.
Selon, Jean-Luc Guillet, rédacteur employé de la mairie de Saint-Raphaël, Léon Basso aurait rétorqué : "Mais non, ce n’est pas ce qu’il faut faire ! Moi, je veux une route d’au moins cinq mètres de large minimum ! Parce que, quand cette voie sera ouverte, cela attirera un grand nombre de touristes et facilitera le tourisme dans l'Estérel. Si nous ouvrons une vraie route, maintenant, nous n’aurons plus besoin d’y revenir".
Moi, je veux une route d’au moins cinq mètres de large minimum ! Cela facilitera le tourisme dans l'Estérel.
Léon Basso, maire de Saint-Raphaël fin XIXe.
Son but : l’accès à l'Estérel
Dès les années 1890, le massif de l'Estérel est, relativement bien, aménagé en pistes. Les vélos peuvent y rouler, les calèches également et le chemin est pourvu de panneaux indicateurs pour éviter aux promeneurs de s'y perdre.
Abel Baliff est un amoureux et un habitué de l'Estérel. Il y pratique le vélo avec les membres de son club parisien. D’où cette idée d’aménager ce chemin cyclable et carrossable qui permettrait aux sportifs et aux touristes de pénétrer dans le massif de l'Estérel.
Pas bête, mais pas assez large pour le maire de l'époque !
Un projet pharaonique de 500 000 Francs anciens
"Les Ponts et Chaussées" travaillent d'arrache-pied sur ce projet colossal. La route est à inventer, à construire. La roche rouge est à percer. Des tunnels et des ponts sont à réaliser.
Coût du projet : 500 000 Francs anciens (2 134 477 d'euros).
Un appel à la souscription
Devant cette somme, gigantesque pour l’époque, Abel Ballif propose son aide au maire de Saint-Raphaël. Il lui propose de trouver les financements et de s'occuper de tout le côté administratif du dossier. À savoir, les relations avec les administrations telles que la compagnie du PLM, puisque le tracé est parallèle à la voie ferrée, les Eaux et Forets, le Ministère de l’agriculture.
Ce qui fût dit, fût fait. Abel Ballif organise pour le financement un appel à la souscription auprès des membres de son club et, mais aussi des particuliers. Au début du XXe siècle, pratiquement tous les propriétaires de villa Belle-époque vont apporter, qui de l’argent sonnant trébuchant, qui des parcelles de terrain pour faciliter le tracé.
C’est ainsi qu’à partir de 1898 les travaux sont engagés. 150 ouvriers d’origine italienne construisent ponts, murs de soutènement et parapets.
En hommage à cet homme, les mots suivants ont été gravés dans le roc : "A Abel Ballif, 1er Pdt du Touring Club pour son rêve de Corniche d’Or". Une plage porte également son nom du côté du Trayas.
5 ans d’études et de travaux
Ce qui est intéressant, à ce début du XXe siècle, c’est qu’il se passe exactement la même chose du côté de Mandelieu. Le maire de l’époque réfléchit à un tracé qui irait de Mandelieu au Trayas, le dernier quartier de Saint-Raphaël. Tout se met donc, en place, en même temps.
Cette partie de la réalisation de la route engendre des travaux titanesques qui vont percer la roche d’Anthéor, du Trayas et de Théoule-sur-Mer pour offrir une voie enfin carrossable aux hippomobiles, aux cycles et à l’automobile naissante.
Inauguration le 11 avril 1903
Le 11 avril 1903, après cinq années d’études et de travaux, la route est inaugurée en grande pompe. Le ministre des travaux public, suivi d'une escorte parisienne d’une centaine d’invités, de personnalités éminentes telles que le Grand Duc Michel de Russie, qui habitait Cannes sont présents. Plus de 200 véhicules sont mobilisés et mis à disposition par les différents clubs automobile de l’époque. Des centaines et des centaines de cyclistes, d’hippomobiles, de curieux et de locaux sont présents.
Tout ce petit monde part en procession jusqu’à cannes avec un arrêt au Trayas pour inaugurer la plaque souvenir.
Un long chemin de 1903 à 2006
Un an seulement après sa création, en 1904, la route est intégrée à la route nationale 7. Trente ans après, la circulation étant devenue trop importante, la nationale 7 reprend son itinéraire initial.
En 2006, la route de la corniche intègre la Nationale 98, pour être ensuite déclassée en départementale.
La corniche d'or fait son cinéma
De nombreux films ont eu la corniche d'or comme décor : Le Corniaud, Le Clan des Siciliens, L'Arnacœur.
Des séries comme "Extrême Limite", des spots pub, ou bien la chanteuse Angèle a tourné son clip de la “Thune” autour du Rocher St Barthelemy.
Récemment, la Corniche d'or a servi de lieu de tournage dans le feuilleton “Comme mon fils” avec Tomer Sisley.
120 ans : ça se fête !
Pour cet anniversaire, les Villes de Saint-Raphaël et de Théoule-sur-Mer ont proposé une journée d'animations et de festivités le 11 avril dernier :
Vous pourrez repenser à cette épopée sculptée dans le porphyre et l’azur en flânant sur la route.