François Léotard, dont la mort à l'âge de 81 ans a été annoncée ce mardi 25 avril a connu un parcours très lié au département du Var.
"François Léotard a servi l'État et porté une grande idée de la culture (...) Son Var natal, la France qu'il a défendue, la République qu'il aimait éprouvent aujourd'hui une grande perte", quelques mots postés par le président de la République sur son fil Twitter.
Un message pour annoncer la mort de cet homme politique dont l'histoire est intimement liée au Var.
Engagé en politique pour laver l'honneur de son père
Né le 26 mars 1942 à Cannes dans une famille de sept enfants, François Léotard se serait notamment engagé en politique en partie pour laver l'honneur de son père.
André, son père a été maire de Fréjus de 1959 à 1971, il avait été vivement critiqué à la suite de la rupture du barrage du Malpasset qui avait fait 423 morts en 1959. Certains l'avaient calomnié en l’accusant d’avoir détourné une partie de l’argent destiné à la reconstruction de la ville de Fréjus.
André Léotard et Antoinette Tomasi, originaire de Haute-Corse, fille d'Ange Tomasi (pionnier de la photographie), ont eu sept enfants, quatre filles et trois garçons, dont : Philippe Léotard (1940-2001), acteur, poète et chanteur.
Un père, ancien monarchiste et passionné de grande littérature française, a élevé ses enfants dans le culte de Charles Maurras, cet académicien originaire de Martigues (13) aux idées d'extrême droite.
Il voit en François son digne successeur. Mais, au désespoir de celui-ci, son fils abandonne ses études de droit pour faire vœu de silence.
Du séminaire à l'Assemblée, en passant par le Var
À 22 ans, François Léotard entre en effet chez les bénédictins. Il prend le nom de frère Honorat et vit reclus au monastère de la Pierre-qui-Vire, au pied du Morvan. Il renonce à ses vœux au bout d'un an et part au Liban comme coopérant. À son retour, il intègre l'ENA, où il fonde la première section syndicale CFDT.
L’ascension de François Léotard a été rapide et fulgurante. Dès sa première campagne électorale, il est élu maire de Fréjus, en 1977 puis député UDF du Var en 1978. Réélu en 1981.
En résumé : maire à 35 ans, député à 36, ministre à 44.
Secrétaire général du Parti républicain (PR), il s’impose comme l’un des chefs de file de l’opposition au pouvoir socialiste. Après la victoire de la droite aux élections législatives de 1986, le voilà ministre de la Culture dans le gouvernement de Jacques Chirac.
De 1998 à 2004, il est conseiller régional de Paca. Les résultats, qui placent la gauche en tête mais sans majorité, aboutissent à une situation tendue au moment de l'élection du président du conseil régional. François Léotard, dont les listes disposent du même nombre de sièges que le Front national déclare que le FN est une "formation néo-fasciste, qui pratique la haine et le racisme, l'antisémitisme et l'exaltation d'un passé qui n'a jamais existé."
Retour à Fréjus
Peu après le décès de son frère Philippe, il quitte la vie publique en 2004. Il abandonne tous ses mandats et décide de se retirer dans sa villa de Fréjus pour écrire des romans au maigre succès.
Il trouve le temps de lire, de sortir en mer mais aussi de faire un peu de lobbying pour une entreprise de déchetterie locale : Pizzorno. Il est épinglé en Tunisie par une commission d’enquête sur la corruption du régime de l’ancien dictateur Ben Ali. L’ex-ministre "a usé de son autorité et ses relations personnelles avec les responsables tunisiens pour influencer le cours du marché, le conclure en faveur de Pizzorno/Sovatram et donc s’octroyer un avantage injustifié (…) portant atteinte aux intérêts de l’État tunisien", accable le rapport.
Il est aussi condamné à deux ans de prison avec sursis et 100 000 euros d'amende dans l'un des volets de l'affaire Karachi.
Des affaires dans le Var
La carrière de François Léotard a été empoisonnée par plusieurs affaires. Comme celle du "mur" de sa villa de Fréjus, qui s'est soldée par un non-lieu, ou la découverte de faux tampons de la préfecture du Var dans sa mairie de Fréjus, qui le conduit à démissionner de son mandat de maire.
Ces « faux » tampons auraient été apposés sur les copies de sept délibérations municipales, datées du 19 décembre 1996, et portant sur la reprise par la ville des dettes de la société d'économie mixte concessionnaire de Port-Fréjus, dont François Léotard était le président.
Un matin de janvier 2013, il a été tiré du lit par les policiers lors d'une perquisition concernant l'affaire Karachi. "Entrez, bande de connards !", leur a-t-il lancé. Un coup de sang qui lui a valu une condamnation à 3 750 euros pour outrage à agents, plus 2 500 euros de dommages et intérêts aux parties civiles.
Des réalisations dans sa ville
À Fréjus, la base nature porte son nom. En son temps, le maire avait déployé beaucoup d'efforts pour mettre en valeur le passé archéologique romain de sa commune.
En 1981, il lançait sa propre radio locale, Radio Esterel Méditerranée (REM). Elle s'éteindra en 1989.
Dans son prolongement, Télé Esterel Méditerranée (TEM) voit le jour au printemps de 1984. C'est un Centre multimédia, l'un des premiers du genre en France, qui coiffe, à la fois la radio, la télévision, un atelier d'informatique qui émerge.
Mon idée, explique M. Léotard, était de provoquer, dans un même lieu, une confrontation de tous les médias, de façon à susciter des échanges enrichissants tant pour l'individu que pour la collectivité.
François Léotard.Le Monde, 11 avril 1986.
C'est à l'issue de cette période, qu'il est nommé ministre de la Culture (1986-1988), sous la présidence de François Mitterrand.