Les violences et les dégradations ont duré jusqu'à 3 heures du matin. D'après le procureur, ce sont des répliques à des actions de lutte contre le trafic de drogue dans le quartier de La Gabelle à Fréjus (Var). "On est sur la surenchère en permanence", affirme un syndicaliste d'Alliance.
Fréjus se réveille ce dimanche 9 mai après une nouvelle nuit de chaos. Les échauffourées ont duré jusqu'à 3 heures du matin avant que le calme ne revienne dans ce quartier situé à cheval sur la commune de Saint-Raphaël (Var).
Bilan : 4 policiers légèrement blessés, des voitures brûlées, du mobilier urbain dégradé, une dizaine de vitrines de magasins brisées. Mais pas d'autres blessés à déplorer d'après les pompiers.
Un véhicule de la police municipale incendié était garé et vide, en marge de l'artère où se sont concentrées les violences et a été incendié au moment de la dispersion des fauteurs de trouble.
"Une sorte de bataille rangée"
La police scientifique est sur place pour constater les dégâts. Des habitants sont venus vérifier l'état de leur voiture. Pascal Rosso a été réveillé à 1h30 du matin. Il a vu ce qui se passait de son balcon :
On a vu des jeunes, je pense qu’ils venaient de la Gabelle, ils ont commencé à batailler avec les policiers, une sorte de bataille rangée, ils voulaient monter des barricades. Ils ont voulu renverser la voiture qui n’a pas brûlé là-bas (…) Ces derniers temps ils tirent des feux d’artifice… Plusieurs fois ils ont brûlé des poubelles sur le rond-point. C’est malheureux, c’est malheureux d’arriver à des choses pareilles. On ne sait même pas ce qu’ils veulent. Je pense qu’ils sont gênés au niveau du trafic.
Que s’est-il passé ? Dans la nuit de samedi à dimanche, plusieurs dizaines d’hommes cagoulés et masqués, environ une soixantaine, ont participé à ces violences dans le quartier de la Gabelle à Fréjus (Var).
Un véhicule de la police municipale incendié était garé et vide, en marge de l'artère où se sont concentrées les violences. La voiture a été incendiée au moment de la dispersion des fauteurs de trouble, d'après la police.
Certains habitants ont filmé les scènes. Dans cette vidéo prise du haut d'un appartement, on distingue une rue presque complètement barrée par les flammes, des véhicules sont incendiés et du mobilier urbain.
Feux de poubelles et voitures en flammes
Lassés par ces nuisances sonores, certains habitants ont appelé la police qui a été prise à partie.
Sur place, les fonctionnaires de police ont essuyé des jets de projectiles. Ils ont dû appeler des renforts pour faire face à ce déchaînement de violences urbaines.
Dans ces différentes vidéos prises la nuit dernière et partagées sur YouTube, on entend des tirs d'artifices, on voit également des feux de poubelles, des voitures en flammes, des vitrines de magasins fracassées. Certaines vidéos ont été diffusées par le syndicat de police Alliance.
Lutte contre le trafic de drogue
D’après le procureur de Draguignan, Patrice Camberou, contacté ce dimanche matin, ce sont des répliques à des actions de lutte contre le trafic de drogue.
Le magistrat précise que les caméras de vidéosurveillance sont systématiquement détruites depuis quelques semaines dans ce secteur. Des violences récurrentes à Fréjus : les 16 et 25 avril derniers, ainsi qu'en mars, ce quartier avait déjà subi des actes similaires.
Il y a deux semaines, huit kilos de cannabis avaient été saisis dans ce quartier, a précisé la police sans faire de lien à ce stade avec les évènements de la nuit.
Le maire de Fréjus, David Rachline (RN), s’est exprimé sur son fil Twitter ce matin. Selon lui,"en l'absence des renforts nécessaires et de réponse pénale adaptée, le chaos continue de s'étendre".
Mon soutien indéfectible aux agents des polices nationale et municipale attaqués dans la nuit ! En l’absence des renforts nécessaires et de réponse pénale adaptée, le chaos continue de s’étendre... Il est temps de mettre fin à l’impunité des voyous et à la démission de l’Etat.
— David Rachline (@david_rachline) May 9, 2021
"Surenchère en permanence"
Il n'y a eu aucune interpellation, selon la police. Le quartier avait déjà connu des tensions ces dernières semaines mais "les violences sont montées d'un cran", a estimé la police. Sur place, un représentant syndical interrogé par France 3 Côte d'Azur, n'est pas étonné de cette situation :
C’est régulier, c’est tous les quartiers de France qui s’enflamment, qui s’embrasent. On a l’impression qu’on est sur la surenchère en permanence. A savoir, quel quartier fera le plus ? Parce qu’on a vraiment un sentiment d’impunité qui est total, c’est à celui qui cramera le plus de voitures, qui blessera le plus de policiers, qui fracassera le plus de commerces.
Compagnie de CRS
A la demande du maire et du ministre de l'intérieur, des renforts de police ont été déployés ce dimanche pour éviter une nouvelle nuit de violences.
Rapidement, Gérald Darmanin, a précisé sur Twitter qu'une compagnie de CRS, soit 70 policiers, serait déployée dimanche soir en renfort à Fréjus "pour faire respecter l'ordre républicain".
Les violences commises hier soir à Fréjus sont inacceptables.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 9, 2021
J’ai décidé de déployer dans la commune une compagnie de CRS, soit 70 policiers, en renfort ce soir pour faire respecter l'ordre républicain.
Tout mon soutien aux policiers blessés.
Des violences à l'encontre des policiers alors qu'à Avignon, un de leurs collègues, Eric Masson, a été tué par balles cette semaine.
A quelques semaines des élections régionales et départementales, l'insécurité, les violences urbaines et la lutte contre la drogue ressurgissent dans l'actualité.