Il s'agit du plus grand chantier hydraulique du département du Var. Un immense barrage, pour faire face aux risques d’inondations, au bord du massif de l'Estérel, aux portes de Fréjus et de Saint-Raphaël. Objectif du barrage de l'Aspé : réduire le débit de la rivière lors de très fortes pluies et renforcer la protection des biens et des personnes.
Sur le territoire d’Estérel Côte d’Azur Agglomération, la basse vallée de l’Argens est très inondable. Plus de 190 hectares, situés en zone urbaine de Fréjus et Saint-Raphaël dans le Var sont fortement exposés aux risques d’inondations.
Afin de protéger ces zones, divers types d’ouvrages ont été construits depuis 1979. Ils permettent soit d’empêcher directement les débordements des cours d’eau, par un système d’endiguement ; soit de stocker les eaux de pluie et de ruissellement en amont pour limiter ces débordements.
Ces ouvrages sont le fruit de l’urbanisation des communes. Ils canalisent les eaux pour faciliter leur entretien, leur gestion et uniformiser la capacité d’écoulement souvent réduite dans ces zones urbanisées, le béton augmente la vitesse d’écoulement et donc la capacité hydraulique d’un cours d’eau.
Lutter contre les inondations : première préoccupation des Raphaëlois
La lutte contre les inondations est un sujet prégnant pour les habitants de cette agglomération qui subissent régulièrement les impacts dramatiques des phénomènes de pluies méditerranéennes. Les plus mémorables, ceux de 2006, 2011 et 2019.
Dans les épisodes les plus violents, on peut même voir arriver l'équivalent d'une année de pluie en seulement 24 heures. Derniers en date, ceux de l'automne 2019. À deux reprises, à une semaine d’intervalle, le département a été frappé par des pluies diluviennes qui ont entraîné des crues, des inondations et des glissements de terrain sur environ 190 hectares.
En 2019, nous avons enregistré des chutes de pluie pouvant atteindre 200 litres d'eau par m2
Fabrice Fiquet Albin, directeur de la GEMAPI
"En 2019, nous avons enregistré des chutes de pluie pouvant atteindre 150/200 mm en 12 heures. C'est énorme ! Nous sommes sur 200 litres d'eau par m2", rappelle Fabrice Fiquet Albin, le directeur de la GEMAPI (l'organisme de gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations).
Depuis, la région essaie de s'adapter en créant notamment des bassins écrêteurs de crue, comme celui en cours de construction du barrage de l’Aspé.
Lors d'un sondage de la mairie de Saint-Raphaël à ses usagers en 2020, la première préoccupation de la population, à 82%, était que la commune œuvre contre les risques d'inondations.
Le message était simple pour les élus et l'objectif clair.
Mon objectif est que Saint-raphaël soit hors d’eau à la fin de mon mandat
Frédéric Masquelier -Président d'Estérel Côte d'Azur Agglomération - Maire de Saint-Raphaël
Le barrage de l’Aspé : le petit dernier encore en chantier
Petit dernier des 4 barrages déjà présents : le barrage de l’Aspé.
Cet ouvrage vient renforcer les édifices déjà existants du barrage des Cous sur la Garonne (1979), du barrage du Saint-Esprit sur le Valescure, du barrage du Peyron sur la Garonne et le Bassin du Castellas sur le Pédégal en 2008. Il vient surtout en binôme du bassin de Vaulongue sur la Garonne qui vient à peine d’être achevé.
Le choix de sa construction, déclarée d’utilité publique avec l’agrément environnemental, fait suite à plusieurs études successives de 2007 à 2014 qui ont conduit à un schéma directeur de lutte contre les inondations. Une mission de maîtrise d’œuvre lancée en 2016 a permis d’en définir la conception.
Situé au Sud du lieu-dit de Montrouge sur le cours d’eau du Vallon des Crottes, affluent de la Garonne à Saint-Raphaël, l'Aspé est destiné à réduire les risques d’inondations liées aux crues de la Garonne.
Il est constitué d’une digue en remblais de 190 mètres de long, 70 mètres de large et 15.5 mètres de hauteur. Sa capacité de stockage est de 186 000 m3, soit l’équivalent de 74 piscines olympiques !
Un tel ouvrage peut-il pallier des inondations comme celles de 2019 ?
Les experts sont catégoriques. Oui ! Le barrage de l’Aspé, couplé au bassin de Vaulongue, a été pensé pour.
Avec son réservoir, vide de 186 000 m3, l'Aspé va pouvoir contenir un épisode pluvieux similaire à celui de 2019.
Fabrice Fiquet Albin - Directeur de la GEMAPI
"L'Aspé n'a pas été placé là par hasard. C'est sur cette zone spécifique, située sur l’un des affluents de la Garonne, qu'il va pouvoir faire de la rétention pour écrêter les crues. Avec son réservoir, vide, de 186.000 m3 il va pouvoir contenir un épisode pluvieux similaire à celui de 2019. Ces deux ouvrages ont été dimensionnés dans ce que l’on appelle, dans notre jargon, un évènement cinquentenal" nous explique Fabrice Fiquet Albin, le directeur de la GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations.
Un chantier hors norme
Plus gros chantier hydraulique du Var, il a nécessité un savoir-faire spécifique aux entreprises qui travaillent à sa mise en œuvre.
L’Aspé, c’est un peu comme un énorme barrage calé dans une boîte à chaussure
Jérôme Rainaldi - ingénieur barrage de l'Aspé
Premier défi, selon Jérôme Rainaldi, ingénieur sur ce barrage, caler l’emprise du chantier sur la zone géographique allouée pour le réaliser : "L’Aspé, c’est un peu comme un énorme barrage calé dans une boîte à chaussure".
Autre exemple de contraintes qu'il a fallu gérer, le déplacement de 70 000 m³ de terre et la création de toutes les zones de drainages inhérentes à cette configuration. Pas simple vu le volume et le peu de surface de chantier. Sans parler des aléas météorologiques importants qui obligent à recaler, en permanence, le calendrier. Si les choses avancent comme il se devrait, le barrage de l'Alés devrait être mis en service avant la fin 2024.
Un chantier qui tient compte de son environnement
Comme tout chantier déclaré d’utilité publique avec l’agrément environnemental, d'autant plus dans ce cas, car proche de la réserve naturelle de l’Estérel, il a fallu que les ingénieurs chargés de sa mise en œuvre respectent tout un protocole environnemental pour protéger le site, lui-même, faune et flore comprises.
Nous avons dû créer un petit tunel spécifiquement pour les tortues Hermann.
Jérôme Rainaldi.
Par exemple, les personnes en charge du chantier ont dû déplacer des espèces protégées. Endémiques pour certaines. " Pour la petite histoire, nous avons dû créer spécifiquement pour les tortues Hermann, un tunnel qui ne fasse pas plus de 20 mètres de longueur sans lumière. Étant donné que la largeur du barrage fait 70 mètres, il a fallu sacrément se creuser les méninges ! C’est ce que l’on appelle, dans notre métier, une mesure d’évitement, réduction, compensation" nous explique Jérôme Rainaldi.
L'Aspé, au final, devra s’intégrer le mieux possible à son environnement afin de se rendre le plus transparent possible.
Jérôme Rainaldi
Autre mesure "d’évitement, réduction, compensation" spécifiquement lié à l'environnement, la végétalisation du site. L'Aspé, finalement, devra s’intégrer le mieux possible à son environnement afin de se rendre le plus transparent possible. Une des solutions apportée, la végétalisation du parement de l’ouvrage.
Le coût des travaux devrait s’élever à 5,2 millions d’euros HT.