Ce mardi 24 janvier a lieu le procès à Draguignan dans le Var de la jeune femme qui a fauché une famille le 12 août 2021 à Fréjus. Cet accident avait causé la mort d'un petit garçon de 7 ans et handicapé son grand frère de 9 ans.
Ce mardi 24 janvier, la famille, encore sous le choc, un an et demi après les faits, a tenu à être là, dans cette salle d'audience du palais de justice de Draguignan. Toute la famille, sauf Amine, décédé un soir d'été 2021, emporté par la course folle d'une voiture. Dans le prétoire, l'émotion est palpable. Dès les premiers instants, Stéphanie, la mère de deux victimes, s'effondre en larmes. Même si "rien ne pourra leur rendre leur fils Amine, et rien ne pourra leur rendre la santé de son frère", Maître Guyard, l'avocat de la famille, précise qu'il s'agit "déjà une première étape de mettre derrière eux une procédure qui a été longue et éprouvante".
On attend une peine proportionnelle à la gravité des faits et proportionnelle aussi à la conscience qu'elle a eu de cet accident, on souhaite évidemment que la justice passe avec une main ferme
Maître Grégory Guyard, avocat de la famille
Car il existe des circonstances aggravantes. Après avoir percuté la famille de plein fouet, la conductrice et sa passagère, toutes deux âgées de 24 ans, ont quitté leur voiture et "ont tenté de prendre la fuite" à pied. Ce sont des passants qui les ont stoppées. De plus, les analyses de sang de la conductrice révèlent la présence d'alcool et de stupéfiants.
La conductrice, incarcérée depuis un an à la prison des Beaumettes, à Marseille, est poursuivie pour homicide involontaire et refus d'obtempérer avec mise en danger de la vie d'autrui. Lors de son réquisitoire, le procureur de la République a également souligné le comportement "insupportable" de l'accusée lors de sa détention, rappelant également qu'elle a poursuivi sa très grande consommation de stupéfiants. Il a donc requit la peine maximale de 10 ans d'emprisonnement assortie de peines complémentaires comme l'interdiction de repasser le permis de conduire; ce qui est extrêmement rare en matière d'accident de la route.
Elle n'a jamais demandé sa remise en liberté parce qu'elle voulait payer le juste prix de ses fautes.
Maître Frédéric Monneret, avocat de la défense
Le verdict est tombé en fin d'après-midi : 7 ans d'emprisonnement ferme. Maître Frédéric Monneret, l'avocat de la défense, estime que la sentence est "justement" ramenée à 7 ans, soit 3 ans de moins que les réquisitions, au regard de "la personnalité d'une jeune femme qui n'a pas de casier judiciaire, et qui fait des efforts en détention pour s'améliorer".
La famille originaire de Metz était en vacances
Au rond-point des médailles militaires à Fréjus, il est 21h30, quand la vie de toute une famille bascule dans l'horreur. Une mère et ses deux enfants sont fauchés par une voiture qui semblait ne plus être sous . Au volant, une femme ivre. Selon les premières constatations, le puissant véhicule 4X4 circulait "à vive allure dans le centre-ville lorsqu'il a percuté du mobilier urbain, ce qui l'a ensuite projeté sur cette famille" avait précisé alors le procureur-adjoint, qui évoquait également une "conduite extrêmement dangereuse".
Lorsque les secours arrivent sur place, Amine, 7 ans, est "en arrêt respiratoire", il décédera quelques heures plus tard au Centre hospitalier Bonnet de Fréjus où il avait été transféré. Son grand frère de 9 ans, Naïm, très sérieusement blessé est évacué par hélicoptère sur Nice, il sera amputé. La mère est gravement blessée, le père indemne.
Des marches blanches pour ne pas oublier
Un an après les faits, l'instruction est clôturée le 5 août 2021, et une marche blanche est organisée à Fréjus. Au vu de leur état physique, Naïm et sa mère ne peuvent pas s'y rendre. Seul, le père d'Amine et Naïm a pu faire le déplacement depuis Metz où il réside avec la famille.
Depuis sa sortie de l'hôpital, Naïm se déplace en fauteuil roulant et n'a pas pu retourner à l'école. "Il a passé son année entre l'hôpital et le centre de rééducation", déclare Maître Guyard, l'avocat de la famille. Stéphanie, la mère, est toujours polytraumatisée et se déplace avec des béquilles.