Une marche blanche organisée ce 6 avril pour dénoncer l'euthanasie d'un chien suspecté d'avoir la rage a rassemblé plusieurs dizaines de personnes. Les propriétaires et associations dénoncent une "procédure abusive sans preuve ni indice concordant".
La pétition avait rassemblé plus de 18 000 signatures, le chien Toki a été euthanasié en janvier dernier à Hyères dans le Var. Les propriétaires et associations dénoncent une procédure abusive.
Le petit bichon, aurait croisé la route d'un chien malade de la rage (et décédé depuis) et serait suspecté d'avoir lui-même la rage. Or, le chien n'avait en fait pas le virus et ses propriétaires sont restés choqués du déroulement des choses.
Les associations de protection animale soutiennent les propriétaires et veulent alerter par le biais d'une marche blanche ce samedi 6 février qui a rassemblé une soixantaine de personnes.
Procédure d'euthanasie
France 3 Côte d'Azur avait recueilli le témoignage des propriétaires du chien dans un article détaillant jour par jour le déroulé de la procédure. En janvier 2024, les services de la DDPP (Direction Départementale de Protection des Populations) ont rendu visite au propriétaire de Toki et avaient dans un premier temps préconisé la surveillance et l'isolement du chien pendant douze mois.
Mais quelques jours plus tard, les mêmes services reviennent avec cette fois l'injonction d'euthanasie. Les propriétaires, sous le choc, essaient de porter recourt, mais rien n'y fait, le chien est dit "porteur de la rage" donc euthanasié. Sauf que les analyses faites après la mort du petit chien ont montré qu'il n'était pas infecté par la rage.
Le ministère de l'Agriculture explique alors, à la demande de France 3 Côte d'Azur, que : "la réglementation prévoit l’euthanasie des cas contacts avérés, la seule dérogation possible étant si l'animal est valablement vacciné au moment du contact". La rage tue près de 59 000 personnes dans le monde par an, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), en France aucun cas sur l'homme n'a été détecté depuis 1924, selon l'Institut Pasteur.
Aucun prélèvement biologique, ni aucun examen clinique n’ont été effectués pour relever une éventuelle blessure ou pour évaluer son comportement.
Valerie Bessière, propriétaire de Tokià France 3 Côte d'Azur en janvier 2024
Les propriétaires ne peuvent se résoudre à accepter ces dispositions : "Nous n’avons jamais été convoqués ou invités par la ville ou par la préfecture à faire examiner Toki."
Le 7 février, le chien est donc euthanasié, un mois et demi après avoir croisé un border collie importé illégalement en France et infecté du virus de la rage.
Une marche blanche pour plus de considération
Sur les réseaux sociaux, l'association Natachat, invite à une marche blanche :
Venez nombreux avec nous pour marcher pour Toki, pour sa famille aimante et dévastée, pour que d'autres animaux ne subissent plus une telle injustice,
Association Natachat sur les réseaux sociaux
Les associations demandent plus de considération pour les animaux et notamment les animaux de compagnie : "Toki a eu la malchance d'être là au mauvais endroit au mauvais moment. Cependant, il n'a pourtant eu aucun contact direct avec le chiot enragé et 52 jours après cette prétendue rencontre, Toki était en pleine forme" complète le message publié sur les réseaux sociaux.
Le couple ne comprend pas les "incohérences" comme le fait de ne jamais réaliser d'analyses sur le chien et de décider "arbitrairement" de son euthanasie.
Par cette marche blanche, les associations et les propriétaires veulent : "dénoncer les pratiques de l'administration, et faire que ça ne puisse se reproduire pour personne. Et que l'euthanasie ne soit plus appliquée par complaisance, de façon abusive, et plus au titre du "principe de précaution" quand il n'a pas lieu d'être."
Philippe Bessière et sa femme ont été touchés par la solidarité témoignée lors de la marche blanche, mais restent amères : "on aimerait que les responsabilités soient reconnues, et comprendre comment un chien importé illégalement peut se retrouver en France sans précaution..."
On veut obtenir des réponses pour comprendre ce qui s'est passé
Philippe Bessière à France 3 Côte d'Azur
Les animaux domestiques ne bénéficient pas d'un droit a proprement parlé, mais depuis 2015, un article a été rajouté dans le Code civil , et il est inscrit que : "Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité."
Le couple avait saisi le Conseil d'État (pour contester la décision administrative d'euthanasie) mais le chien est mort avant la décision. Le couple a alors décidé de déposer une main courante le 16 février.