Ce bateau emmène régulièrement depuis Sanary-sur-mer les touristes au large de la Méditerranée pour leur faire découvrir l'incroyable faune présente dans la mer. Une balade efficace aussi pour sensibiliser ces passagers à la cause environnementale.
Il y a des sorties en mer bien plus intéressantes que d’autres. Il est à peine 8h30 et déjà la Croix du Sud, à Sanary-sur-mer fait le plein de passagers. La mer est calme, aussi plate qu’un lac, et c’est assez rare dans la région pour le souligner : les conditions idéales pour une journée d’observation de la faune marine.
A bord, presque une centaine de touristes, passionné par l’environnement. Et ce jour-là, ils vont être servis. Maxime est le jeune capitaine du bateau. Un petit coup de corne de brume et direction le sanctuaire Pélagos. Une zone comprise entre Toulon, la Sicile et Fosso Chiarone en Italie. Depuis 2002, dans cet espace de près de 88 500 km², toutes les activités humaines sont réglementées. Résultat, la faune et la flore y sont ici bien plus présentes qu’ailleurs.
Dauphins, cachalots et rorqual au programme
C’est aussi une partie de la Méditerranée fréquentée par les mammifères marins entre avril et octobre. "Aux abords des grandes fosses marines, on compte un nombre insoupçonnable d’espèces", précise Aurélien Guay, l’un des scientifiques embarqués pour la journée.
"Lors de ces croisières à la journée, on rencontre évidemment des dauphins bleu et blanc, des grands dauphins, des dauphins de Risso, des globicéphales noirs, des cachalots...", détaille le guide naturaliste.
"Mais on peut aussi croiser la seconde plus grande baleine du monde, le rorqual commun. Ces baleines viennent ici nourrir leurs petits dans ces eaux tempérées pleines de plancton."
Aurélien Guayà France 3 Paca
Charlotte, une touriste parisienne arrivée la vieille par avion à l’aéroport de Hyères, a du mal à en croire ses oreilles. "Des baleines ? Ça alors, mais je croyais que c’était uniquement dans les océans ? C’est le rêve de ma vie d’en voir !"
"Les gros mâles peuvent mesurer jusqu’à 6 m"
Une fois Porquerolles et ses plages de sable fins dépassés, les quatre guides naturalistes, juchés sur les dossiers des bancs, jumelles sur le nez, scrutent la surface de l’eau. C’est l’un des secrets de ces sorties : savoir observer.
Méthodiquement, ils balaient avec leurs yeux la surface de l’eau à la recherche d’un aileron ou d’un souffle. Tous ont suivi une formation de "Whale watching", indispensable dans le sanctuaire pélagos.
Soudain, tout près du bateau et sans que personne les ait aperçus, un groupe de globicéphale noir surgit. Ils sont de la même famille que les dauphins mais bien plus imposants.
"Les gros mâles peuvent mesurer jusqu’à 6 mètres et peser 1,75 tonne", précise l'un des guides. "Ils rient", s’esclaffe Charlotte. C’est vrai que la fente buccale de ces mammifères peut faire penser à un sourire.
"Mais à l’intérieur de leurs gueules, se cachent de bonnes dents nécessaires à la chasse. Les globicéphales noirs se nourrissent de calamars", ajoute Aurélien Guay. Sur le corps, les mammifères portent de grandes traces dues à ses batailles en eaux profondes. Charlotte la Parisienne est déjà conquise.
Quelques minutes après, le festival continue. C’est une petite tortue caouane qui nage à la surface. Elle est accompagnée d’un aréopage de poissons-pilotes qui trouvent grâce à elle le gîte et le couvert.
"Cette année, une trentaine de pontes de cette espèce a eu lieu sur les côtes de la Méditerranée Française", détaille Aurélien Guay.
"C’est en partie dû au réchauffement climatique. Il modifie les courants de surface dans lesquels se déplacent ces tortues."
Auréline Guayà France 3 Paca
Charlotte ne sait pas si elle doit s’en réjouir ou en pleurer. "Des tortues sur nos côtes... ça alors."
"Pour protéger, il faut connaître"
Les passagers ont tous apporté un petit casse-croûte. C’est le moment des réflexions gastronomiques. On compare son sandwich, on évoque les vins de sa région, on partage quelques biscuits apéritifs et on oublie un peu trop la surface de la mer.
Heureusement, les guides naturalistes veillent. Au loin, ils ont aperçu un souffle. "S’il est vertical, c'est une baleine, s’il est penché, c'est un cachalot", explique Aurélien.
Le bateau fait route à la rencontre de l’animal. Mais attention, les règles dans ce sanctuaire sont très strictes : il est interdit de lui couper la route ou de s’approcher à plus de 100 mètres. C’est effectivement un rorqual commun, la seconde plus grande baleine du monde.
L’animal n’a pas l’air pressé. Il suit la même trajectoire. Toutes les cinq minutes, comme une horloge, il remonte à la surface pour respirer pendant quelques instants avant de sonder.
A l’intérieur de la Croix du Sud, c'est l’effet "waouh". Charlotte a les larmes aux yeux. Voir une baleine et sentir son souffle : l’expérience est indescriptible. En quelques instants, il semble même que sa vie pourrait prendre un autre tournant.
"Je suis venue en avion pour voir des baleines… C’est un peu contradictoire non ? Je vais prendre le train la prochaine fois et faire plus attention à mon comportement."
Charlotteà France 3 Paca
"C’est tellement incroyable cette rencontre, soupire-t-elle. C’est comme dans un rêve." "Pour protéger, il faut connaitre", ajoute Aurélien, un brin philosophe.
Après plus de 15 minutes avec la baleine, Maxime, le capitaine, change de route. Il va falloir songer à rentrer. Demain, peut-être, d’autres touristes auront comme Charlotte la chance de découvrir le peuple de la mer.