Suez veut implanter une unité de traitement et de stockage des déchets du bâtiment dans le Var. Un équipement qui fait défaut sur la Côte d'Azur. Ce projet suscite la colère des riverains : ils ont manifesté à Montauroux et une pétition en ligne a recueilli plus de 14.000 signatures.
Le panorama est splendide ! Pourtant, aux portes des Alpes-Maritimes, entre deux sites remarquables, le lac de Saint-Cassien et le massif de l'Esterel, la société Suez souhaite implanter un site industriel. Une unité de traitement et de stockage des déchets du bâtiment. Un équipement qui fait cruellement défaut actuellement dans la région.
La perspective de voir s'ouvrir une décharge de 55 hectares suscite la colère des riverains et des habitants du Canton de Fayence. Ils ont manifesté ce samedi 12 juin à Montauroux.
Jean-Marc Germain, habitant du Domaine de Séguret, explique : « le paysage va changer radicalement on aura une grande zone déboisée, aride avec des installations construites pour le traitement et les dépôts. (…) Ici, Nous sommes à 450 mètres de hauteur, forcément le bruit monte et les maisons seront directement impactées »
Le site se trouve administrativement sur la commune très étendue de Callian (Var) mais en réalité il est plus proche de Montauroux, à côté du terrain de motocross des Adrets. Le lieu s'appelle mine de la font sante car il s'agit d'une ancienne mine.
Une pétition recueille 14.641 signatures
Pourtant, officiellement, le projet a été retiré pour un problème de voirie. Suez doit donc revoir sa copie. Pour les opposants, cela ne signifie pas que le projet ne verra pas le jour. Au contraire, ils sont persaudés qu'une autre version sera présentée d'ici quelques mois aux autorités.
Depuis le début, un comité s'oppose au projet. Un groupe s'est créé sur Facebook. Une pétition en ligne a déjà recueilli 14.641 signatures.
Le 10 juin, période électorale oblige, les opposants au projet ont aussi distribué des tracts près de l'autoroute.
400.000 tonnes par an de déchets divers du bâtiment
Ils ont aussi envoyé des courriers à Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire et à Jean-Luc Videlaine, préfet du Var.
Ils dénoncent ainsi le projet : "ne laissons pas les appétits financiers et ambitions politiques menacer notre nature et notre santé. Un projet porté par le groupe SUEZ et la mairie de Callian, menace directement l'environnement de la région, et surtout l'eau de ce lac."
Selon les opposants, cette usine servirait à trier 400.000 tonnes par an de déchets divers du bâtiment. La moitié, soit 200.000 tonnes, resteraient stockées sur site.
Les opposants ont sorti les calculettes : "au bout de 30 ans d’exploitation annoncée cela fera 6 millions de tonnes de déchets pollués stockés au-dessus du lac qui seront un danger permanent pour notre alimentation en eau."
Pour les riverains, "le risque majeur", c'est la pollution de l’eau car le site se trouve juste au-dessus du lac de Saint-Cassien. Les riverains redoutent un écoulement direct des eaux pluviales ou par infiltration.
Cette pollution toucherait directement l’alimentation en eau potable des villes de Roquebrune-sur-Argens, Puget-sur-Argens, Fréjus, Saint-Raphaël, Mandelieu-la-Napoule et Cannes, soit 200.000 personnes des deux départements.
Le groupe d'opposants pointe d'autres inconvénients :
- le lac constitue une réserve d’eau en cas de sécheresse durable.
- le terrain est en zone rouge pour les incendies,
- le projet aggraverait les inonations à Mandelieu-la-Napoule "car il détourne les eaux de surface du bassin minier vers les Alpes Maritimes (500 000 m3 en cas de fortes pluies)
- les nuisances sonores avec le passage de 300 camions par jour.
- la dévalorisation immobilière
- le changement de paysage : le projet, situé en bordure d’autoroute, "défigurera les paysages de l’Estérel classé grand site de France."
"Des grands dépôts sauvages"
Mais pour le maire de Callian, alerté par les habitants, "le lac n'est pas en danger". Pour François Cavallier, maire de Callian et vice-président du département chargé des déchets, le véritable problème de santé publique est posé par "des grands dépôts sauvages de ces déchets" et par le manque de filières organisées :"On ne peut pas s'ériger contre ce phénomène en grande priorité et s'indigner dès qu'on trouve un endroit."
Le département du Var est un département attractif, où l'on construit actuellement beaucoup de maisons ou de résidences.
En août 2019, le maire de Signes avait été tué par un habitant qui déposait ses déchets sur un terrain en bordure de route. Il voulait verbaliser les ouvriers qui avaient jeté des gravats sur le bord de la route. Sa mort avait provoqué une vague d'indignation dans la classe politique et mis en lumière ce problème de traitement des déchets du BTP.