Des collégiens récompensés pour avoir imaginé les carnets de route de résistants fusillés à Signes dans le Var

Deux classes de troisième du collège Jean L'Herminier de La Seyne-sur-Mer dans le Var viennent de recevoir le prix du Gouverneur militaire. Ils ont imaginé les carnets de route des résistants fusillés à l'été 1944 dans le village de Signes.

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A Signes, au départ de la Route Départementale 2, un panneau indique le chemin : "Aux héros et martyrs de la Résistance, tombés pour la libération de ce vallon en juillet-août 1944".

Le "vallon des martyrs", comme le surnomment les habitants, est un endroit reculé, difficile d'accès. Ici, les 18 juillet et 12 août 1944, l'armée allemande a rassemblé et exécuté 38 hommes, avant de les enterrer sommairement dans deux fosses.

Quasiment tous étaient des responsables de la Résistance dans la région.

Depuis 1996, ce site est reconnu comme nécropole nationale. Un lieu de mémoire, où sont conservés les restes mortels de ces résistants assassinés à la veille de la Libération.

Son histoire est présentée dans un film réalisé en 1996 (Film d'une durée de 10 minutes et 53 secondes à voir sur le site du musée de la résistance)

Des carnets intimes, tels que ces résistants auraient pu les écrire

Les élèves de deux classes de troisième de La Seyne-sur-Mer se sont plongés dans cette page d'histoire dramatique pendant de nombreux mois.

Comment perpétuer la mémoire des disparus ? Ces élèves du collège Jean L'Herminier, encadrés par leurs professeurs de Français, d'Histoire-géographie et documentaliste, ont imaginé les carnets intimes que ces personnages auraient pu écrire au fil de ses mois, de ses années de résistance.

24 juin 1940. J'ai lu que le Général de Gaulle appelait à continuer la lutte et à résister. Je ne sais pas encore si je vais m'y engager. Les risques sont grands, mais je ne veux pas qu'on livre la France à l'Allemagne. Je vais y réfléchir. J'ai peur.

Ces propos, Jules Moulet aurait pu les écrire. C'est en tout cas comme cela que Virgil et Mattéo imaginent son parcours. Jules Moulet, hésitant en juin 40 prendra le pseudonyme de Bernard, au sein du Mouvement de Libération Nationale puis du mouvement Combat.

3 décembre 1940. Hier soir j'ai eu rendez-vous avec un Anglais. Après s'être échangé le code, je lui ai donné les plans de fortification du port. Il doit les transmettre à Londres.

Jules Moulet deviendra une grande figure de la résistance dans la région, où il sera notamment le chef du Noyautage des administrations publiques (NAP) à Marseille. Il sera arrêté le 13 juillet 1944, et fusillé à Signes le 18 juillet.

Son gendre, Jean-Paul Chiny, aujourd'hui président de l'Association régionale des familles de fusillés et martyrs de Signes et de Provence, a aidé les élèves à appréhender le parcours à la fois historique et intime de Jules Moulet.

Les élèves ont retrouvé tous les petits détails de la vie de mon beau-père.

commente Jean-Paul Chiny, ému par le travail qu'ils ont réalisé.

A cet âge, ils sont très sensibles à ces sujets. Très intéressés par la guerre, mais aussi par l'amour de l'autre, l'amour de la liberté.

Jean-Paul Chiny, très engagé dans ce travail de mémoire, a réalisé un site internet consacré à la Résistance marseillaise.

Les collégiens, eux, ont multiplié les sources d'information : rencontre également avec Robert Mencherini, historien du Musée en ligne de la Résistance en Provence-Alpes-Côte d'Azur, accès aux documents historiques de l'Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre, visite de la nécropole, des lieux de maquis, du mémorial du Faron à Toulon, les jeunes ont ainsi pu reconstituer l'histoire de ces résistants morts à Signes.

Après avoir imaginé et écrit leurs carnets intimes, les élèves les ont recopiés sur du papier qu'ils ont vieilli. Puis ils les ont enregistrés et ont réalisé un montage vidéo en les illustrant avec des images d'archives.

> Une compilation a été réalisée pour présenter ce travail :

Récompensés par le prix du Gouverneur militaire

Ce travail collectif vient d'être récompensé par le prix du Gouverneur militaire. Ce prix, dont l'objectif est de développer les liens entre la jeunesse et la Défense, est attribué chaque année depuis 9 ans. Ils est ouvert aux élèves des académies de Nice, Montpellier, Corse, Toulouse et Aix-Marseille.

Cette année, le Général Benoît Houssay, Gouverneur militaire de la Zone de Défense et de Sécurité Sud de Marseille, l'a donc attribué aux collégiens de La Seyne-sur-mer, dans une ambiance de post-confinement, tel que le montrent les photos de la cérémonie postées sur Twitter par le recteur de l'académie de Nice, Richard Laganier :

Delphine Castagnino, professeur d'Histoire-Géographie, l'une des enseignantes qui ont encadré le travail des collégiens, souligne leur engagement :

Ils se sont beaucoup investis, et ont consacré à ce projet bien plus que leurs heures d'Histoire-Géographie et de Français. Le montage final, prévu au début de confinement, a été compliqué. Mais, même à distance, ils ont réussi.

Quant aux élèves, le but ultime de ce travail ne leur a pas échappé, comme l'a dit l'un d'eux, Samuel, lors de la cérémonie de remise du prix du Gouverneur militaire :

Quand les témoins de cette époque ne seront plus là, ce sera à nous de rappeler tout cela, de rappeler à ceux qui ont tendance à oublier, à ignorer que les droits dont ils disposent, ils les doivent à des grands hommes comme les martyrs de Signes.

Il y a un an en cette fin d'année scolaire, des collégiens d'Antibes avaient reçu le prix Charles-Gottlieb pour leur journal web sur la Shoah. Par le biais de textes, de poèmes et surtout d’un journal web intitulé "Plus jamais ça", 25 élèves avaient accompli eux aussi un véritable devoir de mémoire et de restitution.

 

Un partenariat depuis trois ans pour le collège
Depuis trois ans, à l'invitation de l'Office National des Anciens combattants et Victimes de Guerre et du MUREL-PACA, musée de la résistance en ligne, une de ces deux classes de 3ème du collège Jean L'Herminier participe à la Journée d'Hommage de la Jeunesse à la Résistance au mois de mai.
Pendant cette journée les élèves présentent les travaux réalisés au cours de l'année sur ce projet, et participent activement à cette cérémonie d'hommage dans le Vallon des Fusillés à Signes. Une classe d'un lycée de Marseille et une autre d'un lycée de Manosque y participent également, puisqu'à Signes sont tombés des résistants arrêtés dans le piège d'Oraison dans les Alpes de Haute Provence, puis conduits à la Gestapo à Marseille.
Cette année, en raison du confinement, cette étape n'a pas pu être réalisée.
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