60 ans de la mort d'Edith Piaf. "C'est plus qu'un modèle", Anne Carrère, lui redonne vie sur scène

Anne Carrère, chanteuse toulonnaise qui a fait du répertoire d'Edith Piaf sa marotte depuis 2015, confie à France 3 Côte d'Azur son amour pour "la môme". Il y a 60 ans, le 10 octobre 1963, Édith Piaf disparaissait.

Elle baigne dedans depuis qu'elle est toute petite. Anne Carrère, chanteuse varoise, a dédié sa carrière de chanteuse à Edith Piaf. À l'occasion des 60 ans de la mort d'Edith Piaf, la chanteuse varoise nous raconte ce qu'elle représente pour elle.

France 3 Côte d'Azur : Selon vous, qu'est-ce qui reste de cette artiste 60 ans après sa disparition ?

Anne Carrère : "60 ans de disparition et toujours aussi présente dans le cœur des gens. Quand il y a des anniversaires comme celui-ci, Edith Piaf reprend une place très importante. Pour moi qui suis artiste, c'est encore plus touchant de pouvoir faire vivre les spectacles où je joue le rôle d'Edith Piaf. À chaque fois, je parviens à jouer des choses différentes parce qu'avec le temps qui passe, ce sont différents aspects de sa personnalité et de sa vie qui me touchent le plus".

Comment Edith Piaf vous a-t-elle séduite ?

"La première fois que j'ai entendu Piaf, j'avais 3 ans. Elle était très présente dans la discographie de mes grands-parents et notamment de ma grand-mère maternelle. On écoutait souvent L'hymne à l'amour et La vie en rose, les deux chansons les plus connues au monde (rires).

Quand j'ai commencé à chanter dans des mariages, le plus souvent on me demandait ces deux chansons pour l'entrée et la sortie de l'église. Edith Piaf, je l'ai donc chantée dès mes premiers pas dans ce métier.

En 2014, je l'ai davantage découverte lorsque j'ai passé une audition pour "Piaf ! Le Spectacle". Puis, j'ai décroché le rôle et je me souviens d'un soir, lors de la tournée au Mexique, à la fin, les gens pleuraient. Je ne m'attendais pas à ce retour si fort et si puissant ! La production m'a alors proposé de porter un spectacle sur Edith Piaf seule en scène et évidemment je l'ai fait.

Je me suis dit "vu l'importance que ça a pour les gens, je ne peux pas y aller comme ça sans savoir qui elle est vraiment". J'avais vu La Môme, mais sa vie et son vécu, je ne les connaissais pas vraiment, à part la grande histoire avec Marcel Cerdan. Alors, je me suis plongée dedans, j'ai rencontré Germaine Ricord et Charles Dumont et c'est là que tout se met en place. Je suis devenue fascinée par cette personnalité et j'ai compris pourquoi elle avait autant marqué le public."

De quoi parle votre dernier spectacle "Non, je ne regrette rien" ?

"J'ai monté quelque chose de plus personnel, plus vibrant, qui ne me ressemblait plus. J'ai voulu faire découvrir davantage la femme, celle qui se cache derrière l'artiste. Dorénavant, on est dans une société où on parle beaucoup de la place de femme dans la société. Pour moi, c'est un exemple de vie dans sa vie personnelle comme dans sa vie artistique. Elle a tellement apporté."

"J'ai envie qu'on parle de qui était cette femme qui, pendant la guerre a aidé les réfugiés et les juifs, cette femme qui a souffert, tant aimé mais toujours continué à se battre.

La ligne conductrice du spectacle, c'est l'amour. On aime un pays, une ville, un lieu, une personne, un amant, un ami, un enfant... Cela parle vraiment de l'amour dans sa globalité."

Quelles sont les chansons qui représentent cette facette de sa personnalité ?

"On a gardé les grands standards parce que les gens ont besoin de se raccrocher à quelque chose qu'ils connaissent. La foule, L'hymne à l'amour, Mon Dieu, Non, je ne regrette rien bien sûr... Pour certaines, on s'est rapproché des versions originales et pour d'autres, on a voulu un peu s'éloigner tout en restant fidèles aux mélodies."

"Mais dans ce spectacle, on revisite aussi des chansons moins connues de ses dernières tournées, notamment celles écrites par Franci Lai comme Musique à tout va, Emporte-moi...

On a aussi choisi des atmosphères originales avec medley (mélange de plusieurs chansons, NDLR) voyage, un medley guerre. J'aime beaucoup ce medley "guerre". Il donne une sombre atmosphère musicale avec cette énergie qui la caractérisait tant, la puissance des mots et des gestes.

Les spectateurs vont aussi découvrir un duo avec son dernier mari Théo Sarapo."

Comment se passe la tournée ?

"On a commencé à tourner avec ce spectacle il y a un an, le 15 octobre 2022 au théâtre Lino Ventura à Nice. On est partis ensuite au Brésil en avril 2023 et cet été, on a tourné au Brésil, au Chili et au Pérou. On devait terminer par le festival Grasse à Edith le 16 septembre dernier mais cela a été annulé à cause du mauvais temps."

Quel genre de spectacle avez-vous créé ? 

"Je suis seule en scène, dans la plus simple façon de faire. Sur certaines chansons, les musiciens font des chœurs, notamment sur la chanson Les Trois Cloches que j'adore et je n'avais jamais fait sur scène. Derrière moi, de chaque côté, il y a deux écrans géants qui diffusent des images inédites et des archives de l'INA d'Edith Piaf. On a vraiment voulu creuser pour proposer aux gens des choses qu'ils n'ont jamais vu, on ne voulait pas du réchauffé."

"On voit aussi des illustrations, des lettres écrites par Edith Piaf à Marcel Cerdan (le champion du monde de boxe français avec qui elle a vécu une grande histoire d'amour, NDLR), prêtées par le musée qui lui est consacré à Paris.

J'ai aussi rencontré deux formidables collectionneurs marseillais, Anthony Berrot et Jean-Paul Maziller, qui m'ont donné plein de photos et d'audios dont je n'avais pas connaissance. J'ai passé des heures avec eux à écouter des choses, à entendre Piaf parler... C'est incroyable d'écouter les répétitions parce qu'ils oublient qu'ils sont enregistrés. C'est magique tout ce que j'ai pu découvrir !"

L'entourage d'Edith Piaf vous a-t-il soutenu dans cette aventure ?

"Bien sûr ! Le spectacle est parrainé par Charles Dumont lui-même (un auteur-compositeur très célèbre pour sa collaboration avec Edith Piaf, NDLR). Il est même venu quand j'ai enregistré l'album Non, je ne regrette rien. La marraine du spectacle n'est autre que Germaine Ricord, qui est devenue bien plus qu'une passeuse d'informations, elle est devenue mon amie. Elle me parlait beaucoup de son vécu en première partie d'Edith Piaf et Charles Dumont.

J'ai aussi reçu de l'aide de Hugues Vassal, le dernier photographe d'Edith Piaf, qui est décédé très récemment, en avril dernier."

Qu'admirez-vous chez Edith Piaf ?

"Son vécu, sa force, son caractère, son charisme ! Il me semble que quand je la découvre, quand je la lis, quand je l'écoute elle parle toujours de ne jamais abandonner, ne jamais se laisser faire, il faut toujours aller au bout des choses, de ses rêves et de ses envies, surtout en tant que femme.

Elle disait toujours qu'elle n'avait pas peur de la mort, que la seule chose qui l'arrêterait, ce serait ça. D'ailleurs, tant qu'elle n'était pas morte elle voulait monter sur scène. Cet engagement de "je vais au bout des choses quoi qu’il se passe, quoiqu’'il arrive, je lève la tête et j'avance", c'est ça que j'admire le plus chez elle. C'est plus qu'un modèle."

Cela fait plusieurs années que vous interprétez Edith Piaf sur scène, vous n'avez pas peur de vous oublier ?

"Dans l'optique de suivre ce qu'elle était je me dis que, peu importe le regard de l'autre, si je ne suis plus moi, je vais être fausse et on ne me prendra plus au sérieux. Alors j'ai toujours décidé d'être la plus authentique possible. Être moi et pas elle parce que je ne le suis pas et je ne le serai jamais ! Il vaut mieux que je sois fidèle à moi-même, fidèle à mes émotions pour ne pas me fourvoyer dans des choses qui ne me ressemblent pas.

Il y a deux ans avec le Covid, je me suis dit que j'avais envie de la chanter différemment. Je ne voulais pas me retrouver dans l'imitation. Je n'avais pas envie de me faire happer par le personnage. Alors, je me suis éloignée du R roulé, etc. Et j'ai remarqué que plus je prends vie sur scène, plus les gens découvrent Anne Carrère au-delà de Piaf et plus ils semblent apprécier le spectacle."

Une équipe de France 3 Côte d'Azur avait accompagné l'artiste à New-York pour ses représentations en 2015 :

Est-ce que vous sentez que la région vous lie à elle ? 

"Je sais qu'elle allait à Grasse parce qu'elle avait une maison où elle a passé les derniers moments de sa vie, parce qu'elle était malade et qu'il fallait qu'elle se repose. Elle est décédée à Plascassier dans les Alpes-Maritimes. Dans les dernières photos de Hugues Vassal, on voit que le sud de la France lui fait du bien. Elle a le sourire dans les grands champs, avec ses bottes et sa salopette. On sent que le soleil lui fait du bien. Le sud de la France pour se ressourcer, pour se faire du bien, c'est idéal et moi j'adore ma région pour ça. Je suis originaire de Toulon et j'habite à Cuers. La première chose que je fais le matin c'est m'asseoir sur ma terrasse pour sentir le soleil sur ma peau, il n'y a rien de mieux pour commencer la journée."

Le 20 octobre, Anne Carrère fera deux représentations du spectacle "Non, je ne regrette rien" à l'Opéra de Nice, à guichets fermés. Ce sont des représentations réservées aux seniors du département des Alpes-Maritimes.

Edith Piaf disparaît à l'âge de 47 ans dans sa maison de la Côte d'Azur. Devant une foule de plus de 40.000 admirateurs, ses obsèques ont lieu à Paris où elle sera rapatriée en cachette.

Elle repose au cimetière du Père Lachaise depuis le 14 octobre 1963.

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