"De notre monde emporté" (Ed. le bruit du monde) a pour décor les chantiers navals varois, un univers que le romancier Christian Astolfi a lui-même côtoyé. Son quatrième roman est une plongée dans ce monde ouvrier, en bordure de Méditerranée.
Du cœur à l’ouvrage, il n’y a qu’une plume, celle de l’auteur natif de Toulon, Christian Astolfi. Pour écrire son quatrième roman publié aux éditions Le bruit du monde, le romancier s’est immergé dans le passé industriel du chantier naval de la Seyne-sur-Mer.
Un temps qu’il a connu dès l’âge de 16 ans, lorsqu’il est devenu apprenti, avant de devenir ouvrier charpentier et tôlier. L’intrigue du livre se déroule ces installations industrielles, tombées en désuétude, dont les premiers bateaux à rames et à voiles sont produits dès 1711.
Ce passé multiséculaire, l’auteur l’a convoqué pour structurer ce quatrième ouvrage qui paraît ce jeudi 7 avril.
"A l’origine, je voulais travailler sur l’amiante, sur la maladie de l’amiante, c’est ce qui m’intéressait parce que dans ma famille, j’ai été touché par ça. Et puis je me suis aperçu que cette fibre avait aussi une histoire industrielle, et qu’elle était liée à une histoire politique, alors j’ai élargi le spectre, et j’en suis arrivé à m’intéresser à la désindustrialisation de la France dans les années 1980." détaille-t-il au micro de France 3.
Cette France industrielle semblait inébranlable, mais la tertiarisation du pays a fini par s’imposer comme le notait l’INSEE dans nombre de ses études. Quelque 2,5 millions d’emplois industriels ont été détruits en France entre 1975 et 2009.
"A ce moment-là, vous avez des grands bastions industriels qui sont en train de s’écrouler, la mondialisation a fait son effet. Par exemple les charbonnages, la sidérurgie, et les chantiers navals. Dunkerque est concerné, la Ciotat est concerné, et la Seyne-sur-Mer", note celui qui s’est établi depuis dans la cité phocéenne.
Quand les socialistes épousent le libéralisme
De notre monde emporté souligne également le désenchantement de la classe ouvrière après l’élection du premier président de gauche de la Ve République, en 1981. Une période source d'inspiration pour Christian Astolfi.
Quand "la gauche arrive au pouvoir, sur un programme commun, avec les communistes, c’est le premier septennat de François Mitterrand, donc il y a beaucoup, beaucoup d’espérance dans la classe ouvrière."
En deux ans, la bascule va se faire parce qu’il va y avoir un désenchantement, puisque en 1983, finalement, les socialistes vont épouser le libéralisme, on ne peut pas dire les choses autrement.
Christian Astolfi
Ce terreau social inspire l’auteur, il va y faire évoluer son récit, comme un écho à son propre vécu. "C’est dans ce contexte là que je crée une fiction, avec des personnages. Le narrateur est un fils d’ouvrier, lui-même ouvrier, il va vivre les 15 dernières années de la fin des chantiers. On va traverser à travers lui, à travers ses camarades, leurs vies, leurs joies, leurs peines, leurs doutes, et leurs colères, leur lutte… Jusqu’à la fermeture des chantiers." poursuit-il.
Un fil rouge, comme une ligne de vie, qui va narrer les aventures de ces personnages jusque dans les années 1990 et leurs propositions de reconversion.
Le travail des hommes aux Forges et Chantiers de la Méditerranée :
Un auteur déjà primé
Christian Astolfi a quant a lui réussi son passage du monde industriel aux productions culturelles, écrivant au passage de nouveaux chapitres de sa vie en travaillant 25 ans en collège et en lycée.
Son premier roman, paru en 2007, Les tambours de pierre (Ed. La Chambre d'Echos), avait été sélectionné pour le Prix Robert-Walser en Suisse. C'est en 2014 et 2015, que son second roman Une peine capitale (édité par Flammarion, comme son troisième roman Cette fois je ne t'attendrai pas) remporte le Prix de la librairie L'étagère ainsi que le Prix du deuxième roman de la librairie imprimerie Colophon. Une distinction créée en 2000 par l'auteur Daniel Pennac, telle une reconnaissance de ses pairs.