En Paca, voilà pourquoi les étudiants auront du mal à trouver un job cet été

Face à une situation d'incertitude et d'instabilité inédite, beaucoup de recruteurs restent frileux dans la région PACA, habituellement riche en offres d'emplois saisonniers. La saison des jobs d'été risque d'être très pénalisée par la crise sanitaire.

L'été dernier, Elia avait trouvé un job en or.

Embauchée à Marseille, au Vélodrome, pour assurer la campagne d'abonnement du stade, la jeune bachelière avait signé un contrat de plus de deux mois. 

Un an plus tard, le Covid 19 est passé par là : "Je comptais sur ce poste cette année encore, mais tout est suspendu. On ne sait pas quand ni même comment la campagne d'abonnement aura lieu".

Revoir ses exigences à la baisse

L'étudiante a su fin avril que son job d'été était "sérieusement remis en question". Depuis, elle multiplie les démarches et les tentatives, restées infructueuses à ce jour. Ce matin-là, mi-juin, Elia ressort d'un entretien d'embauche, "prête à revoir ses exigences à la baisse". 

"On m'avait parlé au téléphone de trois semaines de contrat sur une mission d'accueil périscolaire dans une école, jusqu'aux grandes vacances".

Finalement, "lors du rendez-vous, ils cherchaient un agent d'entretien". Surprise, et un peu déçue sur le coup, Elia pense qu'elle ne décrochera pas le job, mais se dit "prête à postuler partout, dans la restauration, pour des inventaires, des ménages".

Comme elle, des milliers d'étudiants se retouvent fin juin sans assurance de pouvoir travailler cet été.

Des embauches annulées

Au Bureau d'Information Jeunesse à Toulon, on confirme : "Avec l'impact de la crise dans l'animation, l'hôtellerie, la restauration, c'est le flou pour eux", constate Reiza Guenifi, responsable de la structure.

Les entreprises des secteurs qui recrutent typiquement des profils étudiants en été ne manquent pas dans la région.

"Nous devions organiser le forum de l'été le 16 mars, jour du confinement. L'événement a d'abord été reporté, puis annulé. Nous attendions une quarantaine de partenaires avec un millier de jobs, et autant de candidats", indique le responsable du BIJ.

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Publiée par CRIJ Provence-Alpes-Côte d'Azur sur Mercredi 15 avril 2020

Depuis, les offres d'emplois ont disparu du circuit.

"Rien à proposer aux étudiants"

Mélissa Lehoulleur, responsable du recrutement dans une agence d'interim, à la Seyne-sur-mer, confirme : 

"La situation est improbable. A ce jour je n'ai rien à proposer aux étudiants". "Chaque année j'avais pour eux des postes de commis, d'agent d'entretien, mais là nous allons devoir recruter des personnes d'expérience", indique-t-elle.

"Avec les protocoles sanitaires très poussés, les employeurs nous ont demandé d'orienter nos recherches vers des profils plus qualifiés", précise Mélissa Lehoulleur.

"On navigue à vue"

Les étudiants, même motivés, risquent cette année de ne pas passer le cap de l'embauche. Des exigences nouvelles auxquelles s'ajoute le manque réel de visibilité.

"On sait qu'on va avoir des demandes, mais on ne sait pas quand", explique-t-elle.

"Il y a une instabilité très forte. Certains postes proposés sont finalement retirés ou retardés à cause des normes compliquées à mettre en place, ou en raison de problèmes de trésorerie qui arrivent", précise la responsable du recrutement dans cette agence d'intérim.

Certaines annonces arrivent sur les sites dédiés, relayées par les organismes jeunesse, mais le démarrage reste très tardif.

Du retard à tous les niveaux...

Dans cette société de vente ambulante sur les plages, même constat.

"On navigue à vue. Généralement à cette époque nous avons déjà mis des chariots en route sur certaines plages. Là je suis encore en train d'estimer le nombre de postes à pourvoir", explique Tristan Auffray, de la société Sosogood.

Sur le forum des jobs d'été, le gérant rencontre habituellement "une cinquantaine de candidats, en face à face". Cette fois il va passer par un recrutement en ligne.

Combien de jobs à proposer ? "L'an passé, une vingtaine. Nous sommes tributaires des octrois d'autorisation des mairies qui se font en avril-mai, mais là, aucune n'est encore réellement délivrée, on n'est pas sûr des plages où l'on pourra travailler", analyse Tristan Auffray.

"Je n'ai pas envie de recruter quelqu'un et de lui dire non ensuite", conclut-il.

... et des annulations pures et simples

Le secteur de l'animation aussi est fortement impacté. "Nous avons carrément annulé notre saison", indique Karim Mouley, gérant  de la société CERA.

L'agence de voyage varoise dédiée aux personnes en situation de handicap n'a pas pu maintenir ses séjours de vacances en raison des mesures sanitaires. Résultat, "30 à 40 accompagnateurs " parmi lesquels des étudiants, infirmiers notamment, qui ne seront pas recrutés cet été.

"C'était vraiment plus facile"

Rania Laalj, étudiante en Master 1 à l'IAE de Toulon cherche activement un job d'été depuis deux mois, "faute de stage : toutes les entreprises disent que c'est la crise", indique-t-elle.

La jeune toulonnaise se déplace chaque jour CV à la main. Hôtesse, caissière, vendeuse, elle a déjà de l'expérience, mais trouver du boulot "c'était vraiment plus facile".

"On me dit directement il n'y aura rien cette année, ou encore, que c'est l'incertitude, qu'on ne sait pas"explique Rania, qui "garde espoir, avec mon expérience et ma polyvalence. Je suis une personne optimiste".

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