Les premières traversées commerciales entre la Corse et le Continent en voilier ont été inaugurées. Une coopérative de transport de passagers propose une solution écologique : relier Toulon à Calvi à bord du Belle aventure, un voilier de 15 mètres.
La couchette est beaucoup plus cosy qu'un gros ferry impersonnel, ce n'est pourtant pas une croisière mais bien un moyen de transport pour relier le continent à la Corse et vice versa.
La coopérative de transport de passagers Sailcoop propose de voyager a bord d'un voilier. Le premier de la flotte est baptisé Belle Aventure. Un monocoque de 50 pieds, 15 mètres de long.
A raison de deux rotations par semaine pour l'instant, le voilier peut embarquer jusqu'à 10 personnes pour relier Toulon à Calvi en un peu moins de 20 heures.
Ca fait huit ans que je ne prends plus l'avion pour des raisons écologiques et je voulais aller plus loin
Maxime de Rostolan, sociétaire de la coopérative
Maxime de Rostolan explique : "je parlais sur les réseaux sociaux de mes projets et idées passés, sur le thème de l'écologie et petit à petit une équipe de 10 personnes s'est formée autour de ce nouveau projet".
Inauguré le 6 mai dernier, l'équipe se félicite d'avoir déjà plus de 150 réservations. Il faudra compter 180 euros pour un billet comprenant les repas (diner, petit-déjeuner et déjeuner).
L'équipe a fait plusieurs fois la traverser pour "tester" leur proposition. Sur les réseaux sociaux Maxime de Rostolan publie : "Il nous a dépassés vers minuit. A bâbord. Un paquebot de croisière tout illuminé, discothèque à facettes et 5 mâts pour le style. Club Med 2. Nous glissions à 6 nœuds, il devait en faire 3 fois plus au compteur. A part ce navire, démesuré même sous l'immensité du ciel étoilé, nous n'avons croisé aucun autre bateau au cours des 20 heures qu'ont duré chacune des deux traversées".
En revanche, bien-sur, il faut être conscient que ce n'est pas un bac donc il faudra oublier la voiture ou le vélo que l'on emmène avec soit et penser à prendre une petite valise.
Une alternative au ferry classique
Les ferries qui transportent les passagers, entre autre, vers l'île de beauté polluent l'air. Selon France Nature Environnement : "en Europe, la pollution de l’air du transport maritime est responsable de 50 000 à 60 000 morts par an selon les études".
Il semble, à ce stade, impossible de supprimer complètement les ferries qui transportent jusqu'à 4 millions de passagers par an au départ ou à l'arrivée de Corse, nous vous en parlions dans un article sur le poids des compagnies maritimes.
Pour cela, l'association préconise d'opérer des changements de carburants, de nouvelles technologies, l'installation d'épurateur.
Les ports de Méditerranée ont lancé un plan de 30 millions d’euros en 2019 pour lutter contre la pollution de l’air causée par les ferries et les paquebots. Parmi les mesures, celle de l'électrification des quais pour que les ferries ne laissent pas leurs moteurs allumés lorsqu'ils sont à quai.
L’objectif est de diminuer de 10 % la pollution globale dans les ports de Marseille, Toulon et Nice. Des navires de la Méridionale et de la Corsica Linea, qui relient Marseille à la Corse, sont déjà équipés
La Slow Consommation
La démarche de la coopérative s'inscrit dans un mouvement plus large de slow consommation. Ce type de prestation ne s'adresse pas à ceux qui ont un emploi du temps chargé, précis, mais plutôt a ceux qui souhaite et peuvent prendre le temps de consommer autrement.
Les voiliers seront soumis aux aléas du temps ainsi Maxime de Rostolan observait : "Le vent est...imprévisible. Et c'est là toute la folie de notre pari. Bons cobayes, comme beaucoup des passagers qui voyageront après nous, nous avions une contrainte de temps. S'il y a trop de vent, aucune question ne se pose : on ne quitte pas le port (et dans le cas des traversées Corse-Continent, nous pourrons proposer un report modal vers le ferry). Mais là, c'est plutôt un manque de vent qui caractérisa notre navigation. La veille du départ, un vieux loup de mer Méditerranée, au port de Toulon, avait rappelé et insisté sur cette évidence : souvent, on devra se résoudre à allumer le moteur."
La slow consommation qui vient de l'anglais "lent" invite les consommateurs a prendre le temps, de vivre, de consommer autrement, sans rechercher en permanence la performance et le gain temps. Le mouvement a été lancé dans les années 80, au départ en réaction à la malbouffe puis s'est développé dans différents domaines. A l'instar du vélo, le voilier est un mode de transport complémentaire à vivre au gré du vent.