Mort d'Eric Masson : personnalité de l'accusé, confrontation avec les proches... Quatre questions qui se poseront pendant le procès

Ilias Akoudad est jugé avec deux complices pendant 15 jours pour le meurtre du brigadier Eric Masson lors d'un contrôle à proximité d'un point de deal à Avignon le 5 mai 2021.

"Je conteste les faits qui me sont reprochés, je maintiens mes déclarations", a déclaré Ilias Akoudad à l'ouverture de son procès devant la cour d'assises de Vaucluse, lundi 19 février. Près de trois ans après le meurtre à bout protant du brigadier Eric Masson sur un point de deal, dans le centre historique d'Avignon, le dealer de 22 ans campe sur une position "intenable", selon les parties civiles, face à un dossier accablant. Ce procès est très attendu par la famille du policier et ses collègues.

France 3 Provence-Alpes vous détaille ce qu'il va se passer pendant ces deux semaines d'audience.

La personnalité d'Ilias Akoudad : que diront les psychiatres sur son profil ?

Vêtu d'un survêtement noir et gris lors de cette première journée d'audience, Ilias Akoudad fait face aux jurés, à la famille du brigadier Masson et à ses collègues. Il est accusé d'avoir tiré trois balles dont une mortelle sur le policier de 36 ans. C'est la personnalité du jeune Vauclusien qui est au centre des débats en ce début de procès avec l'expertise psychiatrique et l'expertise psychologique de l'accusé qui avait 19 ans au moment des faits reprochés. Depuis son interpellation quatre jours après le meurtre, il clame son innocence. Déjà condamné à six reprises, notamment pour trafic de stupéfiants, Ilias encourt cette fois la réclusion criminelle à perpétuité, pour "meurtre et tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique". 

Mardi, les jurés de la cour d'assises s'intéresseront à l'interrogatoire de personnalité des deux complices. Ismaël Boujti, 24 ans, est accusé d'avoir aidé le tireur et son complice en les cachant dans un local, qui lui servait d'épicerie clandestine. Il conteste lui aussi sa responsabilité. Le troisième accusé, Ayoub Abdi, 23 ans, accompagnait le tireur le jour des faits et a fui avec lui. 

L'audition des témoins : l'accusé savait-il qu'il tirait sur un policier ?

L'audition des témoins mercredi et jeudi tentera de répondre à des questions toujours en suspens.  L'accusé savait-il, comme l'affirment les conclusions de l'enquête, qu'il tirait sur un policier, ce qui constitue "une circonstance aggravante". ? Eric Masson, vétu d'habits civils, portait-il son brassard à la main ? L'agent a-t-il crié "police" quand le tireur a dégainé son arme ? 

Mercredi, les directeurs d'enquête seront entendus sur ces points, suivis jeudi des huit témoins des faits. La déposition d'une témoin, décédée depuis, sera également lue devant la cour. La deuxième semaine d'audience s'ouvrira le lundi 26 février avec le témoignage très attendu du coéquipier Romain Reynes. 

Ces témoignages tenteront d'éclairir ce qu'il s'est passé ce 5 mai 2021, vers 18h30, quand l'équipage du groupement départemental d'intervention (GDI) de retour d'une intervention à Carpentras a contrôlé une femme qui venait d'acheter du cannabis à un point de deal et que deux jeunes dealers les ont pris à partie. L'un d'eux a alors sorti une arme de poing d'une sacoche et atteint le brigadier Eric Masson de deux balles de 9 mm et visé le gardien de la paix Romain Reynes, sans l'atteindre avant de prendre la fuite.

L'audition des neuf parties civiles : comment réagiront les proches à la confrontation ?

Face à l'accusé, la famille occupe le banc des parties civiles. Dans cette salle d'audience ce lundi, les proches d'Eric Masson sont pour la première fois confrontés au meurtrier présumé du brigadier. Ils ont fait leur entrée au tribunal loin des caméras. Depuis les faits, ils observent la plus grande réserve. La compagne du policier abattu a toujours refusé de s'exprimer dans les médias, elle attend beaucoup de ce procès. Elle souhaite "que le principal accusé sot condamné à la peine maximale et que justice soit faite", a confié à France 3 Provence-Alpes, Me Sabine Gony-Massu, avocate de la compagne du brigadier, de ses filles et de son coéquipier.

Me Philippe Expert représente les parents d'Eric Masson et ses frères et sœurs au procès : "ils le vivent toujours avec douleur, tout cela est une reviviscence de ce drame".

L'interrogatoire des accusés : Ilias Akoudad continuera-t-il à nier ?

Au 8ᵉ jour d'audience, la matinée du mercredi 28 février sera consacrée à l'interrogatoire des accusés. Ilias Akoudad base sa défense sur la dénégation. Son avocat ne souhaite pas pour l'instant faire de déclaration.

"C'est une position qu'il occupe depuis le début de cette affaire, le procès va durer  15 jours, laissons à l'audience le temps peut-être de produire ses effets et par l'accumulation de preuves, si les débats viennent confirmer tout ce que l'instruction a pu mettre en exergue, nous verrons s'il évolue dans son positionnement", a estimé Me Philippe Expert. "Je ne vois pas comment il peut rester dans ce système de défense", pour sa part déclaré Me Sabine Gony-Massu. Le témoignage d'Ayoub Abdi, seul accusé à comparaître libre, sera déterminant. Au cours de l'instruction, il a reconnu qu'il était présent sur le lieu du meurtre le 5 mai 2021 et il a désigné Ilias Akoudad comme le tireur. 

La plaidoirie des parties civiles est attendue l'après-midi. Le procès s'achevera le jeudi. Le matin, l'avocat général fera ses réquisitions et la parole sera ensuite donnée une dernière fois à la défense, avant que la cour ne se retire pour le délibéré.

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