Le pont qui traverse Bédarrides, une commune du Vaucluse, est interdit à la circulation des poids lourds de plus de 3,5 tonnes en raison de sa fragilité. L'activité quotidienne des agriculteurs est impactée, en particulier dans l'organisation des récoltes qui approchent.
Rejoindre les terres réparties de part et d'autre des deux rives de l'Ouvéze est devenu un casse-tête. Alors que les poids lourds n'ont plus le droit d'emprunter le pont historique du village de Bédarrides (Vaucluse), des agriculteurs manifestent mardi 30 avril, forcés de faire un détour de 26 km. Un vrai coup dur avant la période de récolte.
Un détour de 26 km et 115 000 euros de surcoût
Lors d'un entretien avec le maire de la commune, le Préfet du Vaucluse et des représentants de la FDSEA du Vaucluse, les exploitants ont exposé leurs difficultés.
La vitesse des machines agricoles est limitée à 12km/h, et le détour de 26 km, conséquence de l'interdiction de traverser le pont roman, pèse dans l'organisation au quotidien, et sur le budget des exploitations agricoles.
Une dizaine d'agriculteurs concernés par cette traversée interdite aux engins agricoles ont chiffré le surcoût collectif de ce détour à 115 000 €. Ils ont pour cela mesuré le temps supplémentaire passé sur les routes, et les frais de carburant à engager.
Autre difficulté soulignée par les exploitants agricoles, le risque routier, aggravé selon eux par la circulation des engins agricoles déportée sur les routes départementales, notamment la D907, du côté de Sorgues et d'Entraigues.
Les agriculteurs demandent une dérogation
A l'approche de la récolte, la manifestation organisée ce mardi a pour objectif d'alerter l'opinion publique et les autorités.
"J'ai 1500 hectares à récolter, ça ne se fait pas à la main, et mes terrains sont répartis de part et d'autre de l'Ouvèze", nous explique l'un des agriculteurs devant son champ de luzerne.
Les rénovations du pont historique sont nécessaires, les agriculteurs en conviennent. Ils ont cependant demandé au Préfet du Vaucluse Thierry Suquet ce mardi une dérogation, l'autorisation de traverser le pont roman au moins durant les récoltes.
La crainte d'un accident
Pas de réponse pour le moment, si ce n'est une mise en garde.
Si le pont s'écroule demain quand quelqu'un passe dessus, l'urgence est aussi à ce niveau-là.
Thierry Suquet, Préfet du Vaucluseà France 3 Provence-Alpes
Difficile de trouver une issue à court terme d'après le représentant de l'Etat dans le Vaucluse : "Tout le monde a déjà travaillé sur le sujet sans trouver le bouton magique ou la baguette qui va tout régler."
Le Conseil Départemental a fait réaliser des études sur ce pont et travaille sur des projets à plus long terme. Le département sera aussi sollicité sur des solutions de plus court terme.
"Construire un pont dans un contexte de commune inondable et entouré de sept rivières n'est pas un geste innocent", a rappelé le Préfet du Vaucluse.