Viols de Mazan : les féministes se rassemblent devant les tribunaux de France pour "une loi intégrale" contre les violences sexuelles

Le procès des viols de Mazan et les révélations sur l'Abbé Pierre sont les derniers avatars médiatiques des violences sexuelles contre lesquelles des dizaines d'organisations se sont organisées vendredi en "coalition" pour réclamer une "loi intégrale". Des rassemblements ont eu lieu dans toute la France ce samedi 19 octobre devant les tribunaux.

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Elles ont fait cette annonce à la veille de rassemblements organisés ce samedi 19 octobre devant les tribunaux à travers la France par une cinquantaine d'associations pour soutenir les victimes des violences sexuelles. Plutôt que des "mesures parcellaires et éclatées", une quarantaine d'associations
et fédérations féministes et de protection de l'enfance, comme le Planning familial, l'Amicale du Nid, En avant toute(s), le Cofrade, ont réclamé vendredi "une loi globale". 

 "Un viol est un viol"

Près de 100 personnes ont répondu à l’appel de l’association Osez le féminisme, ce samedi 19 octobre, devant le tribunal judiciaire d’Avignon (Vaucluse) en soutien à Gisèle Pelicot, comme le rappelle les militants avec en tête de cortège écrit sur un drap blanc en lettres noires " soutien à Gisèle". "Un viol est un viol", pouvait-on lire sur les banderoles déployées sur les remparts de la ville. 

Le collectif Osez le féminisme 84 s'était fait entendre, avant l'ouverture du procès de Mazan, le lundi 2 septembre, devant le tribunal d'Avignon. "Violeurs, agresseurs, sécateur", "nous réclamons justice", avaient-elles scandé. "Nous soutenons l'épouse et victime de Dominique P.. Il l'a droguée pendant 10 ans, l'a ouverte au viol d'inconnus [...]. Plus de 80 hommes sont venus violer cette femme chez elle. Ce sont des crimes déshumanisant", expliquaient les militantes de l'association. Habillées de noir, elles avaient notamment scandé "Violeurs, on vous voit, victimes, on vous croit". Elles avaient également déployé une banderole depuis le mur d'enceinte de la vieille ville sur laquelle on pouvait lire : "La révolution sera féministe". Elles portaient plusieurs pancartes : "Ras le viol", "Violeurs la honte" ou encore "Peine maximale exigée".

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"Près de 130 mesures identifiées en prévention"

"Comme associations de terrain, nous identifions 130 mesures dans les domaines de la prévention, de l'éducation, de la police, de la justice, de la santé", explique à l'AFP Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes. Parmi ces mesures, la lutte contre "l'industrie pornocriminelle" et "la culture
du viol en ligne", le repérage de l'inceste lors d'"entretiens individuels annuels" avec les mineurs, des soins de psychotrauma pour les victimes remboursés à 100%. Les associations féministes "peuvent avoir des points de vue différents, par exemple sur la question du consentement, mais elles sont d'accord sur le fait que rien ne changera sans une approche globale, mieux financée et centrée sur les victimes", explique Mme Mailfert.

"Culture du viol" 

L'investissement nécessaire contre les violences, physiques, conjugales, sexuelles, est évalué par la coalition à 2,6 milliards d'euros par an, dont 332 millions dédiés en particulier aux violences sexuelles. Une cinquantaine d'organisations, féministes, étudiantes (Unef, Fage), politiques (LFI, PCF)  se sont mobilisés et ont organisé des rassemblements ce samedi pour soutenir Gisèle Pélicot, droguée aux anxiolytiques et violée par son mari et des dizaines d'inconnus recrutés sur internet à Mazan (Vaucluse), et plus largement toutes les victimes de violences sexuelles. D'Avignon à Toulouse, de Nice à Narbonne, en passant par Paris, Lyon, Marseille ou Clermont-Ferrand: des rassemblements sont prévus devant des palais de justice d'une vingtaine de villes.

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Osez le féminisme


L'objectif est de "demander à la justice de faire son travail", explique à l'AFP Elsa Labouret, porte-parole d'Osez le Féminisme. Quelque "94% des affaires de viol ont été classées sans suite en 2020", déplore la coalition, se référant à une étude de l'Institut des politiques publiques (IPP) publiée au printemps 2024. Les chiffres communiqués vendredi par la Chancellerie diffèrent toutefois : "Les affaires de viols portées à la connaissance de la justice sont passées de 13.000 en 2017 à 23.500 en 2022. Cette année-là, 68% de ces procédures transmises au parquet ont été jugées non poursuivables, après examen par un magistrat, sur des critères juridiques", selon le ministère.

Chercher les "preuves" 

"Face à une institution (judiciaire) en manque cruel de moyens et marquée par les préjugés sexistes, nous avons besoin d'un changement profond de la manière dont les viols et violences sexuelles sont jugés en France", ajoutent les membres de la coalition. Pour chaque plainte déposée, les féministes demandent ainsi que "certains actes d'enquête soient obligatoirement réalisés dans un délai raisonnable". "Il y a beaucoup de classements sans suite par manque de preuve, parce qu'on ne mène pas l'enquête. On ne recherche pas les preuves, le suspect n'est pas systématiquement convoqué, on n'interroge pas son entourage, on ne vérifie pas s'il y a dans son ordinateur des images inquiétantes", affirme Laura Slimani, directrice projets à la Fondation des Femmes.

C'est en examinant l'ordinateur de Dominique Pélicot, arrêté alors qu'il filmait sous les jupes de clientes de supermarché, que les enquêteurs ont découvert les centaines de vidéos et photos documentant les viols qu'il orchestrait sur sa femme. "Beaucoup de viols ne sont plus jugés devant les jurés populaires des assises, mais par des juges professionnels des Cours criminelles départementales. Les crimes les plus graves continuent d'être jugés en assises. C'est donc que le viol n'est pas grave ?", s'interroge Mme Mailfert.

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