Le tribunal de Carpentras a condamné à 5 ans de prison ferme l'agresseur de trois pompiers jugé ce mercredi. L'homme secouru comme victime, s'était emparé d'un fusil et avait tiré sur les secours. Une centaine de pompiers sont venus dire "stop aux violences" devant le tribunal.
Cinq jours seulement après les faits, l'agresseur de trois pompiers venus le secourir, a été jugé en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Carpentras.
Il a été condamné à cinq ans de prison ferme incompressible.
L'homme s'était blessé aux côtes par la chute d'une armoire. Sa femme avait appelé les pompiers. Mais lors de leur intervention, la victime s'était emparée d'un fusil et avait tiré à six reprises sur les secours. Par chance, les intervenants avaient réussi à se protéger, tout en couvrant la famille du forcené. Ce dernier avait été arrêté par les hommes du raid.
En soutien à leurs collègues, une centaine de sapeurs pompiers ont tenu à se rassembler devant le tribunal de Carpentras ce mercredi après-midi.
#TouchePasAMonPompier | + de 100 sapeurs-#pompiers volontaires et professionnels du @sdis84 sont venus soutenir les collègues agressés par les tirs de fusil à #Carpentras. Un rassemblement pour dire stop aux agressions et aux violences envers ceux qui sauvent et protègent. pic.twitter.com/2Z4dKweREJ
— Pompiers de France (@PompiersFR) December 30, 2020
Volontaires comme professionnels des services de secours veulent "dire stop aux agressions et aux violences envers ceux qui sauvent et protègent".
Le problème n'est pas nouveau. Il y a deux ans, est né le mouvement #TouchePasAMonPompier. L'année 2018 avait enregistré 450 dégradations d'engins de secours, dues à des agressions. mais les violences se multiplient.
La sanction est tombée en comparution immédiate : 5 ans de prison ferme incompressible pour « l’agresseur-tireur »des 3 sapeurs-#pompiers venus le secourir.#Carpentras#TouchePasAMonPompier https://t.co/J281TNSsi0
— Grégory Allione - FNSPF & ODP (@AllioneFNSPF) December 30, 2020
"Etant donné le contexte particulier et complexe dû à la crise sanitaire, il y a un phénomène de tension sociale qui se développe, explique le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Eric Brocardi. Et nous, pompiers comme gendarmes, porteurs d'uniformes, nous représentons l'Etat, la force nationale. Nous nous retrouvons face à des victimes qui peuvent changer subitement de comportement, et devenir très agressives".
Des actes de folie, comme celui de Carpentras, visent des uniformes. On l'a vu récemment avec l'agression mortelle de trois gendarmes dans le Puy-de-Dôme.
"Il y a une colère envers les uniformes, et nous sommes face à cela, poursuit Eric Brocardi. Les pompiers sont las de cette situation. Le problème n'est plus uniquement celui des banlieues. Ces histoires arrivent maintenant chez Monsieur et madame tout le monde".
Les fédérations de pompiers réclament plus de mesures pour sécuriser leurs interventions. En d'autres termes "il faut d'abord réussir à se protéger avant de protéger les autres", rajoute Eric Brocardi..
La sécurité des pompiers au coeur de la loi
La commission des lois du Sénat a créé l'an dernier une mission d'information sur la sécurité des pompiers. Il en est ressorti 18 propositions, qui ont été adoptées en raison de ce constat :
"Les agressions dont sont victimes les sapeurs-pompiers sont en augmentation constante : en dix ans, avec 1 914 agressions de plus en 2017 qu’en 2008, elles ont connu une hausse de 213 %. Les statistiques des cinq premiers mois de l’année 2019, supérieures de 50 % à celles relevées sur la même période au cours de l’année 2018, confirment cette augmentation tendancielle".
"La caméra portative est en train d'être déployée pour les pompiers, après celles de la police. Des films de protection sont installés sur les vitres des engins de secours. Des formations sont en cours pour faire face aux violences urbaines".
Il y a quelques jours, le 18 décembre, un Observatoire national des violences envers les sapeurs-pompiers a également été rajouté à ces dispositifs. Il appartient à la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises, placé sous la direction du préfet.